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Regarder dans le rétroviseur III
par Abbé Néri 2015-06-02 17:43:27
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Il ne suffit pas au théologien mitré de s’empreindre à la nature mais logiquement il est obligé de faire de même en ce qui concerne son Auteur :

« Par rapport à Dieu: il était courant de dire autrefois que frapper un roi était bien plus grave que frapper un roturier, et, de la même façon, une offense contre Dieu était énormément plus grave qu’une offense contre un être humain. » (1)


Logiquement son effort se porte à rendre ridicule l’enseignement traditionnel de l’Eglise qu’explique par une analogie le fait que la gravité de la faute est proportionné à la dignité de la personne offensé.Il est utile de rappeler l’importance de ce qui constitue la malice du péché. On peut lire avec profit ce que dit saint Thomas pour justifier une définition de saint Augustin :

« Les théologiens considèrent le péché principalement comme une offense contre Dieu; le philosophe moraliste y voit un acte contraire à la raison. S. Augustin a donc mieux fait de le définir par opposition à la loi éternelle que par opposition à la raison. D'autant plus que la loi éternelle nous servira de règle sur beaucoup de points qui dépassent la raison humaine, par exemple en tout ce qui relève de la foi. » (I-II q. 71 a. 6 ad 5)

Tous les péchés constituent une offense faite à Dieu, mais d’une manière diverse. Mgr. Robinson reconnaît que ceux qui concernent directement Dieu sont plus graves, et cependant il va s’employer à les relativiser :

« De ce point de vue, les péchés les plus graves étaient ceux qui touchaient Dieu directement. Dans la pratique, cela s’appliquait surtout aux péchés de blasphème et aux péchés sexuels. Cette attitude permet d’expliquer pourquoi, dans l’Église Catholique, la morale sexuelle a depuis longtemps reçu une importance exagérée. » (2)


Le voilà à l’œuvre, d’abord relativiser le propos en le considérant comme un « point de vue » ensuite déformant la doctrine en prétendant que cela concernait principalement les péchés de blasphème et les péchés sexuels. Et, là il profité au passage pour lancer une raison à la nécessite de changer l’enseignement de l’Eglise dans le domaine de la sexualité : puisque cet enseignement a reçu « une importance exagérée » il faut le ramener à de proportions plus justes ! Et, pris dans son élan il affirme sa conviction qui frise le blasphème :

« Lorsqu’une personne s’offusque de la moindre petite remarque, nous avons tendance à considérer cette personne comme «petite », alors qu’une personne qui peut ignorer la plupart des commentaires négatifs est une «grande » personne. » (3)


Pour lui l’Eglise nous a donné pendant des siècles une idée mesquine de Dieu.

« Ma lecture de la Bible m’amène à croire en un Dieu immensément grand qui ne s’offusque pas facilement devant des offenses directes. » (4)


Heureusement il est là ! Pour nous persuader de partager sa conviction de la magnanimité divine. Evidement nous ne l’avons pas attendu pour croire que Dieu dans sa grandeur ne peut en aucune manière être considéré comme mesquin. Cela répugne tellement à notre piété que la vision d’une telle comparaison ne peut que soulever nos cœurs d’indignation.

Pour comprendre la différence de gravité parmi les péchés voyons l’explication donnée par saint Thomas :

« La différence entre péché mortel et péché véniel est une différence consécutive à la diversité du désordre qui achève la raison de péché.

Il y a en effet deux sortes de désordres:
- l'un consiste à ôter à l'ordre son principe
- l'autre, sans toucher au principe, s'attaque à ce qui vient après lui.

De même, dans l'organisme :

- le désordre va parfois jusqu'à la destruction du principe vital, et c'est la mort
- mais parfois, ce principe étant sauf, le trouble n'est que dans les humeurs, et alors c'est la maladie.

Or le principe de tout l'ordre moral est la fin ultime qui joue dans l'action le rôle du principe indémontrable dans la spéculation.

C'est pourquoi, lorsqu'une âme est déréglée par le péché jusqu'à être détournée de sa fin ultime, c'est-à-dire de Dieu, à qui nous sommes unis par la charité, alors la faute est mortelle.

Au contraire, quand le désordre se produit en deçà de cette séparation d'avec Dieu, alors la faute est vénielle.

En effet, de même que, dans l'organisme, la mort provoque, en s'attaquant au principe même de la vie, un désordre irréparable par la nature; mais il y a toujours moyen de réparer le désordre de la maladie, parce que le principe vital est sauf; ainsi en est-il dans l'âme.

Car, dans la spéculation, celui qui se trompe sur les principes ne peut être ramené à la vérité; mais celui qui se trompe en sauvegardant les principes peut être ramené par ces principes mêmes.

Pareillement, en matière d'action, celui qui en péchant se détourne de la fin ultime, par la nature de son péché, fait une chute irréparable, et c'est pourquoi l'on dit qu'il pèche mortellement et qu'il aura à expier éternellement.

Au contraire, celui qui pèche en deçà de la séparation d'avec Dieu est dans un désordre que la nature même du péché rend réparable parce que le principe est sauf; aussi assure-t-on que celui-ci pèche véniellement, ce qui revient à dire qu'il n'est pas coupable au point de mériter une peine interminable. » (5)



(1) (2) (3) (4) Mgr. Geoffrey James Robinson – Les relations sexuelles, d’où vient notre morale ?
(2) I-II q. 72 a. 5

     

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