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Le soin du salut Imprimer
Auteur : Abbé Néri
Sujet : Le soin du salut
Date : 2006-12-18 14:41:48

Pour préparer nos âmes à la fête de Noël rien de mieux que la méditation des textes des grands maîtres :

« Comme plus d'un infidèle apprenant de nous que Dieu est né selon la chair, insulte à notre croyance et parvient à inquiéter les personnes simples, il est nécessaire de confondre les uns et de rassurer les autres, afin que ceux-ci ne se laissent plus ébranler par les discours de gens insensés, et que de grossières railleries ne jettent plus le trouble dans leur âme.

Il arrive souvent que de petits enfants rient lorsque nous agitons les affaires les plus sérieuses, ce qui est une preuve non de la bassesse des objets que l'on traite, mais de la folie de ceux qui rient.

On peut dire des infidèles qu'ils sont plus insensés que des enfants, parce qu'ils décrient et qu'ils rabaissent des objets dignes de notre admiration et propres à nous inspirer une vénération religieuse, tandis ; qu'ils en relèvent et en célèbrent d'autres qui ne méritent que des mépris.

Cependant nos mystères, dont ils font le sujet de leurs sarcasmes amers, conservent toute leur majesté et toute leur dignité, malgré les plaisanteries par lesquelles ils les attaquent, au lieu que les objets de leur culte, quoi qu'ils fassent pour les embellir, se montrent toujours sous les traits d'infamie qui leur sont propres.

Quel excès d'égarement ! des hommes qui ne croient rien faire, ni rien dire qui choque la bienséance, lorsqu'ils introduisent leurs dieux dans des pierres et dans des bois fragiles, dans de viles statues, où ils les renferment comme dans une prison ; ces hommes nous reprochent d'avancer que Dieu, pour l'avantage de la terre, s'est construit un temple vivant par l'opération de l'Esprit Saint !

Et de quel front nous font-ils des reproches ?

S'il est peu décent que Dieu habite dans un corps humain, sans doute il l'est beaucoup moins encore qu'il habite dans la pierre et dans le bois ; dans la pierre, dis-je, et dans le bois qui sont bien inférieurs à l'homme ; à moins qu'ils ne pensent que notre nature est au-dessous de ces êtres morts et insensibles. Ils ne craignent pas, eux et plusieurs hérétiques, de renfermer la divine essence dans les animaux les plus vils, dans les chiens, dans les chats, ainsi que dans les matières les plus ignobles ; pour nous, incapables de rien soutenir, de rien admettre de pareil, nous disons seulement que Jésus-Christ a pris dans le sein d'une vierge, une chair pure, sainte, irrépréhensible, inaccessible à tout péché, et qu'il l'a prise, cette chair, pour réparer l'homme qu'il a formé de ses mains.

Eux et les manichéens, qui ne leur cèdent pas en impiété, ils n'ont pas de honte de renfermer l'essence divine dans des chiens, dans des singes, dans des animaux de toute espèce, puisqu'ils disent que, l'âme de ces animaux est formée de cette essence ; ils n'ont pas horreur d'une pareille opinion, et ils nous accusent d'avoir des idées indignes de Dieu, parce que, sans nous permettre de rien imaginer de semblable, sans rien dire qui ne convienne à sa divinité, nous prétendons que, par une naissance surnaturelle, il est venu dans le monde pour réparer son propre ouvrage !

Eh quoi ! Vous dites que l'âme d'un tourbe, d'un assassin, est une partie de l'essence divine, et vous osez nous accuser, nous qui ne pouvons souffrir une opinion aussi absurde et qui jugeons coupables d'impiété ceux qui la soutiennent, vous nous reprochez de dire que Dieu s'est construit un temple saint, par le moyen duquel il a introduit parmi les hommes une vie toute céleste !

Ne mériteriez-vous pas mille morts, et pour les reproches que vous nous faites, et pour les outrages que vous ne cessez de commettre envers la Divinité ?

