G&S 5, CEC 634-635-1286, Spe Salvi 47

Le Forum Catholique

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Praecantor -  2012-09-05 10:55:59

G&S 5, CEC 634-635-1286, Spe Salvi 47

Les éléments magistériels que j'ai déjà cités donnent des pistes de réponse pertinentes. Nous sommes d'accord que le travail théologique reste à parfaire, mais on voit cependant bien poindre dans le magistère une réponse de plus en plus précise à cette question.

Gaudium et Spes n°5

En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal.



CEC 634 :

La Descente aux enfers est l’accomplissement, jusqu’à la plénitude, de l’annonce évangélique du salut. Elle est la phase ultime de la mission messianique de Jésus, phase condensée dans le temps mais immensément vaste dans sa signification réelle d’extension de l’œuvre rédemptrice à tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux, car tous ceux qui sont sauvés ont été rendus participants de la Rédemption.




CEC 635

Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Mt 12,24 Rm 10,7 Ep 4,9) afin que "les morts entendent la voix du Fils de l'Homme et que ceux qui l'auront entendue vivent" (Jn 5,25). Jésus, "le Prince de la vie" (Ac 3,15), a "réduit à l'impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort" (He 2,14-15). Désormais le Christ ressuscité "détient la clef de la mort et de l'Hadès" (Ap 1,18) et "au Nom de Jésus tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers" (Ph 2,10).



CEC 1286 (2ème édition du CEC)

“Ceux qui (...) cherchent sincèrement Dieu et s’efforcent d’accomplir sa volonté, peuvent être sauvés, même s’ils n’ont pas reçu le Baptême (cf. LG 16)”.



Spe Salvi : (n° 47)

“La rencontre avec Lui est l’acte décisif du Jugement. Devant son regard s’évanouit toute fausseté. C’est la rencontre avec Lui qui, en nous brûlant, nous transforme et nous libère pour nous faire devenir vraiment nous-mêmes. Les choses édifiées durant la vie peuvent alors se révéler paille sèche, vantardise vide et s’écrouler. Mais dans la souffrance de cette rencontre, où l’impur et le malsain de notre être nous apparaissent évidents, se trouve le salut. Le regard du Christ, le battement de son coeur nous guérissent grâce à une transformation assurément douloureuse, comme « par le feu ». … Il est clair que la « durée » de cette brûlure qui transforme, nous ne pouvons la calculer avec les mesures chronométriques de ce monde. Le « moment » transformant de cette rencontre échappe au chronométrage terrestre – c’est le temps du coeur, le temps du « passage » à la communion avec Dieu dans le Corps du Christ”.



Dans l'idée de la théologie ratzingerienne, le salut ou la damnation se fait par une rencontre ou un refus de rencontre du Christ. Cette rencontre (ou absence de rencontre) se fait de toutes façons dans le mystère de la mort : c'est la descente aux enfers du Credo célébrée le Samedi Saint, et explicitée par le CEC 634-635. Et cette rencontre peut être anticipée (ou non) dans les sacrements, et en particulier le premier d'entre eux le baptême, mais aussi les autres et en particulier la pénitence, l’eucharistie, l'ordre. C'est intéressant en particulier parce que cela réhabilite largement une anthropologie mise à mal dans nos régions par un certain jansénisme tiré d'une mauvaise lecture de Saint Augustin. Notre vie a un sens dans la plan divin dans la mesure où dès maintenant, et indépendamment de ce qui justement se passe dans la mort, elle est le lieu d'un possible épanouissement de notre existence terrestre dans la vie trinitaire, une vie éternelle qui commence au baptême, voulue par la providence, exercée dans les sacrements et en dehors de ceux ci, la prière, et lien particulier la première d'entre elle, la prière liturgique. Notre vie n'est donc pas uniquement orientée en fonction de notre attitude lors de la dernière seconde avant notre décès. Et c'est donc aussi dans le même temps la bonne réponse à l'hérésie pélagienne, et à un certain arianisme... Et c'est pour cela que cette théologie résout beaucoup de problèmes concernant la question de l'interreligieux, puisqu'elle rappelle la justesse et la nécessité de l'apostolat et de l'importance terrestre des sacrements.

Elle permet aussi de répondre aux interrogations d'Aline. Si les bébés avortés ne sont pas privés de la vision béatifique, peut être peut sont ils au purgatoire parce que toujours marqués par le péché originel, et que notre intercession peut les faire accéder à la communion trinitaire pleine et entière. Nos prières pour eux ne sont donc probablement pas inutiles et c'est bien ça je pense que sous entend Jean Paul II dans Evangelium Vitae.

Le problème évidemment, c'est que cette vision s'oppose à celle de Saint Augustin, bien sûr mais aussi à celle de Saint Thomas. Tout le monde le reconnaît, de la FSSPX (qui la désapprouve) à la CTI (qui l'approuve). Et qu'elle a du coup du mal à passer "dans nos milieux". Mais si cette vision novatrice promue au XXème et XXème siècle est confirmée par le magistère, ce ne sera pas la première fois que ce dernier contredit le docteur commun.
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