Le Forum Catholique

Bonjour à tous les liseurs,

et merci pour votre accueil ! Je suis un séminariste diocésain qui, après quelques années en formation, discerne sérieusement à rejoindre un institut célébrant selon le VOM (missel que j'ai découvert il y a 2 ou 3 ans) et offrant un enseignement plus traditionnel (et donc catholique). Notre séminaire souffre évidemment d'un manque de vocations et j'en pâtis d'autant plus que je vois à quel point la figure proposée du prêtre demeure aussi fade que floue, l'enseignement trop souvent libéral (pour ne pas dire moderniste), le NOM souvent fatiguant (pour des raisons que l'on connait tous), ou encore à quel point la structure diocésaine actuelle semble préférer anesthésier la foi que l'éclairer. On peut dire qu'après quelques expériences, je me trouve tiraillé entre vouloir être solidement formé, puis vivre d'une messe qui soit belle, bonne, vraie (et donc tout à fait catholique) -- et vouloir servir et aider les fidèles que j'aime dans ma région (mais tout en passant par une mauvaise formation et en célébrant selon un missel qui ne me plait en quasiment aucun point). Bref, je suis séminariste catholique en l'année 2016 de Notre-Seigneur Jésus-Christ !

J'espérais donc pouvoir discuter de divers sujets et prier avec vous. Et je vous remercie par ailleurs pour vos interventions qui ont beaucoup contribué à approfondir ma réflexion et même parfois à me faire rire :) À bientôt sur le forum !

Winston

In Christo per Mariam

Pour le reste courage, et si vous le permettez une question.
pourquoi ne pas se tourner vers des évêques qui offrent des formations solides, et leur demander ensuite de revenir chez vous?

Quant à la question: notre évêque ne l'accepterait pas. La situation s'était déjà présentée avec un ancien séminariste. Mais peut-être que cela changera !

...eu une situation semblable dans les années 1970.
Il avait placé sa vocation sous la protection de sainte Marie l'Egyptienne.
Beaucoup ont cru que c'était parce qu'il s'intéressait à l'Egypte.
Mais pas du tout, c'était en référence à la vie de cette future sainte, ex-travailleuse du sexe. Elle avait voulu aller en pèlerinage en Terre Sainte, en vue de se convertir, et elle a financé son voyage par les moyens que vous imaginez...

Bref, il a fallu à ce séminariste supporter des cours à la noix, tout en gardant la foi. Parfois, le professeur l'interrogeait, énonçant une proposition absurde et hérétique : "Qu'est-ce que vous en pensez ?..."
Alors il prenait un air très, très pensif, secouant légèrement la tête en disant lentement, et avec beaucoup de conviction : "Hh... ça ouvre des pistes !...".
Ce qui ne veut évidemment rien dire, mais cette conduite lui a valu d'être considéré comme un séminariste particulièrement réfléchi et "ouvert". Et d'être ordonné.

Comment parvenir à un bon résultat en utilisant des moyens un peu tangents...

Ainsi, vous devrez faire preuve de beaucoup de prudence.

Consacrez votre vocation à la Vierge Marie (Reine du Clergé).
Et ne vous découragez jamais. La vocation sacerdotale est un don extraordinaire de Dieu.

Merci, mon Père, pour votre message de soutien et vos conseils. Je me retrouve tout à fait dans la description que vous avez faite de votre ami prêtre -- sauf que j'ai parfois à du mal à me taire quand j'entends certaines immondices sortir de la bouche de quelques professeurs (nombre d'entre eux baignent dans le nominalisme, l'historicisme ou le libéralisme). Mais l'ambiance reste tout de même amicale. Je pense d'ailleurs qu'ils (certains professeurs et formateurs) ne redoutent pas tant les positions philosophiques traditionnelles que l'idée que l'on puisse décider un jour de revêtir la soutane et d'encourager, pour des raisons doctrinales (et non pas de sensibilité), la communion sur langue ou l'assistance à des messes selon la forme extraordinaire. Je dis cela parce qu'on m'a déjà indirectement interrogé sur ces questions avant qu'on ne me confère un ordre -- sentant le piège, j'ai été alors très prudent et un peu évasif dans mes réponses. L'interrogateur avait l'air satisfait de mes réponses, mais intérieurement je l'étais moins après ce compromis.

Je ne manquerai pas en tout cas de consacrer ma vocation à Notre Dame du Clergé et faire une prière à sainte Marie l'Egyptienne.

Bien à vous,
Winston

In Christo

Comme je l'imagine, vous avez demandé à vos supérieurs l'autorisation d'utiliser Internet et de vous inscrire sur un forum. Pour une raison que j'ignore ils ont accepté mais ont posé comme condition de connaître votre pseudo et donc la teneur de vos messages. Le mieux serait donc d'en parler avec eux, et rien qu'avec eux, non ?

