Traité de l’oraison et de la méditation de Saint Pierre d'Alcantara

Le Forum Catholique

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ami de la Miséricorde -  2017-04-03 22:35:36

Traité de l’oraison et de la méditation de Saint Pierre d'Alcantara

CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion

JEUDI
Méditation sur le couronnement d'épines, sur l’Ecce Homo,
sur Notre-Seigneur portant sa croix et rencontrant sa sainte Mère


(...) Par là tu peux te former une idée, ô mon âme, de l'état dans lequel parut alors le Sauveur, puisque le juge crut qu'il suffisait de le montrer pour briser le cœur de pareils ennemis. Comprends aussi combien il est indigne qu'un chrétien n'ait pas compassion des douleurs de Jésus-Christ, puisqu'elles étaient si grandes, qu'au jugement de Pilate, elles devaient amollir des cœurs si endurcis.Voyant cependant que tous les supplices qu'on avait fait subir à ce très-doux Agneau ne suffisaient pas pour adoucir la fureur de ses ennemis, le juge rentre au prétoire et s'assied sur son tribunal pour prononcer la sentence définitive sur cette cause.

Déjà, aux portes, était la croix, instrument du supplice ; déjà commençait à se déployer en l'air ce redoutable étendard menaçant la tête du Sauveur. La cruelle sentence est enfin prononcée, elle est promulguée ; soudain les ennemis ajoutent cruauté à cruauté ; ils chargent sur ses épaules si meurtries, si déchirées par les coups de verge, le bois pesant de la croix. Ce tendre Sauveur ne refuse pas néanmoins de se courber sous ce fardeau qui n'était autre que celui de tous nos péchés ; que dis-je ? Par amour pour nous, il embrasse la croix avec une charité et .une obéissance infinies. L'innocent Isaac s'achemine donc vers le lieu du sacrifice avec ce fardeau si accablant sur ses épaules si affaiblies. Une grande multitude le suit ; là sont aussi plusieurs pieuses femmes qui l'accompagnent de leurs larmes. Et qui aurait pu ne pas verser des pleurs à la vue du Roi des anges gravissant la montagne du Calvaire avec une charge si pesante, les genoux tremblants, le corps incliné, les yeux modestes, le visage ensanglanté, avec cette guirlande à la tête, au milieu de ces honteuses clameurs et de ces vociférations que l'on proférait contre lui ?

Cependant, ô mon âme, détourne quelques instants tes regards de ce cruel spectacle ; va en toute hâte, navrée de douleur, exhalant tes gémissements et tes plaintes, va à la demeure de la Vierge ; dès que tu seras en sa présence, tombe à ses pieds, et dis-lui avec l'accent de la plus amère douleur :« Ô Souveraine des Anges, Reine du ciel, Porte du paradis, Avocate du monde et Refuge des pécheurs, Salut des justes, Allégresse des saints, Maîtresse des vertus, Miroir de pureté, Gardienne de la chasteté, Modèle de patience et vivant abrégé de toute perfection ! Grâce, grâce, ma Souveraine ! Pourquoi ma vie a-t-elle été conservée jusqu'à cette heure ? Comment puis-je vivre, ayant vu de mes yeux ce que j'ai vu ? Pourquoi en dire davantage ? Je viens de quitter votre Fils unique et mon Maître ; il est entre les mains de ses ennemis, il porte sur ses épaules une croix sur laquelle il va être immolé. »(...)

Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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