Julien Guiomar
Un second rôle de premier plan


« Gueule » du cinéma français, l’acteur et comédien Julien Guiomar, qui a joué dans une soixantaine de films ainsi qu’au théâtre, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi, à l’âge de 82 ans. Souffrant de problèmes cardiaques, il s’est éteint à Monpazier, un petit village de Dordogne, entre Sarlat et Bergerac, où il s’était retiré depuis quelques années.

Fils de dentiste, né à Morlaix le 3 mai 1928, Julien Guiomar ne se voyait pas devenir un « arracheur de dents » comme son père. Monté à Paris, il suit des cours de comédie au célèbre cours Simon et à l’école de la rue Blanche où il a pour professeur Pierre Renoir.

Les débuts sont difficiles mais il a la chance de participer à l’aventure du TNP avec Jean Vilar, notamment au Festival d’Avignon en 1959 dans Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare et dans Mère Courage de Bertold Brecht. D’autres pièces suivront et il donnera notamment la réplique à une autre « gueule » de la scène française, Jean Le Poulain.

En 1969, Julien Guiomar se fera connaître du grand public en incarnant un colonel grec dans le film Z de Costa-Gavras. La même année, il incarne le curé espagnol dans La Voie Lactée de Luis Bunuel et joue aussi aux côtés de Bernadette Lafont dans La Fiancée du Pirate de Nelly Kaplan. Second rôle de premier plan, il donnera la réplique à des Lino Ventura, Belmondo, Philippe Noiret, Louis de Funès, Coluche…, et marquera le cinéma dit populaire en promenant sa « gueule », sa voix de stentor et son « regard de fauve » dans de nombreux films (à noter qu’il fit ses débuts à la télévision dans le feuilleton signé Claude Barma, Le Chevalier de Maison Rouge, aux côtés notamment de Michel Le Royer).

Dans sa filmographie figurent des films comme Borsalino, Adieu Poulet, L’Incorrigible, Papy fait de la résistance, Les Ripoux, Un chien dans un jeu de quilles ou encore L’Aile ou la cuisse, comédie sur la malbouffe de Claude Zidi dans laquelle il incarne l’odieux mais inoubliable Tricatel, PDG d’une entreprise préparant et diffusant de la nourriture infecte pour grande consommation, face à Duchemin-De Funès, directeur d’un guide gastronomique. Ses dernières apparitions sur les écrans remontent aux années 2003-2004.

Dans la nuit de dimanche à lundi, l’affreux « Tricatel », qui avait commencé sa carrière cinématographique avec Le Roi de Cœur (1966) de Philippe de Broca, a rejoint son adversaire fin gourmet « Duchemin » pour un grand banquet dans les étoiles.

PIERRE MALPOUGE


Article extrait du n° 7228 de Présent
du Jeudi 25 novembre 2010