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JUILLET 2003 A MARS 2011

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Veuillot encore Imprimer
Auteur : Abbé Néri
Sujet : Veuillot encore
Date : 2005-11-13 18:16:25

Encore un autre morceau de bravoure de notre cher Veuillot, même si cela n’est pas du goût de tous (il y en a qui font la fine bouche ! en le trouvant vieillot …!)

Moi je me délecte au contact d’un esprit si fin et vraiment catholique :

« Notre catholique libéral s’animait beaucoup en déroulant ces merveilles…

Il soutenait qu’on n’avait rien à lui répondre, que la raison et la foi et l’esprit du temps parlaient par sa bouche.

Pour l’esprit du temps, personne n’y contestait.

En matière de raison et de foi, on ne laissait pas de lui pousser des objections, mais il haussait les épaules et ne restait jamais sans repartie.

Il est vrai que les assertions énormes et les contradictions énormes ne lui coûtaient rien.

Il partait toujours du même pied, criant qu’il était catholique, enfant de l’Eglise, enfant soumis ; mais aussi, homme de ce siècle, membre de l’humanité vieillie et mûre et en âge de se gouverner elle-même.

Aux arguments tirés de l’histoire, il répondait que l’humanité vieillie est un monde nouveau, en présence de qui l’histoire ne prouve plus rien ; ce qui ne l’empêchait pas d’exploiter lui-même l’argument historique, lorsqu’il en trouvait l’occasion.

Aux paroles de saints Pères, tantôt il opposait d’autres paroles, tantôt il disait que les saints Pères avaient parlé pour leur temps, que nous devons penser et agir comme au nôtre.

Devant les textes de l’Ecriture, il avait la même ressource : ou il arrachait de textes qui semblaient contraires, ou il fabriquait une glose à l’appui de son sens, ou enfin cela était bon pour les juifs et leur petit Etat particulier.

Il ne s’embarrassait pas davantage des bulles dogmatiques de la « Cour romaine » : Unam Sanctam, de Boniface VIII, le fit sourire ; il prétendit que les Papes l’on retirée ou réformée. On lui dit que les Papes l’ont insérée dans le Corpus du Droit et qu’elle y est toujours. Il répondit : C’est bien vieux et le monde a bien changé !

Il trouva également trop vieilles la bulle In Coena Domini et toutes les bulles subséquentes : - Ce sont, dit-il, des formules disciplinaires faites pour le temps, et qui n’ont plus de raison d’être aujourd’hui.

La Révolution française a enterré ces règles avec le monde sur qui elles pesaient. La contrainte est abolie ; l’homme aujourd’hui est capable de liberté et ne veut plus d’autre loi !

Ce régime, qui déconcerte vos timidités, poursuivit-il d’un ton sybillin, est pourtant celui qui sauvera l’Eglise, et le seul qui puisse la sauver.

Du reste, le genre humain se lève pour l’imposer, il faudra bien le subir, et cela est déjà fait.

Voyez si qui que ce soit peut opposer quoi que ce soit à cette force triomphante, si même on le veut, si même, vous exceptés, quelqu’un y songe.

Catholiques intolérants, vous étiez déjà plus absolus que Dieu le Père, qui a crée l’homme pour la liberté ; plus chrétiens que Dieu le Fils, qui n’a voulu établir sa loi que par la liberté : vous voici maintenant plus catholique que le Pape ; car le Pape consacre, en les approuvant, les constitutions modernes, qui sont toutes inspirées et pleines de l’esprit de liberté.

Je dis que le Pape, le Vicaire de Jésus-Christ approuve ces constitutions puisqu’il vous permet de leur prêter serment, de leur obéir et de les défendre.

Or, la liberté des cultes y est, l’athéisme de l’Etat y est.

Il en faut passer par là vous y passerez n’en doutez point.

Dès lors, pourquoi vous tant débattre ?

Votre résistance est vaine vos regrets ne sont pas seulement insensés, ils sont funestes.

Ils font haïr l’Eglise et ils nous entravent beaucoup, nous, libéraux, vos sauveurs, en faisant suspecter notre sincérité.

Au lieu donc d’attirer sur vous une défaite certaine et probablement terrible, courez à la liberté, saluez-la, embrasse-la, aimez-la.

Elle vous sera bonne et fidèle amie et vous donnera plus que vous ne sauriez jamais ressaisir.
La foi croupi sous le joug de l’autorité qui la protège : obligée de se défendre, elle se relèvera ; l’ardeur de la polémique lui rendra la vie.

Que n’entreprendra pas l’Eglise lorsqu’elle pourra tout entreprendre ? Combien ne touchera-t-elle pas le cœur des peuples, lorsqu’ils la verront abandonnée des puissants du monde, vivre uniquement de son génie et de ses vertus ?

Au milieu de la confusion des doctrines, du débordement des mœurs, elle apparaîtra seule pure, seule affermie dans le bien.

Elle sera le dernier refuge, le rempart inexpugnable de la morale, de la famille, et de la liberté ! »

A quiconque de faire le constat si ce genre de pensée à toujours cours aujourd’hui !

Pour ma part tout en ne faisant pas des œuvres de Veuillot le 5ème évangile ni le mettant au niveau des actes du magistère, je ne peux que vous recommander leur lecture. Tout en sachant, que comme le constatait lui-même en rééditant un de ses ouvrages on ne peut pas facilement « affaiblir un préjugé stupide » il s’adresse aux « gens de cœur faits pour goûter et pour payer le plaisir de ne pas hurler avec les loups. »









La discussion

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      méthodologie, de CP [2005-11-13 18:23:45]
          réponse, de Abbé Néri [2005-11-13 18:50:34]
      Veuillot ou l'art de dénigrer ses adversaires , de Babakoto [2005-11-13 23:51:12]