Son scooter était pourtant reconnaissable entre deux mille quatre cents, mais mon Maître avait manifestement perdu la main. Déjà il y a quelques mois, il avait dû reconnaitre qu'il s'était laissé surprendre. L'affaire pour le coup l'avait amusé. Un bref échange de SMS m'avait laissé croire qu'il attendait quelque chose de moi, puis il y renonça. Comme quoi il sait aussi se montrer beau joueur.

Mon client du soir, en revanche, était au nombre de ceux qui l'insupportaient hautement. Une vieille histoire qui remontait à une dizaine d'années. Le temps avait passé, et mon Maitre l'avait oublié. Et puis d'un coup, c'est devenu comme une évidence, comme il me le laissa entendre au téléphone. Pour la première fois, j'ai même eu droit à quelques qualificatifs grossiers pour qualifier ce cavalier.

Mais trêve de bavardages. Passons à l'action et aux faits. J'étais au volant de ma voiture lorsque je le vis déboucher du coin de la rue. Son scooter était trafiqué. Il faisait un bruit invraisemblable. La marque d'un authentique manque de goût. Je comprenais ce que mon Maitre pouvait ressentir. Au moment d'accélérer et de le percuter, j'imaginais mon Maitre se remémorer quelques souvenirs… jesusmarie.com, les menaces électroniques par voie de mail, Pax… et maintenant fada de la Saône et Loire.

Le choc a été sec et bref. Il n'a pas eu à souffrir.

Quand j'ai appelé mon Maître pour le tenir informé, il m'a remercié. Il a terminé en me disant : "Pas de regrets, Wargrave. Même son avocat ne croyait pas en lui."

Je pouvais retourner à mes vacances, avec l'espoir qu'elles ne soient pas troublées à nouveau. J'eus alors l'idée d'éteindre mon portable. Huit jours. En cas d'urgence, Victor ferait l'affaire…

Extrait de Vacance(s) de Lawrence Wargrave

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