C'est une question qui s'applique à tous les sacrements, une question très pratique au cas oû on se retrouverait à une époque de persécutions, s'il fallait interrompre une cérémonie et qu'on soit obligé de se demander si la personne a oui ou non été baptisée, confirmée ou ordonnée. La même question pourrait se poser si le célébrant était victime d'une défaillance avant la fin des rites. Les théologiens discutent de ce qui est l'essence des sacrements depuis le Moyen Âge. C'est ainsi qu'on en est venu à identifier clairement l'importance du moment de la consécration dans le canon de la Messe; au temps des Pères de l'Église, on ne se demandait pas encore aussi précisément à quel moment le pain et le vin devenaient le Corps et le Sang du Christ (ce qui permet de comprendre en partie pourquoi les orthodoxes, contrairement aux catholiques, accordent à l'épiclèse - invocation pré-consécratoire au Saint-Esprit - une importance cruciale que les catholiques donnent plutôt au récit de la dernière Cène; l'évolution des discussions doctrinales a pris des directions différentes après la consommation du schisme, même si Rome reconnaît quand même et depuis très longtemps la validité des messes orthodoxes).

Pour ce qui est de l'ordination: tout comme l'essence du baptême, en cas d'urgence, se résume à quelques mots et au versement de l'eau, dans le cas du sacrement de l'Ordre, c'est bel et bien l'imposition des mains (et sans paroles si je ne m'abuse) qui en est l'essence. C'est Pie XII qui l'a défini en 1947, réglant ainsi une controverse qui durait depuis des siècles entre ceux qui défendaient cette position, et ceux qui prétendaient que c'était la remise des objets associés à l'ordre conféré qui faisait le sacrement (le calice dans le cas d'un prêtre, l'Évangile pour un diacre, etc.). Ces rites subsistent (au moins dans le VOM) mais selon Pie XII, grand moderniste devant l'Éternel, ce n'est pas là l'essentiel.