Attente ac devote:



Bienvenue, Winston! Pierre

Merci ! Quant à votre affirmation : pas du tout, mes supérieurs ne sont au courant de rien (je discerne évidemment avec mon père spirituel), mais peut-être que je leur en parlerai plus tard si les choses s'éclairent. Nous avons par ailleurs un accès facile à internet dans nos chambres. Comme dit, le cadre est très libéral !

Bien, je ne vous dirai pas ce que j'en pense...de peur que le schtroumpf à lunettes ne se transforme en schtroumpf rabat joie.

Je prie pour vous.
A mon humble avis les années de formation sont primordiales dans une vie sacerdotale et si vous vous posez la question sur l'opportunité de rejoindre un institut traditionnel, c'est que vous avez déjà la réponse.
Pardonnez ma franchise mais ne perdez pas vos années après une telle prise de conscience sur le caractère libéral de votre environnement.

... car à ce stade je préférerais avoir audience avec Grand Schtroumpf :)

Merci pour vos prières et vos conseils ! Oui, je suis d'accord avec vous concernant la formation ; et c'est pour cela que je me pose la question tous les jours depuis le mois de mars dernier (durant lequel j'ai réellement pris conscience de cet environnement). Je pense finir en tout cas mon année et je réfléchirai entretemps aux divers lieux de formation qui sont disponibles (instituts ED ou même FSSPX, si par miracle les accords se font).

Resté à la maison?
P.S. Je continue à croire dans le NOM malgré de maintes déceptions.

" croire EN..."

mais il encouragera tout de même les troupes à aller combattre sur les plages de Normandie ;)
Pour le NOM, je suis heureux que vous arrivez à y croire malgré tout ! Pour ma part, j'y arrive de moins en moins. Car même s'il y a d'heureux signes d'amélioration, j'ai de plus en plus l'impression, à travers études et expériences, qu'il s'y trouve quelques principes inhérents qui demeurent contradictoires ou même étrangers à la Tradition. Un exemple parmi d'autres : on y trouve un principe (peut-être implicite) de créativité, alors qu'on cherche à faire du NOM une messe normative. Il n'est pas étonnant alors que, trop souvent, les messes ne se ressemblent plus !

très belle, célébrée partiellement en latin, mais pas ad orientem

Je vous souhaite la bienvenue !

Merci de votre présentation.

Si le FC a réussi à vous faire, c'est déjà ça !

Plus sérieusement, je comprends votre situation, et le tiraillement que vous décrivez.

À un moment le choix s'imposera entre le NOM et le VOM : « Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres ».

Si le FC a déjà réussi à vous faire rire (il manquait un mot), etc.

....de faire le bon choix, et le plus tot possible. Le temps est precieux.

et j'espère que les intervenants du FC continueront à nourrir ma réflexion et mon éventuelle décision. Quand à votre dernière observation, il devient de plus en plus clair en tout cas (notamment après mes expériences personnelles, mes études sur les origines et l'application scandaleuses du NOM, et les nombreuses interventions que j'ai lu sur le forum) qu'il s'agit de deux formes franchement inconciliables. La question est donc de savoir si un compromis avec une forme intrinsèquement déficiente en vaut la peine. Et, prenant exemple sur Notre Maître et Seigneur Jésus-Christ, j'avoue que je n'arrive pas à voir comment le compromis pourrait contribuer au salut des âmes ; d'où mon interrogation.

Je comprends vos interrogations.
Tout dépend de ce que votre diocèse vous fera avoir comme pastorale. Ce n'est pas sûr qu'on vous laisse faire du bien selon les règles de l'Eglise, qui sont les seules efficaces.
On peut vous imposer la soumission à des laïcs déformés (je devrais peut-être dire contre-formés) et qui, du fait des absolutions collectives, ne se sont pas confessés depuis des décennies.

Bon courage, avec l'assurance de mes prières.
Votre dévoué Paterculus

et je constate de plus en plus cette réalité sur le terrain. La question est donc de savoir s'il est possible de faire des compromis avec ces règles de l'Eglise, et ma foi me répond "non". Mais, en même temps, j'aimerais pouvoir aider certaines personnes qui, parfois même sans le savoir, cherchent à connaitre et à vivre de ces règles. C'est donc un gros dilemme.

Merci pour l'accueil et pour vos prières. Je vous assure aussi des miennes.
Winston
In Christo

Merci, Cher Monsieur l'Abbé, de votre présentation si intéressante.

Avoir "découvert" la Tradition est déjà, me semble-t-il, une grâce dont vous bénéficiez.

Quant à vos interrogations, il est vrai qu'il est, d'une certaine manière, plus facile d'exercer dans un institut dédié, qu'au sein d'un diocèse.

Je connais toutefois - notamment dans mon propre diocèse - nombre de jeunes prêtres, qui parviennent à allier leur soif des âmes en paroisse et leur exigence de continuer ce que "l'Eglise a toujours fait", selon l'heureuse expression du Cher Monseigneur Lefebvre.

