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Unité de l'Eglise et Unité chrétienne Imprimer
Auteur : Abbé Néri
Sujet : Unité de l'Eglise et Unité chrétienne
Date : 2009-03-26 18:39:38

Unité de l’Eglise et Unité chrétienne

Dans un ouvrage* écrit par le Père C. J. Dumont O.P. directeur du Centre « Istina » et publié par les éditions du cerf en 1954, ont peut relever une distinction importante en ce qui concerne la finalité de l’œcuménisme du point de vue catholique à ce moment. Il nous donne aussi un aperçu de ce qu’était le satus questionis à la veille du Concile Vatican II :

« Il nous faut revenir sur l’Unité de l’Eglise en tant qu’elle peut être l’objet de notre prière de demande.

Après avoir soigneusement distingué de la perfection essentielle de cette propriété d’Unité (perfection dont l’existence ne saurait être mise en cause en vertu même de la promesse divine d’indéfectibilité) une perfection accidentelle, susceptible de plus et de moins, nous avons esquissé plus haut quelques accroissements qualitatifs que celle-ci est susceptible de recevoir.

Il est un autre aspect du problème et nous voudrions l’envisager ici.

Si l’Eglise ne peut pas perdre la perfection essentielle de sa propriété d’Unité, quelle est la nature du dommage que portent à cette Unité les divisions de tous ordres (schisme pur ou schisme à base d’hérésie) qui jalonnent l’histoire de l’Eglise ?

L’enseignement de l’Eglise catholique romaine est formel sur ce point.
Toute communauté chrétienne qui rompt la communion avec elle perd tout titre à se dire l’Eglise du Christ, titre qu’elle revendique pour elle seule.

Le dommage que cause le schisme de l’Eglise, dans le domaine de l’Unité ne saurait donc affecter qu’un aspect de la perfection accidentelle de cette Unité.

Le dessein de Dieu était – et demeure – bien évidemment que celle-ci englobe la totalité des disciples du Christ, l’ensemble de tous ceux que le baptême a marqués de son sceau.

Or le schisme et l’hérésie ont, entre autres, pour résultat de priver l’Eglise de la co-extensivité de son Unité à l’ensemble des baptisés.
Il n’y a plus désormais identité entre l’Eglise et la totalité des chrétiens.

L’unité de l’Eglise est sauvegardée en sa perfection essentielle dans l’Eglise catholique romaine, mais celle-ci a perdu quelque chose de la perfection accidentelle de cette Unité, à savoir cette co-extensivité dont nous parlons.

Ceux qui ne vivent pas en communion avec elle sont privés du bénéfice de cette indéfectible Unité établie par Dieu.

Au regard de l’Eglise catholique romaine prier pour l’Unité de l’Eglise, outre le sens que nous avons précédemment déterminé, ne peut vouloir dire que ceci : prier pour que par leur réintégration dans l’Unanimité de la foi, dans la cohésion de l’unique organisme hiérarchique et dans la participation commune aux sacrements, tous les chrétiens jouissent à nouveau du bénéfice de cette Unité.

Mais ici encore il faut ajouter : tout n’est pas dit par là. Si les confessions qui ne sont plus en communion avec l’Eglise romaine ne sont plus fondées à se dire : l’Eglise, s’ensuit-il qu’elles n’aient plus aucun rapport, aucun lien avec cette Eglise et, éventuellement, quelle est la nature de ce rapport ?

Il faut reconnaître qu’autant est clairement défini par l’Eglise elle-même le principe que nous avons rappelé plus haut autant reste insuffisamment déterminée la réponse des théologiens à la question que nous venons de poser.

Celle-ci est cependant de première importance.

Ici en effet est le nœud du problème que pose devant la conscience catholique le mouvement œcuménique, qui prend plus volontiers chez nous le nom de mouvement en faveur de l’Unité chrétienne.

Ce mouvement, en effet, se propose de porter remède au mal que les schismes (de tous ordres) ont porté et portent à l’Eglise : la première démarche, comme aussi la première condition du succès, n’est-elle pas de porter un diagnostique précis sur l’étendue et la nature propre de ce mal ?

Dans ce domaine, trop peu exploré encore avons-nous dit, nous ne pouvons ici que proposer quelques considérations à la réflexion de nos lecteurs. C’est dire que nous ne les proposons que sous réserve d’un meilleur jugement.

Nous pouvons d’abord affirmer de la façon la plus catégorique, nous appuyant sur les documents pontificaux qui, à la fin du XIXe siècle, ont rejeté comme non admissible la théorie dite « des quatre branches », que les diverses confessions séparées de la communion romaine ne sont pas, par rapport à l’Eglise, ce que sont , par rapport au tout qu’elles forment, des parties dites intégrales ou intégrantes, comme par exemple les trois angles et les trois côtés qui composent un triangle. Supprimez l’un de ces six éléments, il n’y a plus de triangle, celui-ci n’étant fait que de leur co-existence et juxtaposition.

Au contraire l’Eglise n’est pas faite de la somme des confessions chrétiennes séparées et de l’Eglise catholique romaine. Supposez supprimées ou inexistantes ces autres confessions, l’Eglise demeure sans aucun détriment de son être essentiel.

Mais de ce qu’aucune de ces confessions n’est ni l’Eglise, ni une partie intégrale ou intégrante de l’Eglise, ne nous hâtons pas de conclure qu’elle ne soit rien de ce qu’est l’Eglise.

Pour séparée qu’elle soit de l’Eglise, une confession chrétienne ne laisse pas en effet que de retenir (à des degrés divers suivant le cas) une partie des réalités d’origine surnaturelle que l’Eglise qu’elle a quittée continue de tenir en totalité et dans leur perfection essentielle.

Ainsi en va-t-il, dans le domaine de la foi, de toutes les vérités que cette confession continue de croire avec nous, et, dans le domaine des sacrements de la foi, de tout ce qui, de l’aveu même de l’Eglise catholique romaine, conserve dans cette même confession son authenticité et sa valeur (par exemple, l’épiscopat, le sacerdoce et toutes les réalités sacramentelles qui en dépendent, là où le schisme n’a pas entraîné la rupture de la succession apostolique).

On peut dire que les confessions séparées de la communion romaine possèdent quelque chose de ce qui, existant en sa perfection essentielle dans l’Eglise romaine, fait de celle-ci l’Eglise du Christ.

On peut même aller jusqu’à dire que ces confessions sont en un certain sens (et, encore une fois, à des titres et degrés divers) quelque chose de ce qu’est cette Eglise en tant qu’Eglise du Christ.

* C.J. Dumont O.P. "Les voies de l'unité chretienne" doctrine et spiritualité (ed. du cerf - 1954)
(A suivre…)



La discussion

 Unité de l'Eglise et Unité chrétienne, de Abbé Néri [2009-03-26 18:39:38]
      J'ai un doute, de Meneau [2009-03-26 22:16:39]
          Je suis également dubitatif..., de Vianney [2009-03-28 08:46:19]
      Merci pour ces textes, de dominique bontemps [2009-03-26 23:32:36]