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JUILLET 2003 A MARS 2011

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Grain de moutarde et sermon sur la montagne (dimanche: bréviaire) Imprimer
Auteur : Alexandre
Sujet : Grain de moutarde et sermon sur la montagne (dimanche: bréviaire)
Date : 2011-02-12 20:18:12


Christ en gloire, par le b. Fra Angelico

Dimanche 13 Février 2011

I. BRÉVIAIRE ROMAIN (1568-1960)

SIXIÈME DIMANCHE APRÈS L’ÉPIPHANIE

Premier Nocturne

Commencement de l’Épître de saint Paul apôtre aux Hébreux (ch. 1; trad. Fillion)
1. (vv. 1-4) Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé autrefois à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel aussi il a fait les mondes; et qui, étant la splendeur de sa gloire et l’empreinte de sa substance et soutenant toutes choses par la parole de sa puissance, après avoir opéré la purification des péchés, s’est assis à la droite de la majesté, au plus haut des cieux; devenu d’autant supérieur aux anges, qu’il a hérité d’un nom plus excellent que le leur.

2. (vv. 5-9) Car auquel des anges a-t-il jamais dit: «Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui» (Ps 2, 7)? Et encore: «Je serai son Père et il sera mon Fils» (2 S 7, 14)? Et de nouveau, lorsqu’il introduit son premier-né dans le monde, il dit: «Que tous les anges de Dieu l’adorent» (Ps 96, 7). A la vérité, quant aux anges, il dit: «Celui qui fait de ses anges des vents, et de ses ministres une flamme de feu» (Ps 103, 4); mais, quant au Fils: «Ton trône, Dieu, est dans les siècles des siècles; le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité. Tu as aimé la justice, et tu as haï l’injustice; c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile d’allégresse, de préférence à tes compagnons» (Ps 44, 7-8).

3. (vv. 10-14) Et encore: «C’est vous, Seigneur, qui, au commencement, avez fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de vos mains. Ils périront, mais vous demeurerez; et tous ils vieilliront comme un vêtement, et vous les changerez comme un manteau, et ils seront changés; mais vous, vous êtes le même, et vos années ne finiront pas» (Ps 101, 26-28). Auquel des anges a-t-il jamais dit: «Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds» (Ps 109, 1)? Ne sont-ils pas tous des esprits qui servent, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent recevoir l’héritage du salut?

Deuxième Nocturne

Sermon de saint Athanase, évêque (Discours 1 contre les Ariens, 55; texte grec: PG 26, 125-128)
4. Si les hérétiques connaissaient la personne, la chose et le temps dont parle l’Apôtre, jamais ils n’attribueraient à la divinité ce qui est propre à la nature humaine et ils n’en seraient pas venus, les insensés, à une telle impiété. Il est possible de s’en rendre compte si l’on examine attentivement le début de cette lecture, car l’Apôtre dit: «Dieu, qui jadis, tant de fois et de tant de manières, avait parlé à nos pères par les prophètes, en ces temps qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils» (He 1, 1). Et peu après l’écrivain sacré ajoute: «Ce Fils, après avoir accompli la purification des péchés, s’est assis à la droite de la Majesté, au plus haut des cieux, devenu d’autant supérieur aux anges qu’il a mérité un nom plus excellent que le leur» (v. 3). Le texte apostolique rappelle donc ce temps où Dieu nous a parlé par son Fils, alors que s’opérait la purification des péchés. Or, quand Dieu nous a-t-il parlé en son Fils? Quand s’opéra la purification des péchés? Quand est-il né en tant qu’homme, si ce n’est après les prophètes, en ces derniers temps?

5. De plus, dans le récit de l’économie qui nous concerne, l’auteur, à propos des derniers temps, rappela, par voie de conséquence, que Dieu n’était pas demeuré silencieux à l’égard des hommes durant les siècles antérieurs, car il leur avait parlé par les prophètes. Après que les prophètes eurent rempli leur mission, que la loi eut été promulguée par des anges, que le Fils fut venu sur terre pour servir, alors, on doit ajouter: «Il est devenu d’autant supérieur aux anges» (He 1, 4). Par là il veut montrer que le Fils diffère autant de l’esclave que le service du Fils a été supérieur à celui des esclaves.

