Sur le texte de l'abbé Calderon.
A première vue, il y a bien contradiction entre le propos que vous citez et le texte promulgué par Paul, évêque de l'Eglise catholique, notamment dans la phrase finale.
Mais à bien relire l'ensemble du texte de l'abbé, il ressort qu'il ne dit pas que le magistère ne promulgue rien, il dit qu'il le promulgue mal et avec une intention qui est seulement celle de proposer un dialogue, ce qui est en contradiction avec la vraie notion du magistère. Laissons le parler:

La doctrine moderniste subordonne le magistère au sensus fidei, en mettant l'autorité au service de l'unité d'expression du "sens commun" de toute la communauté ecclésiastique. En faisant sienne cette doctrine, le magistère conciliaire propose son jugement non pour qu'il s'impose, mais pour qu'il se confronte avec ceux des autres, comme le fait n'importe quel théologien, et il se cantonne volontairement ainsi dans l'ordre théologique de la foi et de la raison, renonçant du même coup à exercer son charisme supérieur. Sa fonction s'assimile dès lors à la direction d'une université catholique, qui possède la "primauté de l'autorité" mais non pas forcément la "primauté de la science", apanage des meilleurs professeurs; la direction peut définir la position officielle de l'université en matière scientifique, mais seulement après avoir consulté les professeurs de science concernés. Certes dans une faculté de théologie, le dialogue est légitime et fructueux même avec des non-catholiques (...) car en théologie, on juge non seulement à la lumière de la foi, mais aussi à celle de la raison. Il est cependant grave voire gravissime que la hiérachie ignore que ce qui l'illumine n'est ni la foi ni la raison, mais la science divine même, et qu'elle implique la chaire de Jésus-Christ dans un dialogue avec n'importe quel sophiste.
En conclusion, comme la hiérarchie conciliaire ne croit pas que la lumière qui l'assiste est d'un ordre supérieur au "sensus fidei", et qu'elle pense donc devoir exercer le magistère par le dialogue et ainsi l'exerce de fait, bien qu'elle ne renonce pas à l'exercice d'une certaine supériorité, l'autorité de son magistère ne surpasse pas celle des théologiens privés; autrement dit, elle n'est assistée à aucun degré par la véritable autorité magistérielle que le Christ a conféré à son Eglise.

Il ne semble donc pas dire qu'elle renonce à la prétention d'exercer son autorité tenue du Christ, mais il dit que telle qu'elle conçoit cette autorité, elle n'entre plus dans les critères du magistère tenu du Christ, mais se ravale au simple rang des avis théologiques.

Je ne pense pas trahir sa pensée et espère avoir été clair dans mes propos. En outre, je redis que je n'ai pas grande compétence pour apprécier dans un sens ou dans l'autre ces débats théologiques et qu'un forum semble un lieu peu propice à ces débats, en raison du manque de recul que son utilisation impose. Merci en tout cas d'avoir mis en lumière cette "contradiction". C'est un plaisir de débattre avec vous quand ne s'y mêle pas la passion.

Sur le texte de Nostra aetate:
La seule chose qu'ordonne finalement Paul, évêque de l'Eglise catholique, c'est que le texte soit promulgué.

Et sur l'autorité de ce document conciliaire, vous pouvez lire avec profit ce qu'en pense mgr Carli, évêque de Segni puis archevêque de Gaëte, dans le numéro 54 du sel de la terre, p.44.

Cordialement