L'enseignement qui concerne l'ultime combat de l'Eglise tel qu'annoncé par le livre de l'apocalypse n'est pas aisé à comprendre :
"Satan est lié mille ans (Ap. 20, 5-6) c'est-à-dire, - selon saint Augustin (1) - tout le temps de l'Eglise entre le premier et le second avènement, et ce temps s'achève par un temps très court où il faudra combattre contre Satan délié, dans les derniers temps."
A plusieurs reprises même de saints crurent à l'imminence de ce dernier assaut comme témoigne par exemple à la fin du premier millénaire ce texte :
"Le monde, dit saint Pierre Damien (2), n'est plus qu'un gouffre d'encre et d'impudicité. La cupidité les asservit tous, depuis le plus petits jusqu'aux plus grands... Un mauvais esprit précipite visiblement le genre humain dans un abîme de forfaits et fait naître en tous lieux l'envie, la haine, l'hypocrisie. Déjà, nous sommes comme à la fin du monde, comme sur les bords de la mer battus par les vagues furieuses du schisme et de la dissension."
Nul ne sait ni le jour, ni l'heure... Mais il nous est clairement révélé pourquoi il sera ainsi :
"Et le Tout-Puissant le déliera à la fin (Ap. 20,7) pour que la cité de Dieu voie sur quel puissant adversaire elle l'a emporté et en même temps l'immense gloire de son rédempteur, de son soutien, de son libérateur.»(3)
En attendant la fin, nous pouvons adopter cette belle prière de Saint Macaire d'Egypte:
« Dieu qui es venu à la fin des temps pour nous sauver, à la chute du jour, tu as chassé Adam du paradis et tu l'as rouvert pour lui. Par ta mort sur la croix, aie pitié de moi, maintenant que la fin de ma vie approche, que le soir m'atteint.
Le temps est trop court pour laver toutes mes souillures.
Je ne puis demander une multitude d'années, pour expier la multitude de mes fautes.
Épargne-moi, Seigneur, devant ton redoutable tribunal, aie pitié de moi, ô Dieu, en ces jours où la miséricorde sera mesurée.
Jette sur moi un regard de paix et de douceur, à l'heure où tu jugeras avec rigueur.
Guéris-moi dès cette terre et je serai en santé.
Relève-moi dans ta miséricorde et conduis-moi à la pénitence, afin que je puisse te rencontrer là-haut, à visage découvert.
Ne me laisse pas au pouvoir de mes ennemis, Seigneur, que je ne devienne pas la proie de ceux, qui tendent des embûches à mon âme; que je ne sois pas privé de ta grâce, ni dépouillé du don de l'Esprit.
Je laverai, Seigneur, la souillure de ma robe, pour n'être pas jeté aux ténèbres extérieures, avec celui qui n'a pas été jugé digne du festin.
Conserve, dans ma lampe, l'huile des bons serviteurs, afin que je ne sois pas rejeté avec les vierges folles.
Épargne-moi, Seigneur, cette parole terrifiante adressée à ceux qui se tiennent à ta gauche : « Je ne vous connais pas ».
Par le sang de la Croix, que tu as répandu pour nous, délivre-moi, vivifie-moi, selon tes miséricordes, afin que je garde le témoignage de ta parole, que je vive pour ta gloire et que j'obtienne la joie de ton royaume durant les siècles des siècles. Amen. »
(1) La cité de Dieu - Livre XX,7
(2) Saint Pierre Damien né v. 1007 à Ravenne (Italie) et décédé le 23 février 1072 à Faenza (Italie), fut un moine-ermite camaldule du XIe siècle qui devint évêque, puis cardinal et fut déclaré docteur de l'Église par le pape Léon XII, en 1828. Il s'engage avec vigueur dans le mouvement de réforme promu par les papes, notamment Alexandre II et Grégoire VII. Il devient célèbre pour la vigueur de ses sermons contre la simonie et le nicolaïsme.
(3) La cité de Dieu - Livre XX,8