Ils sont arrivés ce dimanche matin, dans cette église plus que délabrée, afin de participer à la messe dominicale.
Eglise de paroisse, messe ordinaire. Il y avait moins de vingt personnes présentes y compris l’organiste (une femme) et un homme à ses côtés pour chanter. A lui seul il faisait la chorale, avec une voix forte et belle. Il avait du coffre comme on dit.

L’église était vide.
Pauvre constat de l’état des âmes des baptisés de France, qui ne connaissent pas la richesse de l’Eucharistie et qui s’en privent.

Enfin le prêtre arrive, avec un retard de presque dix minutes. « Ah Seigneur, Vous allez pouvoir venir sur l’Autel, puis en nous ».
Oui, le prêtre est bien ce vieil homme, plus de quatre-vingt-dix ans, bossu, des problèmes aux jambes qui lui donnent d’énormes peines à se déplacer, des vêtements propres mais vieillis…
« Seigneur, faites-moi vivre ce que Vous voulez me faire vivre… »

Vu la pénibilité du prêtre à se mouvoir comme il le souhaiterait, il a un siège tout spécial, lui permettant de s’asseoir, car même de rester debout lui est pénible.
Ses mains sont toutes tremblantes, mais il arrive quand même avec toutes ses forces à faire de son mieux pour dire la messe.
Ses premiers mots ont été des excuses pour son retard, car il y avait la fête du village d’où il venait, et où il venait d'y célébrer la messe.

Arrive l’homélie, elle aurait peut-être été médiocre, vu l’ensemble de tous ces éléments guère réjouissants, mais au contraire, Dieu nous mettait face à notre pauvreté humaine, parce que les mots qui sortaient de la bouche de cette âme consacrée étaient remplis d’amour, d’humilité et de charité.

L’orgueil n’avait aucune place, laissant une place béante à l’abandon que tous devraient avoir. Nous sommes tous pauvres devant Dieu, c’est évident, puisque tout vient de Lui, et que sans Lui nous ne pouvons pas faire grand-chose.

Ce prêtre, démuni de la santé physique, de forces suffisantes, peinait à tenir debout pour nous prêcher quelques mots.
Nous étions devant l’évidence d’un abandon total, d’une confiance illimitée envers Dieu, de ce vieux prêtre recouvert d’une aube blanche fatiguée, recouverte d’une étole qui n’en était pas moins éclatante.

Qu’importe, son âme respirait Dieu, et ça n’était plus le prêtre que l’on voyait là devant nous, c’était Dieu.

Arrive le moment de la consécration, aucun enfant de chœur pour l’aider, tous ses gestes lui coutaient beaucoup d’efforts.
Le pauvre prêtre très âgé ne pouvait pas se baisser, mais il s’est incliné parfaitement devant Dieu venu prendre place dans l’Hostie qu’il venait de consacrer.
Sans qu’il s’en aperçoive, l’une des manches de son aube fait tomber à terre une Hostie. Une des personnes assistant à la messe, au moment où elle vient recevoir Dieu, dirige son visage jusqu’à l’oreille du vieux prêtre et lui dit quelques mots.

Je ne pensais qu’à une chose, Jésus à terre, là…

C’est alors que le prêtre avec beaucoup de difficultés à se déplacer retourne derrière l’autel, mais en marquant un arrêt.
Il s’abaisse, tout du moins il essaye, afin de ramasser en sa main l’Hostie consacrée et tombée. Il n’y arrive pas. Il essaye à nouveau, prenant soin de ne pas laisser Jésus par terre. Nous constatons qu’il veut y porter beaucoup de soins. Mais il n’arrive plus à se baisser, son handicap physique l’en empêche.
C’est alors qu’il pose ses yeux sur le chanteur, celui-ci voit que le prêtre a besoin d’aide, effectivement, il vient lui porter main forte et ramasse Jésus Hostie.
Me voilà apaisée mais confiante, car je n’ai douté à aucun moment de la foi de ce prêtre.

Malgré une église déserte et délabrée, un prêtre très âgé, malade et fatigué, Dieu nous a fait comprendre que nous sommes tous pauvres sans Lui, qu’il n’y a pas besoin de fioriture pour vivre avec Lui, que nous ne devons pas nous croire meilleurs qu’un autre, mais qu’au contraire, Il vient en tous, nous pécheurs.

Dieu est amour et miséricorde, Il nous aime comme nous sommes, Il sait que nous faisons notre possible pour devenir meilleurs et que nous essayons de faire sa volonté avec les moyens que nous avons, et que la pauvreté du cœur est une très grande richesse.



Voici le récit d’une messe selon le rite ordinaire à laquelle nous avons assisté en famille cet été en juillet, dans le département de l’Orne, en France.

Mon époux connait ce prêtre depuis fort longtemps, et à ce jour ce prêtre s’occupe toujours de jeunes personnes, et il y tient…
Quel exemple de foi ce prêtre.

Fraternellement
Véronique

(je mets ce message en dehors de ce fil qui parle de la messe ordinaire, afin de respecter le témoignage de tous)

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