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JUILLET 2003 A MARS 2011

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un autre bon film Imprimer
Auteur : Tardivel
Sujet : un autre bon film
Date : 2005-10-22 22:06:07

"Demandez à un ouragan de déployer toute sa force et son art sans gronder ni déplacer quoique ce soit: voilà ce que la réalisation de La Neuvaine de Bernard Émond a surmonté, pour désormais s’imposer comme l’un des plus grands films québécois jamais produit.

"Comment présenter ce film rarissime sans penser à Dreyer, Kieslowski ou même Rossellini ? Et comment le faire sans colère, en songeant aux usurpateurs du Septième art et à TéléFilm Canada, ces vampirisés qui s’obstinent à nous offrir des films plus pitoyables et honteux année après année uniquement par soif de profit et de rentabilité maximale? Malheureusement, qui dit film d’auteur dit aussi visibilité réduite, public infime et financement parfois inexistant. Pourtant Bernard Émond nous prouve avec La Neuvaine que le cinéma n’est pas un art qui s’achète, il faut le connaître, être patient avec lui, savoir l’observer et s’acclimater à son tempérament si on veut pouvoir le propulser dans ses plus hautes cimes et découvrir avec lui toutes ses possibilités et toute sa subtile puissance. « Le film me dépasse moi-même, il y a quelque chose de tellement plus fort que dans le scénario... » me disait Bernard Émond lors d’une entrevue réalisée avant la première de son film au Quartier Latin.

"Après une dizaine de documentaires réalisés sur des propos aussi variés que la puissance du feu (L’épreuve du feu, 1997) ou la mort d’un inconnu, retrouvé dans les rues d’un quartier ouvrier de Montréal (Ceux qui ont le pas léger meurent sans laisser de traces, 1992), les premières œuvres de Bernard Émond sont marquées par cette quête de réalisme et de profonde humanité, qui caractérisera également ses premiers long-métrages. En 2001 apparaît le premier : La femme qui boit. Première rencontre entre le cinéaste et Élise Guilbault, qui signeront un film sombre et suffocant, aux images rappelant certains films de Wajda, sur l’alcoolisme d’une femme et sa dégénérescence jusqu’à l’attente de sa mort. Le film fut présenté à Cannes pour La semaine internationale de la critique et reçu un brillant accueil mais n’eut aucun distributeur pour ce territoire. Ensuite vient 20 heures 17 rue Darling qui, encore sur une trame de fond d’alcoolisme, dépeint un homme (Luc Picard) à la recherche du pourquoi et du comment des choses, des événements, du sens de la vie et de la pertinence de Dieu. Un peu plus de lumière et d’espoir nous menant directement au film d’aujourd’hui, La Neuvaine.

"Jeanne (Élise Guilbault), une médecin athée se croyant responsable de la mort d’une patiente et de son bébé, assassiné par un mari violent, quitte Montréal en pleine nuit en proie au désespoir et au suicide. Au matin, elle s’arrête au sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré pour se jeter dans le fleuve. Alors qu’elle s’avance, François (Patrick Drolet), une sorte de croisement entre deux héros de Dostoïevski, Aliocha Karamazov et le prince Mychkine, la surprend alors qu’il venait prier pour sa grand-mère malade (Denise Gagnon) avec qui il vit depuis la mort de ses parents. Le jeune homme, d’une bonté et d’une simplicité attendrissante, lui offrira son aide, qu’elle refusera d’abord. Puis François débutera une neuvaine afin de sauver sa grand-mère d’une mort certaine. Jeanne, touchée par le jeune homme, acceptera d’aller au village pour la soigner. Mais la maladie est incurable...

"Ce film en est un d’exception, comme le fut aussi celui de sa conjointe Catherine Martin, Mariage, présenté en 2001 au Festival du nouveau cinéma et gagnant du prix pour le Meilleur scénario. Il n’appartient à aucun courant du ‘cinéma’ québécois actuel et pourtant, il s’avère l’un des plus pertinents et maîtrisés qu’il nous est possible de voir sur l’ensemble de la filmographie de notre chère province adorée. Présenté au Festival de Locarno, en Suisse, il revient triomphant avec pas moins de trois prix dont le prestigieux Léopard d’or remis à Patrick Drolet pour son interprétation. « Patrick a été extraordinaire avec nous. Dans la vie il est tout sauf le garçon simple que l’on voit à l’écran. C’est un comédien avec énormément de puissance et il a dû pour le film accepter cette humilité, cette réserve-là... » expliquait Émond à propos du jeu de Drolet.

"Tout a son importance dans le film et rien n’apparaît futile ou mis au hasard. Tout est un long et minutieux processus de préparation, de la lumière aux cadres, rendu possible grâce au travail d’un directeur-photo aussi exceptionnel que l’a été Michel Brault durant sa carrière, Jean-Claude Labrecque. On lui doit d’ailleurs les images pour La femme qui boit. Les plans resserrés sur le visage d’Élise Guilbault nous permettent d’y lire tout ce que le scénario, par son langage si restreint, n’aurait su dire. « J’ai tourné sept semaines avec Élise et monté douze semaines et je ne me lasse pas de voir son visage, il y a quelque chose de bouleversant dans son travail... » Tout ce qui paraît est nu, sans artifice ni mensonge. Contrairement à Bergman, Dieu ne revêt pas la forme d’une bestiole, d’un doute ou du silence; Émond ne règle aucun compte avec la religion, le tout n’est que repère. Il y a l’église, où les objets et les rites apparaissent étrangers pour Jeanne, et il y a la prière et la foi inconditionnelle pour François. Pourtant, les deux personnages ne seront nullement divisés entre notions de bien ou de mal. Pour François, il ne faut qu’aider son prochain et le faire sans considération matérielle ou jugement. Émond n’hésite pas à déclarer qu’il est non-croyant mais que le non-croyant éprouve un vide : « En l’absence de la foi, la bonté et la solidarité peuvent parfois remplacer le vide... » "

http://web.choq.fm/article.php?id=1963

http://www.laneuvaine.com/




La discussion

 Good movie, de Deo Vindice [2005-10-22 19:47:52]
      bande-annonce, de IsabelleG [2005-10-22 20:06:12]
          Version Francaise, de Deo Vindice [2005-10-22 20:16:49]
      un autre bon film, de Tardivel [2005-10-22 22:06:07]
      l'avez-vous vu le film?, de J Beau [2005-10-22 22:47:35]