Une bien triste histoire

Le Forum Catholique

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PEB -  2017-02-20 00:35:46

Une bien triste histoire

Il va falloir recoller les morceaux. Comme le dit si bien XA, le cœur de nombreux jeunes et moins jeunes fidèles doit être en miette. Il y a dans le message de ce pauvre abbé comme un parfum de scandale. L'époque préfère les explications à la première personne mais la pudeur aurait commandé la troisième sous la forme d'un communiqué du vicaire général.

Comment accompagner le peuple chrétien dans le deuil d'un pasteur qui se suicide en direct? Car il y a de cela. Il a rompu la confiance que Dieu lui avait accordé pour guider son troupeau. Comme sa pastorale faisait appel à la sensibilité affective des foules, on perçoit l'ampleur de la rupture amoureuse. J'ose cette comparaison car la paroisse imaginait sans doute bénéficier de l'affection spirituelle exclusive de son vaillant curé. Et là, rien: ce n'était que du vent.

Affirmer que c'est Dieu qui le rapproche de sa fiancée est inaudible en l'état. Il n'y a nulle part la pénitence du pécheur qui évoque à demi-mot sa faiblesse humaine et son espérance envers la Providence malgré les vœux rompus. Malgré une forme gentillette, ce texte est d'une violence...
Au moins Choderlos de Laclos eût été plus direct:
« On s’ennuie de tout, mes Anges, c’est une loi de la Nature ; ce n’est pas ma faute.
« Si donc je m’ennuie aujourd’hui d’une paroisse qui m’a occupé entièrement depuis six mortelles années, ce n’est pas ma faute.
« Si, par exemple, j’ai eu juste autant de foi que vous d'espérance, & c’est sûrement beaucoup dire, il n’est pas étonnant que l’une ait fini en même temps que l’autre. Ce n’est pas ma faute.
« Il suit de là, que depuis quelque temps je vous ai trompés : mais aussi, votre impitoyable charité m’y forçait en quelque sorte ! Ce n’est pas ma faute.
« Aujourd’hui, une femme que j’aime éperdument exige que je vous sacrifie. Ce n’est pas ma faute.
« Je sens bien que vous voilà une belle occasion de crier au parjure : mais si la nature n’a accordé aux prêtres que la constance, tandis qu’elle donnait aux paroissiens l’obstination, ce n’est pas ma faute.
« Croyez-moi, choisissez un autre curé, comme j’ai fait une autre maîtresse. Ce conseil est bon, très bon ; si vous le trouvez mauvais, ce n’est pas ma faute.
« Adieu, mes brebis, je vous ai pus avec plaisir, je vous quitte sans regret : je vous reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n’est pas ma faute. »

A ce sujet, je me souviens d'un frère des Ecoles Chrétiennes qui m'avaient rapporté l'histoire amoureuse sincère qu'il avait vécu quoiqu'il fût déjà dans l'Institut. Sa tendre amie l'avait alors restauré dans sa vocation par ces mots définitifs: "Je t'aime et parce que je t'aime, sois frère!"
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