S'il est indigne de Dieu d'habiter un corps pur et irrépréhensible, combien n'est-il pas plus indigne de lui d'habiter le corps d'un imposteur, d'un violateur de tombeaux, d'un brigand, d'un chien, d'un singe, et non ce corps saint et glorieux, qui est maintenant assis à la droite du Père !

Quel tort, je vous prie, quelle tache pourrait faire à la splendeur de Dieu notre chair dont il s'est revêtu ?

Ne voyez-vous pas que le soleil, dont l'éclat frappe nos yeux, est corruptible de sa nature, dût toute la secte de Manès se récrier d'indignation avec les Grecs ?

Que dis-je, le soleil ! La terre, la mer, et toutes les choses perceptibles à nos sens n'ont rien de solide ni de permanent. C'est ce que nous apprend saint Paul : Les créatures sont assujetties à la vanité, et elles ne le sont pas volontairement, mais à cause de Celui qui les y a assujetties. (Rom. VIII, 20.)

Et il exprime ce qu'il entend par le mot vanité : La créature sera délivrée de cet asservissement à la corruption pour participer à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. (Ibid. 21.)

La créature est donc corruptible, puisque la corruption est une des conditions de sa nature. Que si le soleil, quoique corruptible par sa nature, lance de tous côtés ses rayons, communique avec la boue et la fange, sans que cette communication nuise en rien à sa pureté ; si, retirant ses rayons aussi purs qu'ils l'étaient auparavant, il anime de la vertu qui lui est propre les corps qui les reçoivent sans participer lui-même en aucune manière à l'impureté des plus sales et des plus infects ; à plus forte raison le Soleil de justice, le souverain Maître des puissances incorporelles, en se revêtant de notre chair, loin d'en être souillé, l'a rendue plus pure et plus sainte.

Pénétrés de ces idées, et nous rappelant ces paroles de la divine Ecriture : J'habiterai et je marcherai parmi eux (Lévit. XXVI, 12), et ces autres : Vous êtes le temple de Dieu (II Cor. VI, 16), et l'Esprit de Dieu habite parmi vous (I Cor. III, 16), opposons-les aux objections des impies, et fermons la bouche à ces hommes impudents.

Réjouissons-nous de notre bonheur, glorifions Dieu qui s'est revêtu de notre chair, rendons-lui grâces de cette condescendance infinie, et témoignons-lui toute la reconnaissance que ses bienfaits nous inspirent. Or, quelle plus digne reconnaissance que le soin du salut de nos âmes et de notre ardeur pour la vertu ?

Ne soyons donc point ingrats envers notre bienfaiteur, mais offrons-lui tous, autant qu'il est en notre pouvoir, les dons spirituels, la foi, l'espérance, la charité, la tempérance, l'amour des pauvres, le zèle à exercer l'hospitalité.

Il est un objet important dont je vous ai parlé il y a quelques jours, dont je vous parlerai encore aujourd'hui, et que je ne cesserai point de vous rappeler.

Quel est-il donc ?

Lorsque vous devez approcher des sacrés mystères de la table sainte et redoutable, ne le faites qu'avec un pieux effroi, avec une conscience pure, avec le jeûne et la prière, sans bruit et sans tumulte, sans frapper des pieds, sans vous pousser les uns les autres, car c'est la marque d'un dédain superbe et d'un mépris extrême.

Une pareille conduite attire les plus grandes punitions sur ceux qui se la permettent.

Pensez, ô mon frère ! Pensez à la victime que vous allez toucher, pensez à la table dont vous approchez ! Songez que vous qui êtes cendre et poussière, vous participez au corps et au sang de Jésus-Christ !

