Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas More

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ami de la Miséricorde -  2017-08-01 00:57:37

Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas More

XIV. LA MANIE DU SCRUPULE

(...) C'est le diable qui trouble de cette façon de nombreuses âmes droites. Il le fait pour les amener à pécher gravement. Il essaie d'obséder l'esprit par l'idée de la rigoureuse justice divine, de lui faire oublier l'idée réconfortante de la pitié de Dieu et de lui couper tout élan dans ses bonnes œuvres, de telle sorte qu'il n'y trouve plus la moindre consolation.

Au stade suivant, le démon en arrive, à force de la décourager, à dégoûter sa victime de toutes les bonnes œuvres et de tous les exercices spirituels, lui suggérant je ne sais quelle doctrine fallacieuse ou quelle théorie faussement latitudinaire. Il le rend bien plus coupable encore en lui faisant croire qu'il va trouver bientôt dans ces opinions trompeuses le moyen d'apaiser sa conscience. Le malheureux tombe alors dans le laxisme, sa conscience devient aussi large qu'elle était étroite au stade précédent. Pourtant, mieux vaut encore une conscience un peu trop étroite qu'une conscience un peu trop large.

Quand j'étais petit garçon, ma mère employait, pour garder ses enfants, une bonne vieille qu'on appelait mère Maud. En avez-vous entendu parler ?

VINCENT : Oui, souvent.

ANTOINE : Quand elle s'asseyait avec nous près du feu, elle nous racontait des histoires. Pline dit qu'il n'est pas de livre si mauvais qu'on n'y puisse glaner quelque idée utile, moi je pense qu'il n'est guère d'histoire d'enfant qui ne puisse illustrer l'une ou l'autre pensée.

Elle nous conta, une fois, l'histoire de l'âne et du loup qui s'en allèrent se confesser au renard. Le pauvre âne s'en vint un jour ou deux avant le mercredi des Cendres. Mais le loup n'y voulut point penser avant les Rameaux ; puis il remit la chose de jour en jour jusqu'au vendredi saint.

Avant de le bénir, le renard demanda à l'âne pourquoi il venait si tôt, avant même le commencement du carême. Le pauvre animal répondit qu'il craignait de perdre le bénéfice des prières que les prêtres dans ces jours de purification disent pour ceux qui se sont déjà confessés. Il s'accusa d'une faute qui lui causait un cuisant remords : un jour, il avait mis son maître en colère en l'éveillant au petit matin par son braiment peu harmonieux.

Le renard, en confesseur avisé, lui ordonna de ne plus recommencer, mais de dormir lui-même, comme un bon fils jusqu'au lever de son maître. De la sorte il serait assuré de ne plus le réveiller.

La confession de l'âne se poursuivit. La raconter toute serait beaucoup trop long. Il considérait toutes ses actions comme des péchés mortels : pauvre âme, et si scrupuleuse ! Mais son sage et avisé confesseur compta ces fautes pour des bagatelles (ce qu'elles étaient en effet). Puis il déclara au pénitent qu'il était fatigué de l'écouter, et qu'il aurait mille fois préféré passer tout son temps à table devant une belle oie bien grasse. Mais quand vint le moment d'indiquer une pénitence, le renard déclara que le plus gros péché de toute cette confession était la gloutonnerie. Aussi ordonna-t-il à l'âne de ne jamais faire tort à aucun animal pour se procurer de la nourriture. Mais à part cela, ajouta-t-il, l'âne devait manger tranquillement, sans se faire de souci. (...)

Source : livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde

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