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JUILLET 2003 A MARS 2011

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saviez-vous que...? Imprimer
Auteur : Tardivel
Sujet : saviez-vous que...?
Date : 2006-03-31 22:38:59

En lien avec les récentes discussions sur la théologie du corps, la morale conjugale, les fins du mariage et les méthodes naturelles de contraception, cette mise en contexte historique sous la plume du père Molinié, o.p., qui écrivait ceci au lendemain de la publication d'Humanae Vitae (vers 1968-1969 donc):



"(...) On a beaucoup dit, et Paul VI lui-même le reconnaît, que le développement des sciences médicales permet de nuancer et d'assouplir la morale chrétienne de façon à faciliter pour tous les hommes l'accès à une "paternité responsable". Jusqu'au vingtième siècle exclusivement, les époux instruits de ces choses n'avaient le choix qu'entre l'abstention totale des relations conjugales ou l'acceptation pratiquement incontrôlable de toutes les naissances "envoyées par la Providence". Devant une pareille situation, il faut se demander quelle a toujours été la doctrine profonde de l'Eglise, pour bien la discerner des déviations plus ou moins graves introduites en fait dans la pastorale courante. Ces déviations semblent avoir été principalement de deux sortes :

1) Une omission plus ou moins systématique à l'égard de certains aspects de la doctrine. Cette omission a été grandement facilitée par le petit nombre d'adultes désireux de recevoir un enseignement chrétien. Même parmi ces adultes, beaucoup ne soupçonnaient pas qu'il y eût dans ce domaine précis une morale non moins précise. Ou bien au contraire étaient-ils formés à une méfiance systématique, janséniste, honteuse et manichéenne, des choses de la chair - méfiance horrifiée et puritaine favorisant, aussi bien que l'indifférence, une inconscience profonde à l'égard des frontières du licite et de l'illicite dans la vie conjugale.

Cette omission était particulièrement nette de la part des confesseurs qui, jansénistes ou non, évitaient la plupart du temps de fournir à leurs pénitents toutes les précisions désirables. Ils s'appuyaient pour ce faire sur un principe fondamental de la théologie pastorale : lorsqu'un pénitent commet de bonne foi des actes répréhensibles sans savoir qu'ils le sont - et si d'autre part on a des raisons de craindre qu'une fois éclairé il ne parvienne pas à changer de conduite - il faut le laisser dans sa bonne foi, et ne pas prendre sur soi de transformer un péché matériel (qui ne l'est pas aux yeux du pénitent ni par conséquent de Dieu - car on doit toujours obéir à sa conscience) en péché formel, c'est-à-dire conscient et accepté comme tel.

Le résultat de toutes ces omissions fut une telle généralisation de l'ignorance des chrétiens en matière conjugale que, peu après la guerre de 14-18, le Saint-Office publia un avertissement à tous les confesseurs, leur enjoignant de faire une exception au principe que je viens de citer en faveur (si j'ose dire) de la morale conjugale - leur donnant l'ordre, par conséquent, d'interroger systématiquement à ce sujet tous les pénitents et de leur enseigner la vérité, même s'ils prévoyaient que ces pénitents ne se soumettraient pas ou se déclareraient incapables de pratiquer une telle morale (ce qui soulevait bien entendu le problème du refus de l'absolution, dont je parlerai plus loin).

Au moment où cet avertissement fut publié, la majorité des prêtres étaient suffisamment dociles aux décisions romaines pour les appliquer fidèlement : le résultat fut évidemment un véritable drame dont nous ne sommes pas encore sortis (malgré les atténuations dues à la découverte de la méthode Ogino, puis à celle des températures) et dont les chrétiens espéraient bien sortir depuis Vatican II, grâce à la pilule et à la généralisation pratiquement acceptée par l'Eglise (on le supposait) de toutes les méthodes contraceptives. (...)"

http://www.asett.com/la4.html



-À noter que le principe de discrétion du confesseur à l'égard des péchés matériels d'un pénitent qui n'en connaît pas la malice intrinsèque et que le prêtre peut décider de laisser dans l'ignorance quand il estime que celui-ci n'a pas le tonus spirituel nécessaire pour lui permettre de l'affronter, remonte à saint Alphonse de Liguori au 18ème siècle dans sa formulation récente (je sais que saint Alphonse était un érudit mais ne saurais dire s'il était un innovateur ou un restaurateur à ce niveau).


La discussion

 saviez-vous que...?, de Tardivel [2006-03-31 22:38:59]
      et à l'heure actuelle, pour compléter, de Tardivel [2006-03-31 22:42:43]
      commentaire, de Tardivel [2006-03-31 23:54:54]
          très avisé, de Assum [2006-04-01 00:03:15]