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avortment: le point de vue intéressant d'une éthicienne Imprimer
Auteur : Tardivel
Sujet : avortment: le point de vue intéressant d'une éthicienne
Date : 2008-01-24 19:36:59

Intéressant parce qu'il ne vient pas du sérail des pro-vie et pointe du doigt les failles du soi-disant "consensus" dans nos sociétés occidentales. C'est ce genre d'interlocuteur qu'une intelligentsia catholique éclairée (si elle existait suffisamment pour former une masse dritique) devrait rechercher pour faire débloquer certains débats actuellement "barrés" de la discussion pour cause de rectitude politique. D'oû l'importance du "dialogue", sans préjudice aux droits de la vérité, n'en déplaise aux tradis qui voudraient que leurs pasteurs cassent du sucre sur le dos des infidèles de tout acabit dans toutes leurs interventions. Je vous laisse à penser si une telle attitude ferait avancer les choses avec un vis-à-vis tel que cette dame, qui n'est pas carrément contre l'avortement mais qui a au moins le très grand mérite de la lucicidité. Savons-nous susciter ou du moins regarder avec sympathie autour de nous les moindres manifestations d'ouverture à ce qu'est la loi naturelle, quel que soit le nom qu'on lui donne ("instinct" moral)?




Le jeudi 24 janvier 2008

Un sujet tabou

Margaret Somerville

L'auteure est directrice du Centre de médecine, d'éthique et de droit de l'Université McGill.


Ces derniers mois, des confrontations ouvertement hostiles se sont produites entre associations étudiantes pro-choix et groupes d'étudiants pro-vie sur plusieurs campus canadiens.

Les étudiants pro-choix veulent limiter le droit d'expression des étudiants pro-vie, interdire l'affichage de documentation antiavortement et refuser tout financement aux clubs pro-vie. Selon Doug Diaczuk, un étudiant de l'Université Lakehead, ces mesures sont justifiées parce que «plusieurs étudiants sont bouleversés par la campagne d'affiches pro-vie».

Mais que fait-on de la liberté d'expression sur la place publique, particulièrement en rapport aux lois et aux politiques publiques et, sans doute, à la liberté de religion et de conscience?

Pour réduire au silence les groupes pro-vie, on les identifie comme étant religieux - un péché mortel dans le lexique pro-choix - et évangélisateurs. Il est regrettable que la question de l'avortement puisse être réduite au seul enjeu religieux, parce que cela nous empêche de définir et de comprendre la gamme complète de motifs qui font perdurer ce conflit majeur.

Voici quelques-unes de ces raisons.


L'intuition morale

Selon le psychologue Steven Pinker, de l'Université Harvard, les recherches récentes en neuropsychologie confirment l'existence d'un «instinct moral» naturel chez l'humain. En éthique, nous parlons d'un facteur «beurk» éthique. Quand nous considérons honnêtement la réalité de l'avortement, peu importe nos opinions, la plupart d'entre nous ont cette réaction. Notre intuition morale nous dit que l'avortement n'est jamais un incident anodin. Il y en a qui allègent leurs inquiétudes en neutralisant leur intuition morale, ce qu'il est bien plus difficile de faire quand on doit voir ou entendre les conséquences de l'avortement.

Notre choix de langage influence aussi nos intuitions morales et, par conséquent, nos vues sur l'avortement. Dans un article publié récemment par le Globe and Mail, la journaliste pro-choix Judith Timson a utilisé l'expression «avortement thérapeutique» pour expliquer que 58% des grossesses chez les adolescentes canadiennes se terminent par un avortement. Le mot thérapeutique marque l'avortement du sceau médical, ce qui rassure nos intuitions morales et permet de justifier un acte qui, autrement, nous rebuterait.


Normalisation

Le révérend Rowan Williams, archevêque de Canterbury, offre une importante intuition à cet égard: «Nous ne percevons plus que l'avortement implique un choix moral important, dit-il. L'avortement a été normalisé. Quelque chose a modifié nos suppositions concernant la vie d'un enfant à naître quand un tiers des grossesses en Europe finissent par un avortement.»

L'hypothèse de base qu'une grossesse aboutit à la naissance d'un bébé sauf, dans les rares cas où il existe une justification claire pour prévenir cette naissance, s'est transformée. On considère aujourd'hui qu'il existe un éventail d'options acceptables durant une grossesse, y compris l'avortement.

Les défenseurs de l'avortement s'opposent avec véhémence à toute reconnaissance juridique de l'existence même du foetus. En matière d'avortement, ils veulent le silence sur la place publique, le silence devant les tribunaux et le silence dans l'arène politique. Ils ont raison de croire que porter le débat sur le foetus, plutôt qu'uniquement sur les femmes enceintes qui demandent un avortement, ébranlerait bien des gens sur le plan moral (une autre intervention de nos intuitions morales). Dans le film Juno, une jeune partisane pro-vie crie à son amie étudiante: «Il a des ongles», quand cette dernière s'apprête à entrer dans une clinique d'avortement. Cette intervention personnifie le foetus - nous pouvons nous identifier à lui, il est comme nous. L'adolescente enceinte a changé d'idée et mené à terme sa grossesse.

Nous devrions sûrement - du moins sur le plan éthique - aborder la question en reconnaissant ce qu'implique l'avortement et en justifiant notre choix, peu importe lequel.


Toutes les options

Une authentique prise de position pro-choix exige de mettre sur la table toutes les options, pas seulement celles qui favorisent l'avortement, et qu'une femme puisse donner un consentement informé, quel que soit son choix. Selon la Cour suprême du Canada, un consentement informé sur le plan éthique et juridique signifie que la femme doit prendre sa décision en ayant toute l'information jugée importante par une personne raisonnable dans les mêmes circonstances.

Ces circonstances comprennent les faits concernant le foetus ainsi que les conséquences d'un avortement, y compris les torts et les risques. Ces aspects sont régulièrement dédramatisés, et les études les concernant tournées en ridicule par les éléments pro-choix.

Pour les défenseurs politiquement corrects de l'avortement, cette question constitue le test décisif du respect envers les femmes. Même s'interroger sur l'acceptabilité de l'avortement devient pour plusieurs une hérésie. Cette réaction évoque une religion totalitaire qui voit comme une hérésie la remise en question de l'existence de Dieu. Parfois l'expérience de subir un avortement (ou, comme jeune femme médecin, de pratiquer un avortement) semble un rituel requis et un rite d'initiation à la cause féministe.

Le droit de choisir l'avortement est souvent présenté comme un argument de dignité. Certains universitaires ont défini deux concepts de dignité: la dignité-liberté favorise l'autonomie et l'autodétermination des individus; la dignité-contrainte protège la dignité humaine - en général. L'interdiction de l'avortement pour sélection du sexe de l'enfant constitue un bon exemple. Nous devons, au regard de l'avortement, trouver un juste équilibre entre ces deux types de dignité. Nous devons tout au moins nous en parler.


http://www.cyberpresse.ca/article/20080124/CPOPINIONS02/801240735/6732/CPOPINIONS



La discussion

 avortment: le point de vue intéressant d'une éth [...], de Tardivel [2008-01-24 19:36:59]
      Vraiment intéressant !, de Griffon [2008-01-24 20:14:37]