6. Dans la distinction du ministère ancien et du nouveau, l’Apôtre, écrivant et s’adressant à des Juifs, use d’une grande liberté de langage. Pour affirmer cette distinction, il ne dit pas, selon un critère de comparaison avec l’ensemble: «Il est devenu plus grand ou plus honoré», pour qu’on n’aille pas croire qu’il y a comme des traits d’une même race entre le Fils et les anges, mais il le dit «supérieur» afin de marquer la distance qui sépare la nature du Fils de celle des créatures.

Troisième Nocturne

Suite du saint Évangile selon saint Matthieu (13, 31-35; trad. du Lectionnaire de 1964-65)
7. En ce temps-là, Jésus dit aux foules cette parabole: «Le Royaume des Cieux est comparable au grain de sénevé qu’un homme prend et sème dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences; mais quand elle a poussé, c’est la plus grande de toutes les plantes potagères, et elle devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent loger dans ses branches.»
Il leur dit une autre parabole: «Le Royaume des Cieux est comparable au levain que prend une femme et qu’elle introduit dans trois mesures de farine jusqu’à ce que le tout ait levé.»
Jésus dit tout cela aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans paraboles, afin que s’accomplît ce qui fut dit par le prophète: J’ouvrirai la bouche en paraboles, je proclamerai ce qui était caché depuis l’origine du monde (Ps 77, 2).


Grains de moutarde

Homélie de saint Jérôme, prêtre (Commentaire sur S. Matthieu, 2, 13, 32; texte latin & autre trad. française: SC 242, 276-279)
Le Royaume des Cieux, c’est la prédication de l’Évangile et la connaissance des Écritures qui conduit à la vie et dont le Seigneur dit aux Juifs: «Le Royaume de Dieu vous sera enlevé et il sera donné à une nation qui en produira les fruits.» Ce Royaume est donc comparable au grain de sénevé qu’un homme prend et sème dans son champ.» Cet homme qui ensemence son champ, beaucoup ont compris que c’était le Sauveur parce qu’il ensemence l’âme des croyants; selon d’autres, c’est l’homme lui-même qui ensemence son champ, c’est-à-dire soi-même, et son cœur.

8. Qui donc ensemence, sinon notre intelligence et notre âme? Elle accueille le grain de la prédication, prend soin de la semence, la fait germer par l’humidité de la foi, dans le champ de son cœur. La prédication de l’Évangile est le plus humble de tous les enseignements. C’est vrai, pour son premier exposé, la prédication de l’Homme-Dieu, du Christ mort, du scandale de la croix, elle n’a pas la vraisemblance de la vérité. Compare donc un tel enseignement aux principes des philosophes, à leurs livres, à la splendeur de leur éloquence et à l’ordonnance de leurs discours, et tu verras: la semence de l’Évangile est de loin la plus petite de toutes les semences.

9. Mais lorsque celles-là ont grandi, elles ne présentent rien de pénétrant, rien de vigoureux, rien de vivace, mais tout est frêle, et flétri, et languissant et produit en abondance des herbes et des plantes qui bien vite, dessèchent et tombent. Quant à la prédication qui paraissait petite en son début, à peine semée, soit dans l’âme du croyant, soit dans le monde entier, elle ne se développe pas comme une herbe, mais grandit comme un arbre, si bien que les oiseaux du ciel, – en qui nous devons voir ou les âmes des croyants, ou les forces consacrées au service de Dieu – viennent habiter dans ses branches. Les branches de l’arbre évangélique qui s’est développé à partir du grain de sénevé sont, je pense, les différents dogmes dans lesquels se repose chacun des oiseaux mentionnés plus haut.

II. BRÉVIAIRE ROMAIN (1961-1969)

SIXIÈME DIMANCHE APRÈS L’ÉPIPHANIE

Au Nocturne

Commencement de l’Épître de saint Paul apôtre aux Hébreux (ch. 1; trad. Fillion)
1. (vv. 1-4) Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé autrefois à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel aussi il a fait les mondes; et qui, étant la splendeur de sa gloire et l’empreinte de sa substance et soutenant toutes choses par la parole de sa puissance, après avoir opéré la purification des péchés, s’est assis à la droite de la majesté, au plus haut des cieux; devenu d’autant supérieur aux anges, qu’il a hérité d’un nom plus excellent que le leur.