Si le prince vous invitait à un repas, vous ne vous présenteriez qu'avec crainte, vous ne toucheriez aux mets qui vous seraient servis qu'avec respect et circonspection ; et lorsque Dieu lui-même vous invite à sa table, une table où il vous sert son propre Fils, lorsque les puissances angéliques ne se tiennent en sa présence qu'avec une frayeur respectueuse, lorsque les chérubins se voilent la face, et que les séraphins s'écrient avec tremblement : Saint, Saint, Saint, le Seigneur (Apoc. IV, 8), vous, qui le croirait ? Vous approchez du banquet spirituel avec tumulte et en poussant des clameurs !

Ne savez-vous donc pas que votre âme, dans cette circonstance, doit être calme et paisible !

Qu'il faut alors une paix profonde, une tranquillité parfaite, et non ce mouvement et ce tumulte qui rendent impure l'âme de celui qui approche de la table sainte.

Quelle excuse nous resterait-il, si nous ne pouvions au moins purifier des passions qui nous souillent le moment où nous en approchons ?

Qu'y a-t-il pour nous de plus essentiel que les mets qu'on nous y sert ? Qu'est-ce qui nous trouble et nous inquiète ? Qu'est-ce qui nous presse d'abandonner l'Eglise pour retourner dans le monde ?

N'excitez pas, je vous supplie, n'excitez pas contre vous-mêmes la colère divine.

Le mets qu'on vous sert est le remède efficace de vos blessures, une source inépuisable de richesses, la clef spirituelle qui vous ouvre le royaume des cieux.

Ne le prenons donc, ce mets, qu'avec crainte et avec actions de grâces ; jetons-nous aux pieds de Dieu en confessant nos fautes, pleurons sur nos péchés, adressons-lui de ferventes prières ; et, après avoir purifié nos consciences, approchons-nous tranquillement et avec la modestie convenable, comme devant nous présenter au souverain Roi du ciel.

Baisons respectueusement l'hostie sainte et pure que nous recevrons ; embrassons-la des yeux, enflammons notre coeur, afin de venir à la table sacrée, non pour y prendre notre jugement et notre condamnation, mais pour y trouver la tempérance de l'âme, la charité, la vertu, la réconciliation avec Dieu, une paix ferme et solide, un moyen de nous sanctifier nous-mêmes et d'édifier nos frères.

Voilà ce que je vous dis continuellement, et ce que je ne cesserai pas de vous dire, car pourquoi accourir ici sans but et sans dessein, sans y apprendre rien d'utile ?

Quel avantage retireriez-vous de discours uniquement faits pour vous plaire ?

Le temps de la vie présente est court ; soyons attentifs et vigilants, réglons notre conduite, témoignons un amour sincère à tous les hommes, soyons circonspects en tout.

Soit qu'il nous faille écouter la parole sainte, prier le Seigneur, approcher de la table sacrée, ou faire quelque autre action, faisons-la avec crainte et tremblement, afin de ne pas attirer sur nous la malédiction par notre négligence.

Maudit soit, dit l'Ecriture, celui qui fait l'oeuvre de Dieu négligemment. (Jér. XLVIII, 10.)

Le tumulte et les clameurs sont un outrage fait à cette victime immolée pour nous, qu'on nous offre comme l'aliment de nos âmes. C'est la marque d'un mépris extrême de se présenter à Dieu rempli de souillures.

Ecoutez ce que l'Apôtre dit de pareils hommes : Celui qui profane le temple de Dieu, Dieu le perdra. (I Cor. III, 17.)

N'irritons donc pas le Seigneur, avec lequel nous voulons nous réconcilier ; approchons du sacré banquet avec toute l'attention qui convient, avec une âme tranquille et recueillie, la prière à la bouche et la contrition dans le coeur, afin qu'après nous être rendu propice le Fils de Dieu, nous puissions obtenir les biens qui nous sont promis, par la grâce et la bonté du même Fils de Dieu, avec qui soient au Père et à l'Esprit Saint, la gloire, la puissance et l'empire, maintenant et toujours dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »

Saint Jean Chrysostome : Homélie sur la fête de la Nativité



La discussion

 Le soin du salut, de Abbé Néri [2006-12-18 14:41:48]