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EGLISE CATHOLIQUE. -- L'abbé Laguérie, prêtre traditionaliste, sème encore le trouble et le doute

Inquiétude des partisans du concile Vatican II : Hélène Rouquette-Valeins

On lui donne le doigt, il demande le bras ! C'est sans doute la réaction de ceux qui ont écouté l'interview de l'abbé Philippe Laguérie par Christophe Hondelatte, hier matin, sur RTL. Le prêtre traditionaliste, qui a réintégré récemment le giron de l'Eglise catholique, a en effet déclaré au micro de notre confrère qu'il « avait deux ou trois candidats à la prêtrise en rite traditionnel ». « J'ai le droit, a-t-il ajouté, d'incardiner les prêtres, de les faire ordonner par un évêque. Il suffit de demander un évêque en rite traditionnel, j'ai deux ou trois candidats qui sont prêts. » Et, à partir de là, c'est l'embrouille. Il semble que Christophe Hondelatte comprenne que l'abbé Laguérie propose des candidats à l'épiscopat. Ce qui est impossible, seuls les évêques déjà nommés ayant la possibilité de proposer au pape, par l'intermédiaire du nonce apostolique, une liste sur laquelle le pape choisit.


Ebullition. Le malentendu persiste, quand le confrère demande à l'abbé s'il est lui-même tenté par cette charge. Réponse : « Je n'y ai pas pensé une seule seconde. J'aime beaucoup mon ministère paroissial. Je me sens un curé dans l'âme. » On peut aussi douter que Benoît XVI, dont l'abbé Laguérie dit « se sentir aimé », ait sérieusement envisagé de faire coiffer la mitre à un ex-disciple de Mgr Lefebvre.
Car, actuellement, c'est l'ébullition dans l'Eglise catholique. La création par le pape les traditionalistes tiennent à la qualifier d'érection de l'Institut du Bon Pasteur, sous l'évidente pression du cardinal Dario Castrillon Hoyos (1), fait tousser prêtres et laïcs. Au lieu d'adopter un profil bas, les occupants de l'église Saint-Eloi en ont rajouté dans le triomphalisme, allant même jusqu'à avancer que le pape leur permettait de critiquer le concile Vatican II.


Visage défensif. Le vicaire général de Bordeaux, le père Jean Rouet, a été le premier à réagir, suivi par des catholiques du diocèse hostiles « à ce visage uniquement défensif de l'Eglise ». Mgr Ricard, le cardinal-archevêque de Bordeaux, a rencontré Benoît XVI la semaine dernière durant 40 minutes pour aborder les problèmes posés par l'arrivée du Bon Pasteur dans le paysage religieux girondin. Et il a déjeuné avec l'abbé Laguérie pour essayer de commencer à discuter. Autant dire que l'on en est au même point qu'il y a un mois. Sauf que tout le monde attend le « motu proprio » du pape, c'est-à-dire les décisions qu'il prendra lui seul sur la libéralisation de la messe tridentine : la possibilité pour les prêtres qui auraient autour d'eux une quarantaine de fidèles de célébrer la messe selon le rite d'avant Vatican II.

(1) Le cardinal Hoyos a été remplacé au poste de président de la Congrégation pour le clergé par l'archevêque de Sao Paulo, Mgr Claudio Hummes, un prélat du courant libéral. Mais Hoyos reste responsable de la commission Ecclesia Dei qui gère les rapports avec les traditionalistes.

Sud Ouest - 2 novembre 2006