Le cannabis est une prison pour l’intelligence

Trois questions à Dominique Morin

Une étude récente (publiée par la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA) a démontré que le cannabis a des effets néfastes durables sur le cerveau des adolescents. C’est une évidence qu’il faut répéter ici sans se lasser avec Dominique Morin (dominiquemorin.over-blog.com) face aux mensonges éhontés des propagandistes de la drogue très présents avec d’énormes moyens dans tous les médias.

— Peut-on encore parler de drogue douce ?

— Les définitions de drogue « dure » ou « douce » n’ont rien de scientifique. Le cannabis est une drogue lente, la seule qui se stocke dans le cerveau, pouvant provoquer des relargages dans l’organisme jusqu’à trois mois après son usage et dont un seul joint par semaine peut entraîner une intoxication chronique. Son usage modifie la perception de la réalité, crée une dépendance psychologique et favorise la consommation d’alcool et d’autres drogues.

La puissance toxique du cannabis a fortement augmenté depuis trente ans, certains étant même génétiquement modifiés pour en décupler l’effet.

Il diminue les fonctions cognitives d’apprentissage, la mémoire et la concentration. Constat facile à observer, le fumeur réduit son vocabulaire et a des problèmes d’attention et de concentration. Instable psychologiquement, il ne supporte pas la critique ni la frustration, ne résiste pas à ses émotions et peut facilement se mettre en colère et devenir violent pour des causes futiles. Description banale de beaucoup de jeunes, ou moins jeunes, dans les cités et partout où le cannabis circule librement.

On trouve 20 % de fumeurs de cannabis parmi les responsables d’accidents de la route, l’effet du produit pouvant durer jusqu’à 24 heures, quand il n’est plus détectable dans le sang après une heure.

Les psychiatres l’ont depuis longtemps identifié comme favorisant l’apparition de crises chez les personnalités schizophrènes, paranoïaques, épileptiques. Il augmente sérieusement les risques d’anxiété, de dépression et de risques suicidaires.

— Comment expliquer alors son usage chez de plus en plus de jeunes et comment les en dissuader ?

— J’ai connu beaucoup de jeunes qui avaient la santé et l’avenir devant eux et qui ont ruiné leurs capacités et leur goût de vivre pour une expérience sans lendemain. Je n’en connais pas un qui en soit sorti indemne. Les « rebelles » d’hier se sont trop souvent soumis docilement à la pensée dominante, devenus inaptes à développer hauteur de vue et esprit critique. Ceux qui ont persévéré dans la rébellion anarchiste ou écolo sont révélateurs, par leur agressivité à l’égard de tout ordre transcendant, que rien au-dessus ou en dehors d’eux ne leur est supportable. Ces échecs humains peuvent toujours être évités, mais comment faire réfléchir celui que paraît satisfaire l’illusion de liberté qu’il trouve dans sa drogue ? Il pourra justifier toute sa vie son immaturité et son irresponsabilité en accusant la société, les riches, la droite, l’Eglise, faute d’avoir eu le courage de se remettre en cause. Militant de choix pour la gauche, la sainte liberté des enfants de Dieu risque bien peu de l’attirer.

Un adolescent qui peine à avoir confiance en lui, à trouver sa voie et à donner un sens à sa vie est particulièrement sensible à ce perturbateur, qui va lui laisser croire qu’il peut toujours reporter à demain ses responsabilités, évacuer la réalité plutôt que de l’affronter, se passer des autres plutôt que de se socialiser. Le cannabis trompe un jeune sur lui-même au moment même ou il lui faudrait apprendre à se connaître.

Pour chercher et trouver Dieu, il faut disposer de ses capacités intellectuelles et spirituelles. Le fumeur les abolit pour un plaisir égoïste et désespéré. Le cannabis est avant tout un mensonge métaphysique.

J’ai arrêté de consommer du cannabis en revenant vers l’Eglise. Sans formation religieuse, je me suis pourtant confessé d’avoir fumé du cannabis. Parce que vivre dans le mensonge, nuire à notre intégrité et nous dévaloriser en nous repliant sur nous est forcément un péché.

Plutôt que de permettre aux adolescents de devenir un jour des adultes libres et autonomes, capables de se tenir debout face à leurs responsabilités, notre société favorise une immaturité chronique, un infantilisme malsain pour flatter les jeunes.

Sexualité précoce, prises de risques, fuite du réel, refus de l’autorité, la consommation de cannabis s’inscrit précisément dans cette mentalité voulue et permise par des adultes pour manipuler et priver les jeunes de découvrir qui ils sont et pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes.

— On pourrait reprendre à l’endroit de ces jeunes la formule de Saint-Exupéry : « Ils auraient tant besoin d’un Dieu ! »

— Le vrai péché contre l’intelligence est celui de nos intellectuels à l’intelligence pervertie qui, pour certains au moins, n’ont pas l’excuse d’avoir un cerveau embrumé par la drogue, même si leur cœur et leur esprit sont envahis d’orgueil et d’illusions qu’ils prétendent imposer à tous.

Alors, ces études sont à faire connaître, mais le plus grave problème demeure à la lumière de mon expérience celui de la capacité d’un futur adulte de « mettre sa conduite humaine sous la garde de la raison » (saint Thomas d’Aquin) afin d’espérer pouvoir par une liberté authentique goûter et aimer le beau, le bien et le vrai pour toujours, sous le soleil de Dieu en effet.

Propos recueillis par Rémi Fontaine

Présent du 14 septembre 2012
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