2. (vv. 5-14) Car auquel des anges a-t-il jamais dit: «Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui» (Ps 2, 7)? Et encore: «Je serai son Père et il sera mon Fils» (2 S 7, 14)? Et de nouveau, lorsqu’il introduit son premier-né dans le monde, il dit: «Que tous les anges de Dieu l’adorent» (Ps 96, 7). A la vérité, quant aux anges, il dit: «Celui qui fait de ses anges des vents, et de ses ministres une flamme de feu» (Ps 103, 4); mais, quant au Fils: «Ton trône, Dieu, est dans les siècles des siècles; le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité. Tu as aimé la justice, et tu as haï l’injustice; c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile d’allégresse, de préférence à tes compagnons» (Ps 44, 7-8). Et encore: «C’est vous, Seigneur, qui, au commencement, avez fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de vos mains. Ils périront, mais vous demeurerez; et tous ils vieilliront comme un vêtement, et vous les changerez comme un manteau, et ils seront changés; mais vous, vous êtes le même, et vos années ne finiront pas» (Ps 101, 26-28). Auquel des anges a-t-il jamais dit: «Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds» (Ps 109, 1)? Ne sont-ils pas tous des esprits qui servent, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent recevoir l’héritage du salut?

Suite du saint Évangile selon saint Matthieu (13, 31-35; trad. du Lectionnaire de 1964-65)
3. En ce temps-là, Jésus dit aux foules cette parabole: «Le Royaume des Cieux est comparable au grain de sénevé qu’un homme prend et sème dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences; mais quand elle a poussé, c’est la plus grande de toutes les plantes potagères, et elle devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent loger dans ses branches.»
Il leur dit une autre parabole: «Le Royaume des Cieux est comparable au levain que prend une femme et qu’elle introduit dans trois mesures de farine jusqu’à ce que le tout ait levé.»
Jésus dit tout cela aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans paraboles, afin que s’accomplît ce qui fut dit par le prophète: J’ouvrirai la bouche en paraboles, je proclamerai ce qui était caché depuis l’origine du monde (Ps 77, 2).

Homélie de saint Jérôme, prêtre (Commentaire sur S. Matthieu, 2, 13, 32; texte latin & autre trad. française: SC 242, 276-277)
Le Royaume des Cieux, c’est la prédication de l’Évangile et la connaissance des Écritures qui conduit à la vie et dont le Seigneur dit aux Juifs: «Le Royaume de Dieu vous sera enlevé et il sera donné à une nation qui en produira les fruits.» Ce Royaume est donc comparable au grain de sénevé qu’un homme prend et sème dans son champ.» Cet homme qui ensemence son champ, beaucoup ont compris que c’était le Sauveur parce qu’il ensemence l’âme des croyants; selon d’autres, c’est l’homme lui-même qui ensemence son champ, c’est-à-dire soi-même, et son cœur.


III. COMMENTAIRE PATRISTIQUE DE L’ÉVANGILE DU MISSEL DE 1970-2002



Christ en gloire (cath. de Parme, Italie)


SIXIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(Cycle des lectures A)

La Liturgia Horarum, c’est-à-dire le nouveau bréviaire romain, ne donne pas de commentaire de l’évangile de chaque dimanche, contrairement à la tradition. Or, le passage de ce jour (Mt 5, 17-37) figure en partie, dans les éditions du Missel romain antérieures à la réforme de 1970, au Cinquième dimanche après la Pentecôte (versets 20 à 24). On a donc donné ci-après le commentaire que le Bréviaire Romain en vigueur jusqu’en 1960 donne de ce passage.


Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (ch. 5; traduction liturgique officielle)

. version longue: versets 17 à 37
Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait:
«Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis: Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera sera déclaré grand dans le Royaume des cieux.
Je vous le dis en effet: Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens: Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il en répondra au tribunal. Eh bien moi, je vous dis: Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal.
Si quelqu’un insulte son frère, il en répondra au grand conseil. Si quelqu’un maudit son frère, il sera passible de la géhenne de feu. Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Accorde-toi vite avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis: tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou.
Vous avez appris qu’il a été dit: Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien moi, je vous dis: Tout homme qui regarde une femme et la désire a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi: car c’est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi: car c’est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne s’en aille pas dans la géhenne.
Il a été dit encore: Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation. Eh bien moi, je vous dis: Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère.
Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens: Tu ne feras pas de faux serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien moi, je vous dis de ne faire aucun serment,
ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu, ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Cité du grand Roi. Et tu ne jureras pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
Quand vous dites ‘oui’, que ce soit un ‘oui’, quand vous dites ‘non’, que ce soit un ‘non’. Tout ce qui est en plus vient du Mauvais.»