Les deux charismes sont, à mon sens, complémentaires et doivent continuer précisément à se compléter d'heureuse manière.

Encore une fois, bienvenue parmi nous.


Saint Médard, priez pour nous !


Bertrand TRIBOUT

J'espère que vous ne buvez pas et ne fumez pas autant que l'autre Winston, le célèbre gros poivrot britannique ???

je ne touche plus aux cigarettes depuis des années, ne bois de l'alcool que très rarement et trouve que la rhétorique churchillienne a de moins en mois de goût avec l'âge. Ah si, cette expression garde quand même toute sa saveur : "Jamais dans l'histoire des conflits humains tant de gens n'ont dû autant à si peu" !

Soyez un prêtre, profondément, et j'insiste sur ce mot, profondément marial....Et vous réussirez!
Lucas.

Je vous remercie de tout coeur pour ce rappel et ce conseil fondamental !

Omnes cum Petro, ad Iesum, per Mariam

Connaissez-vous la fable du séminariste et du prêtre diocésain ? Avec toutes mes prières.

*

Suivez-moi, dit le diocésain ; vous aurez un bien meilleur destin.
Le séminariste reprit : Que me faudra-t-il faire ?
Presque rien, dit le diocésain : donner la chasse aux gens
Portant soutane, et latinisants ;
Flatter l'équipe d'animation paroissiale, à son évêque complaire ;
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons (6) :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse.
Le séminariste déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du diocésain, pelé :
Qu'est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? rien ? Peu de chose.
Mais encor ? Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché ? dit le séminariste : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu'importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.

Ayant appuyé par erreur sur "envoyer" plutôt que sur "prévisualiser", mon message est parti avant que toutes les adaptations nécessaire soient réalisées... Alors en prose, bien entendu dans un institut Ecclesia Dei, les prêtres ne font pas ce qu'ils veulent, mais ce qu'on leur demande correspond à leur vocation.

Se retrouver prêtre en forme ordinaire diocésain soumis à l'évêque quand on a découvert la forme extraordinaire et la théologie qui va avec, cela risque d'être une terrible épreuve.

Si l'évêque est bienveillant, si la situation s'y prête, il vous concèdera la célébration en forme extraordinaire une fois par mois, ou dans la semaine, rarement plus. Et cela fait beaucoup de "si". Et côté théologie, il ne concèdera rien et les laïcs-engagés de la paroisse encore moins.

Avec un Institut Ecclesia Dei vous ne serez peut-être pas affecté où vous voulez, mais vous oeuvrerez peut-être plus efficacement au salut des âmes !

Cela étant, je ne fais que redire ce que vous avez vous-même écrit dans votre message. J'ajoute donc: bienvenue, et en union de prières.
Bon et saint dimanche,
Gaspard.

PS. Ici vous pouvez lire l'interview d'un jeune prêtre diocésain qui a découvert la messe traditionnelle, mais qui paraît regretter de ne pas avoir connu un institut traditionnel au moment où il est rentré au séminaire diocésain :

Abbé Desaint : Je suis né dans le diocèse de Beauvais ; j’ai grandi dans ce même diocèse. Ma foi s’est également enracinée dans ma paroisse de résidence où nous allions, en famille, à la messe chaque dimanche. Ainsi, lorsque je me suis posé la question d’être prêtre, il m’a paru assez naturel de m’adresser à l’évêque du lieu. Le fait de connaître déjà un peu le diocèse, d’avoir des contacts réguliers avec des prêtres locaux et des séminaristes a été aussi une dimension déterminante dans ce choix.

A l’époque je n’ai pas particulièrement pris en compte la situation du clergé certainement plus difficile dans un diocèse essentiellement rural comme le mien. Je connaissais des prêtres du diocèse ; le contact était favorable, c’était l’essentiel de mon point de vue. On sait qu’être prêtre ce n’est pas être simplement un fonctionnaire du culte, mais être capable d’aider les fidèles à rencontrer Dieu. Cela se fait certainement plus facilement lorsque l’on connait leur mentalité, leur enracinement social ainsi que leur histoire.

Aujourd’hui, pour les jeunes qui souhaitent devenir prêtre, la question se pose souvent d’intégrer l’une ou l’autre communauté reconnue par l’Église (Communauté saint Martin, Fraternité Saint Pierre, etc.). Pour ma part, je connaissais très peu ces communautés à l’époque où j’ai décidé de devenir prêtre ; je n’ai donc pas examiné particulièrement ces possibilités extra-diocésaines. Avec leur essor récent, leur influence et leur attrait sont certainement plus forts. La plupart des diocèses n’ont plus cet atout d’attractivité et voient bon nombre de jeunes partir sous d’autres horizons ecclésiaux.

Source

Ce prêtre a réalisé un guide pratique pour prêtres pour apprendre à célébrer la messe traditionnelle : présentation ici par exemple.