L'abbé Abel citait ce passage du discours de Pie XII aux sages-femmes en 1951:

" On peut être dispensé de cette prestation positive obligatoire même pour longtemps, voire pour la durée entière du mariage, par des motifs sérieux, comme ceux qu’il n’est pas rare de trouver dans ce qu’on appelle “ l’indication ” médicale, eugénique, économique et sociale. D’où il suit que l’observation des périodes infécondes peut être licite sous l’aspect moral, et, dans les conditions indiquées, l’est réellement."

Je peux témoigner de ce que ceci aurait pu vouloir dire à une autre époque si cet enseignement avait été livré plus tôt.

Ma mère aurait 80 ans aujourd'hui. Elle et mon père étaient de cette génération qui croyait encore mais s'est progessivement éloignée de l'Église. Pour toutes sortes de raisons qui ne se résument pas à ce genre d'histoire, mais ce genre d'histoire a joué un rôle dans leur prise de distance progessive...

Ma grand-mère maternelle est morte en donnant naissance à son sixième enfant, alors que ma mère n'avait elle-même que 6 ans. Après le cinquième, le médecin avait dit qu'elle ne devait pas en avoir d'autres. Mes grand-parents sont allés voir le curé qui leur a dit qu'ils n'avaient pas le droit de ne pas avoir de relations ni de prendre les moyens d'empêcher la famille, comme on disait. Alors ils ont fait leur devoir... et ma grand-mère est morte.

Ma mère m'a raconté cette histoire alors que j'étais adolescent et ce qui me frappe quand j'y repense, c'est qu'elle ne semblait pas révoltée contre l'Église, en apparence du moins, alors que je sais très bien qu'elle a traîné toute sa vie une révolte jamais résolue contre cette perte précoce. Contradiction? Je crois qu'elle avait gardé la foi... mais aussi une "saine" méfiance à l'égard des prêtres.

En relisant ce passage du discours de Pie XII, c'est clair qu'il pensait à ce genre de situation.