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Pour l'honneur de Pie IX Imprimer
Auteur : Abbé Néri
Sujet : Pour l'honneur de Pie IX
Date : 2011-01-11 17:24:19

Pour l’honneur de Pie IX

Considérer DH comme un anti-Syllabus est l’expression superficielle d’une erreur théologique majeure qui ne contribue en rien à résoudre le problème posé par la liberté religieuse.

Il s’agit d’une opposition globale qui rejette indistinctement ce qui relève de l’ordre contingente et de l’ordre des principes.

Voici quelques précisions que Mgr. Gherardini donne pour mieux comprendre le sens des condamnations de Pie IX :

« Ce qui intéresse l’Eglise, selon le divin mandat auquel elle obéit, et de par sa définition, c’est le salut des âmes et toutes les valeurs qui peuvent le favoriser.

Dans le nouveau de la modernité, ces valeurs parurent soit absentes, soit compromises. D’où l’intention ecclésiale de sauver ce qui peut être sauvé. Tout en conservant la doctrine séculaire sur la liberté du choix religieux et même, du moins en ligne de principe, la tolérance envers des religions et des cultes différents, l’Eglise a perçu à un certain moment le danger pressant du minimalisme confessionnel, en même temps que celui de l’indifférentisme religieux.

Et contre la montée dévastatrice de ce danger, elle a élevé ses digues.

Etait-ce une faute ? Pour un grand nombre, oui, et une faute grave. Pour ceux qui entrent dans la logique que ces digues avaient suggérée, il ne s’agit pas de faute, mais de cohérence et de fidélité.

Si l’on pense au mécénat de l’Eglise même en faveur des arts et des sciences ; si l’on pense que celui qui sur ce plan laissa des traces indélébiles fut justement l’auteur du Syllabus ; si l’on pense que, à l’aube de son pontificat, ce Pie IX avait pris tellement à cœur la cause des Juifs romains que ceux-ci l’acclamaient comme leur père et lui offrirent de le défendre (A. Canestri, L’anima de Pio IX, II, Marino-Roma, 1966, pp. 46-48), toute accusation d’intolérance et d’obscurantisme s’évapore comme un flocon de neige au premier soleil.

Il faut donc projeter sur ce fond les interventions à la faveur desquelles Dignitatis Humanae apparut comme une correction providentielle aux yeux de critiques hâtifs, imprudents et trop intéressés. Je pars de l’encyclique Mirari vos du pape Grégoire XVI, en date du 15 août 1832.

Félicité de Lammennais, en 1830, avait soutenu publiquement des idées libérales inconciliables avec la tradition catholique. Mirari vos les rassembla (peut-être de façon un peu simpliste) sous le concept d’indifférentisme, et définit ce dernier comme la « cause très fertile de tous les maux » qui affligent l’Eglise ainsi que la « source empoisonnée d’où découle cette maxime fausse et absurde, ou plutôt ce délire : qu’on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience » (DS 2730). Le texte continue sur le même diapason : « Erreur de plus contagieuses, à laquelle aplanit la voie cette liberté absolue et sans frein des opinions qui, pour la ruine de l’Eglise et de l’Etat, va se répandant de toutes parts » (DS 2731)

Pour le théologiquement correct, voilà des coups bien bas, Un scandale !

Soyons clairs : ces coups cessent d’être bas et scandaleux seulement s’ils sont portés contre un Grégoire XVI ou un Pie IX.

Moi-même, pendant les travaux d’une commission officielle, je les ai entendus, répétés plusieurs fois pendant plus d’une demi-heure par un champion de l’actuel libéralisme historique et théologique, sur les lèvres duquel les épithètes « pestiféré » et « pestilentiel » fleurissaient contre l’auteur du Syllabus comme l’expression d’une correction critique et scientifique irréprochable.

Si l’on savait au moins lire la lettre, vu qu’on ne sait pas l’interpréter ! Et lire à contre jour, c’est-à-dire sur le modèle des idées libérales de F. Lamennais et de son courant.

La liberté de conscience, qui ici est prise pour cible, est non pas le sanctuaire inviolable de l’homme en tant que tel, mais la conviction absurde, erronée et délirante « que toute profession de foi est capable de procurer la vie éternelle de l’âme » (DS 2730)

Une conviction de ce genre non seulement ramène la foi catholique au niveau de n’importe quelle autre croyance, y compris la croyance animiste, fétichiste, spiritiste et ainsi de suite, mais prive la conscience d’un horizon objectif et universel, dont découle la moralité de ses choix.

Si seulement les critiques modernes, toujours si théologiquement corrects, savaient au moins traduire le latin facile du grand évêque d’Hippone (Ep 105, 2, 10 :PL 33, 400), cité par Grégoire XVI pour clore son réquisitoire : « Quae peior mors animae, quam libertas erroris , », « Y a-t-il peut-être pour l’âme une mort pire que sa liberté d’embrasser l’erreur ? »

La gamme des erreurs fustigées par le bienheureux Pie IX et synthétisées auparavant par Grégoire XVI dans l’indifférentisme est plus large : panthéisme, naturalisme, rationalisme, idéalisme, matérialisme, socialisme, maçonnerie et anticléricalisme, qui contestaient les droits innés de l’Eglise, son autonomie par rapport à l’Etat, et ses libertés, vomissant une haine implacable contre elle, et surtout contre le Souverain Pontife.

La somme de ces erreurs était la »libertas erroris » à laquelle saint Augustin avait refusé le droit de cité, imité en cela par le grand Mastai Ferreti.

Comme ils l’on mal compris ceux qui, même dans le désir très louable de le disculper de l’accusation d’être contraire au progrès, le classent dans des contextes sociaux complètement différents des contextes actuels et trouvent injuste qu’on parle des décisions d’alors avec les paramètres critiques d’aujourd’hui.

Le noyau du problème n’absolument pas là : à ce problème le bienheureux Pie IX, prévoyant et prophète (L. Negri, Pio IX, Attualità e profezia, ed. Ares, Milano, 2004), a donné une solution radicale, et aujourd’hui presque incompréhensible pour tous les théologiquement corrects.

Par sa condamnation, il aurait voulu éviter à l’Eglise les maux dont aujourd’hui, malheureusement, elle souffre :

- Que toutes les religions se valent

- Que l’Eglise n’est pas indépendante de l’Etat

- Que chacun est libre de penser dans tous les domaines comme bon lui semble

- Que les droit des Dieu sont les même que ceux de l’homme et qu’on s’acquitte des premiers en s’acquittant des seconds

- Que le prêtre est l’homme de la rue et non de l’autel"

(Brunero Gherardini – Le Concile Œcuménique Vatican II Un débat à ouvrir – Casa Mariana Editrice 2009 – pp.176-179)




La discussion

 Pour l'honneur de Pie IX, de Abbé Néri [2011-01-11 17:24:19]
      Merci Monsieur l'abbé !, de Jean-Paul PARFU [2011-01-11 20:42:21]
      La référence à saint Augustin, de Vianney [2011-01-11 21:36:01]