Le cher abbé Daniel vd réclame la mansuétude et la miséricorde.

Elle ne peut pas venir, car non seulement elle semble étrangère aux purs et aux durs qui nous dirigent actuellement (il suffit de voir les réactions des deux abbés de Saint-Nicolas), mais de plus (ou surtout), les exclusions des abbés Laguérie, Héry, auparavant de l'abbé Aulagnier et bientôt de l'abbé de Tanouarn, ont comme fondement, non avoué ou à demi-mot, une épuration.

Dans une épuration, on ne doit pas faire preuve de mansuétude et de miséricorde. Car il y a un but à atteindre. En l’occurrence, se débarrasser des abbés qui ne sont pas assez dans la ligne ou comme l’a dit Jean Madiran, « dont les têtes dépassent ».

Epuration qui s’étend à tous ceux qui les soutiennent. Y compris aux plus petits d’entre nous, telle dame du ménage à Saint-Nicolas, ceux dont la prière est la plus fervente, la plus agréable à Dieu car elle ne fait pas de bruit (souvenez-vous du pharisien et du publicain Monsieur l’abbé de Cacqueray).

Tous les moyens sont bons pour arriver à cette fin épuratrice. Les moyens employés sont tous mauvais ce qui tendrait à démontrer que leur fin est mauvaise :
- le refus de la justice,
- l’absence totale de charité,
- l’appel au lynchage populaire (« il faut les empêcher de nuire »),
- le mensonge (Mgr Williamson a prétendument retiré son patronage d’un congrès considéré comme une entreprise de subversion alors qu’il est un rassemblement de catholiques),
- la calomnie (l’abbé Laguérie a désobéi gravement à un ordre légitime de mutation),
- le dénigrement téméraire : ces prêtres n’auraient aucune vie spirituelle (voir les bons vœux de l’abbé de Cacqueray) alors qu’il est manifeste que les fruits de leur apostolat, la dignité avec laquelle ils célèbrent les saints mystères, et la profondeur de leurs sermons démontrent qu’ils sont mûs pas une charité et une foi profondes et qu’ils la vivent. Qui n’a d’ailleurs approché ces prêtres qu’on abborhe ? Comme l’a dit Petrus, c’est un plaisir de les côtoyer.

Alors oui, ils ont des têtes qui dépassent et elles dépassent car elles sont bien faites et bien pleines. Et les têtes bien faites et bien pleines de prêtres missionnaires, enthousiastes et passionnés provoquent forcément des jalousies dont les pires sont les jalousies ecclésiastiques. Et qu’on se comprenne bien, je ne dis pas que ces prêtres n’ont pas de défaut. Mais ils ont les défauts de leurs qualités, ce qui nous changent de ces clercs lisses, sans aspérité, en un mot insaisissables, tristes saints et parfois tristes sires, en un mot des gens fades.

C’est vrai et il faut le comprendre, ces prêtres qu’on agonit d’injures ecclésiastiques (c’est-à-dire généralement tout en onctuosité) ont un certain esprit d’indépendance. Forcément. Car les faits les y poussent. Comment ne pas l’avoir quand on est étouffé par le carcan tatillon et administratif de ceux que l’abbé Laguérie a pu qualifier d’apparatchiks ? Comment peuvent-ils accepter qu’une église du 14ème siècle à Metz soit achetée pour en faire un musée car les comptables de Suresnes ont réclamé des certitudes qui n’existent qu’une fois la promesse de vente signée (y aura-t-il un droit de préemption de la mairie, que dira la commission de sécurité, etc.).


Doit-il ne rester qu’un tas de ruines et de cendres fumantes après une telle opération de manque de justice et de charité sacerdotale ? Mais qu’importe puisque nous sommes entre nous.

Il ne faut pas faire de vague. On l’a vu avec l’affaire des dons et legs bloqués. L’avocat de la Fraternité devait paraît-il relire pratiquement jusqu’au moindre sermon pour voir s’il n’offenserait pas les pouvoirs publics devant qui la FSSPX était à genoux pour qu’on leur donne les soussous. Ce qui explique la décision de l’abbé Laguérie dans l’affaire de Saint-Germain l’Auxerrois.

On comprend qu’après ça, Suresnes ne veuille pas qu’on parle de la Laïcité le 6 février puisqu’elle s’en est fait l’esclave.

L’affaire de l’expulsion à Gavrus en est me semble-t-il la manifestation terriblement actuelle: l’abbé Gaud, récemment ordonné à grands renforts de trompettes à Saint-Nicolas (l’abbé Laguérie n’a jamais obtenu que la moindre ordination ne soit faite à Saint-Nicolas), expulsé à l’occasion de sa première messe par les pouvoirs publics. Quel scandale. Et personne n’a réagi ? On a laissé un adjoint ou je ne sais qui entrer dans le chœur pour éteindre les cierges sans réagir ? Mais pensez-vous que cela se serait passé avec un abbé Laguérie, un abbé Aulganier, un abbé de Tanouarn ? Il y avait une occasion unique, providentielle puisque c’est l’anniversaire de la loi Combes, de se révolter, de montrer du panache, de dire que le maire du village violait la loi de 1905 en prétendant avoir un droit de regard sur l’affectation de l’église et l’exercice du culte, autorisé en l’occurrence par le curé de la paroisse. Il fallait s’accrocher aux bancs. Mettre des petites vieilles en première ligne avec leurs chapelets. Une résistance PACIFIQUE eût obligé le maire à appeler le Préfet, les gendarmes à appeler leur hiérarchie. Et de provoquer peut-être un débat médiatique sur la laïcité.

Il faut plaire. Mais on ne plait pas en faisant des concessions. En se cachant. En ne faisant pas de bruit dans des chapelles alléluia. L’avant-dernier numéro de Fideliter comportait deux articles de plusieurs pages sur la merveille que constituait l’ouverture de deux chapelles alléluia, l’une dans l’Ouest, l’autre je crois à Metz (tiens ?). Comment les catholiques de tradition peuvent-ils s’en satisfaire ? Nous devrions avoir honte de ces hangars industriels, pour Dieu d’abord, pour nous ensuite, et pour l’apostolat que nous ne pouvons y faire.

Et qu’on ne fasse pas le coup de la fable que nous ressassent les faibles et les neo-piedistes (quelle expression cher Justin). Car l’expérience prouve qu’on peut acheter ou se faire confier des églises en toute légalité : dans la région de Lyon, à Bergerac, à Marseille, à Noisy-le-Grand, à Saintes et à Bordeaux et j’en oublie. Il suffit juste d’avoir de la volonté…et de le faire contre Suresnes.

Obéissez ! Non, désolé, pas dans ces conditions. L’autorité n’est pas une fin en soi. Elle est au service du bien commun et de la Vérité.

Mais pour cela, il ne faut pas considérer que c’est convertir n’importe qui que de faire venir de nouveaux paroissiens à Saint Eloi. Il faut oublier les règlements administratifs, il faut ouvrir les cordons de la bourse au lieu d’être assis sur un tas d’or (on comprend le réflexe après avoir rampé pour qu’il soit débloqué).


En un mot, pour les affaires de foi et de doctrine, l’intégrité.
Et, pour le reste, de la subsidiarité pour ces pr^tres, de la liberté, et pas d’intégrisme.
Comme le disait Paul Romain dans Monde et Vie : « de l’air » !