Je veux rester prudent car je ne suis nullement l'interprète de l'abbé Calderon et ne voudrais pas trahir sa pensée, qu'elle fut juste ou fausse (ce que je ne suis pas à même de déterminer).

Ce que je crois comprendre de l'ensemble de son texte, c'est que la hiérarchie conciliaire prône d'une manière générale un magistère "libéral et fondé sur le dialogue" (et l'abbé en fournit de nombreux exemples), qui repose également sur une notion moderniste du "sensus fidei" qui consiste à "inverser la relation entre hiérarchie et fidèles". Qu'enfin, même quand la hiérarchie prône:

Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit,

elle ne remplit pas pour autant les conditions du magistère dans le fond, même si la forme semble y être, pour les raisons dites plus haut. Il semble vouloir dire qu'il y a distorsion entre la pensée (exprimée néanmoins par ailleurs) et le texte lui même. C'est en tout cas ce que je crois comprendre.

Je vous laisse découvrir sa pensée:
- l'infaillibilité du "sensus fidei" selon le concile Vatican II, dans les actes du 2° symposium de théologie de Paris (ed Avrillé, la conscienc" dans la religion de Vatican II)
- sa réponse aux critiques de l'abbé Lucien (dans Les degrés d'autorité du magistère) sur le sel de la terre n°63.

Je prends le temps de vous en copier les dernières lignes (et espère que vous m'en serez reconnaissant!):

Comme il a été dit, notre "belle explication" de la crise du magistère conciliaire consiste en une nauséabonde analyse des conséquences, dans l'exercice de l'autorité, de l'attitude libérale notoirement adoptée par les papes de Vatican II. Cependant, pour l'abbé Lucien, l'exercice actuel du magistère n'a changé en rien et notre thèse "demeure affirmation gratuite et contraire aux faits". Hélas, se lamente l'abbé (page 219, note 64), bien que, au départ, nous admettions la vraie doctrine catholique concernant le magistère (éloge que, sans ironie, nous apprécions sincèrement, surtout venant de sa part), cependant notre "dialectique autour du thème, devenu pure idéologie, du magistère conciliaire, libéral et dialogué, nous détourne de regarder les faits à la lumière de cette doctrine catholique" et nous "conduit à forger une représentation purement fantasmagorique de la situation".

Nous ne désirons pas manquer au respect dû à notre digne contradicteur, mais posons nous la question: Qui est en train de se forger des fantasmes au sujet de la chaire de Pierre, celui qui y voit des libéraux ou celui qui y voit saint Pie X? L'abbé Lucien nous accuse de développer des considérations personnelles sur les évènements du concile et de les interprèter à notre manière. Mais la "transfiguration libérale" de la hiérarchie catholique, arrivée g^^ace au cheval de Troie du concile n'est pas une interprétation que nous ferions après coup: elle a été proclamée sur le moment par les "Grecs" et pleurée par les "Troyens". La littérature sur le sujet est abondante, surtout dans le camp progressiste. Le rejet des schémas préparés par les commissions préconciliaires, la mise au silence de la curie, la prédominance des éléments plus libéraux, l'échec du Coetus internationalis patrum et, surtout, le rôle important et décisif joué pâr les experts de la nouvelle théologie parmi lesquels Joseph Ratinger était peut-être le seul qui ne bénéficiait pas de la "décoration" que représentait une condamnation par Pie XII: si tous ces évènements ne parlaient pas suffisamment clair, les années postérieures au Concile ne permettent pas de douter de leur signification.

En toute sincérité -ce qui pourrait paraître douteux du fait que nous le manifestions en public- et non sans estimer notre adversaire, car nous nous sentons en présence d'un esprit droit et affligé par ce qui se passe dans l'Eglise, nous lui disons:

Nous mêmes, nous ne manquons pas d'être effarayé de nos propres conclusions, à nous entendre affirmer que l'autorité dans l'Eglise, depuis le Concile, s'exerce d'une manière si corrompue. Mais le libéralisme de la hiérarchie conciliaire n'est pas une invention de notre part, c'est la désolante réalité. D'autre part, depuis l'encyclique Pascendi, on connaît bien les néfastes influences des doctrines libérales dans la conception et l'exercice de l'autorité. Il suffit alors d'avoir le courage de tirer la conclusion évidente de ces deux prémisses.

Si vous même, monsieur l'abbé, vous le faisiez, vous pourriez comprendre qu'entre le vertige du sédévacantisme et la perplexité de l'"obéissance", il y a place pour la lucide résistance catholique que nous a enseignée mgr Lefebvre."

Les carctères en gras sont de moi. Les fautes d'orthographe sans doute aussi.

Cordialement
Romanus