. version brève: versets 20-22a.27-28.33-34a.37
Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait: «Je vous le déclare: Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens: Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il en répondra au tribunal. Eh bien moi, je vous dis: Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal.
Vous avez appris qu’il a été dit: Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien moi, je vous dis: Tout homme qui regarde une femme et la désire a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens: Tu ne feras pas de faux serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien moi, je vous dis de ne faire aucun serment.
Quand vous dites ‘oui’, que ce soit un ‘oui’, quand vous dites ‘non’, que ce soit un ‘non’. Tout ce qui est en plus vient du Mauvais.»


Homélie de saint Augustin, évêque (Sur le sermon sur la montagne 1, 9, 21 et 24; texte latin: PL 34, 1240-1241)

La justice des pharisiens c’est de ne pas tuer. La justice de ceux qui doivent entrer dans le Royaume des Cieux, c’est de ne point se mettre en colère sans motif. Ne pas tuer, c’est vraiment là un minimum! Celui qui aura détruit un tel commandement sera appelé le moindre dans le Royaume des Cieux. Quant à celui qui l’accomplira, en ne se rendant point coupable d’homicide, il n’en sera pas pour autant réputé grand, ni digne aussitôt du Royaume des Cieux. Il a gravi un degré cependant. Mais il atteindra la perfection s’il ne se livre pas à la colère sans motif, et lorsqu’il atteint cette perfection, le voilà du même coup bien loin de l’homicide. Celui donc qui nous enseigne à ne point nous mettre en colère loin de détruire la loi qui nous défend de tuer l’accomplit davantage. Si nous fuyons, selon son commandement, l’acte extérieur de l’homicide, et préservons notre cœur de toute colère, nous garderons l’innocence.

Il y a donc gradation dans ces péchés. Un premier degré est de ressentir quelque colère tout en retenant ce premier mouvement conçu dans le cœur. Si d’aventure cette émotion nous arrache une exclamation indignée sans signification cette vivacité atteste l’émotion intérieure, et elle blesse sans doute celui qui en est l’objet. Ceci est certes plus grave que la colère naissante que réprime le silence. Et si ce n’est plus un simple cri d’indignation, mais une parole mûrie, personnellement outrageante pour celui qu’elle désigne et flétrit alors - qui pourrait en douter? – ceci est bien plus grave que d’émettre un simple cri d’impatience.

Et maintenant, considère aussi les trois degrés d’inculpation: le tribunal, le conseil et la géhenne du feu. Au tribunal, il y a place encore pour la défense. Au conseil un jugement est d’habitude prononcé. Cependant la distinction faite ici nous contraint d’établir une différence. Il nous semble pouvoir dire ceci: prononcer la sentence est le propre de conseil. Plus aucun débat avec le coupable au sujet d’une éventuelle condamnation. Désormais la cour délibère. Déjà le constat est établi: le coupable est passible d’une peine. Quel châtiment conviendra-t-il d’infliger? Pour la géhenne du feu, plus aucun doute sur la condamnation, comme au jugement du tribunal; plus aucun doute sur la sanction, comme au conseil. Dans la géhenne de feu, la damnation est une certitude; une certitude, le châtiment du damné.

Oraison
(absente du MR 1962)
Deus, qui te in rectis et sincéris
manére pectóribus ásseris,
da nobis tua grátia tales exsístere,
in quibus habitáre dignéris.

Traduction personnelle
O Dieu, qui affirmez que vous habitez
dans les cœurs droits et sincères,
donnez-nous, par votre grâce,
d’être tels que vous daigniez
faire en nous votre demeure.


La discussion

 Grain de moutarde et sermon sur la montagne (diman [...], de Alexandre [2011-02-12 20:18:12]