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La Vie : Recadrage maçonnique pour la secrétaire d'État Marlène Schiappa
par Sacerdos simplex 2017-07-08 12:44:03
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Curieuse affaire et curieux article !

http://www.lavie.fr/actualite/societe/recadrage-maconnique-sur-twitter-pour-la-secretaire-d-etat-marlene-schiappa-30-06-2017-83350_7.php

Extraits :

Sur le réseau social Twitter, une empoignade publique sur la laïcité et le féminisme entre deux personnalités manifestement francs-maçonnes est significative des tensions qui parcourent les obédiences humanistes.

Une polémique de plus ? Alors que la nouvelle secrétaire d'État à l'Égalité femme-homme, Marlène Schiappa, avait déjà à son palmarès depuis sa nomination il y a à peine un mois une controverse dans Libération avec Alain Finkielkraut, c'est cette fois sur Twitter qu'elle fait parler d'elle. Invitée à l'Assemblée générale du Centre national d'information sur les Droits des femmes et des familles, le 28 juin dernier, Marlène Schiappa a eu ce tweet : « Nos politiques publiques d'égalité femmes hommes doivent être adaptées à la spécificité de chaque territoire. » Une petite phrase d'apparence anodine, caractéristique du néo-féminisme dont se revendique la secrétaire d’État, et qui lui a valu une volée de bois vert de la part des féministes universalistes.
Or, dans les nombreuses réponses que le tweet de Marlène Schiappa a suscitées, l’une d'elles peut interpeller l'observateur. Elle émane de Françoise Laborde, longtemps journaliste sur France 2, puis membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel, aujourd'hui engagée dans diverses causes – elle parraine l'association Le Refuge, qui accueille de jeunes homosexuels rejetés par leurs familles, et a fait partie des premières personnalités à s'engager publiquement pour les Chrétiens d'Orient. Voici le tweet en question, ainsi que le dialogue qui s'ensuit avec un autre commentateur, appelé Cincinatus :
(...)
Le profane ne verra dans ce dialogue un peu abscons qu'une certaine tendance à l'emphase ou à l'humour : qu'il s'agisse du « J'ai dit ! » qui clôt la première réponse de Françoise Laborde, ou des généralités suivantes sur la « force », la « vigueur », la « sagesse », la « beauté », etc. Mais l'initié, lui, interprètera un peu différemment ce dialogue.
Car les mots utilisés dans cette conversation sont des mots rituels du premier degré (apprenti) de la franc-maçonnerie, communs à au moins deux des rites les plus pratiqués en France : le Rite écossais ancien accepté (REAA) et le Rite français (RF). « J'ai dit » est en effet la phrase rituelle par laquelle un franc-maçon conclut une planche, c'est-à-dire un court exposé sur un sujet donné dans le cadre d'une « tenue » (réunion réservée aux maçons). Quand Cincinnatus renchérit en disant : « Il faut continuer le combat de l'universalité avec force et vigueur », il utilise là aussi une formule rituelle commune à plusieurs rites : quand la réunion maçonnique a été interrompue et qu'elle reprend, le Vénérable Maître (le président) dit : « Les travaux reprennent force et vigueur ». Ce à quoi Françoise Laborde réplique : « Surtout pour qui sait épeler ! » Là encore, l'allusion au rituel est transparente : le catéchisme du grade d'apprenti du REAA, par exemple, définit le franc-maçon comme celui qui « ne sait ni lire ni écrire et ne sait qu'épeler ». Ce disant, Françoise Laborde dit clairement qu'elle considère, à tort où à raison, Marlène Schiappa comme l'une de ses sœurs en maçonnerie
Traduit en français commun, ce dialogue ressemble donc à un recadrage en règle d'une franc-maçonne par une autre. Outre le fait qu'il s'agit de deux personnalités publiques qui n'ont jusqu'ici ni l'une ni l'autre parlé de leur appartenance supposée en public, le côté incongru de cette affaire réside dans le fait qu'elle se déroule... en public, justement. Car si chaque franc-maçon est libre de révéler sa propre appartenance ou de la cacher, il fait serment au jour de son initiation de ne jamais dévoiler l'appartenance d'un autre franc-maçon. D’ailleurs, alors que Françoise Laborde et Cincinnatus continuent de citer le rituel (« Chère Françoise et sœur de combat, je vous souhaite de tout cœur : force, beauté et sagesse ! – Qu’elles nous éclairent, nous soutiennent et ornent nos chemins »), un twittos de passage laisse échapper ce commentaire agacé (ou - qui sait ? - amusé) : « C’est bon, on a compris le message "lumineux", inutile de défoncer "la porte du temple" ».
(...)
Une telle entorse publique à l'étiquette maçonnique est révélatrice des tensions qui agitent la franc-maçonnerie dite « adogmatique », celle qui, du Grand Orient de France à la Grande Loge féminine de France en passant par la Grande Loge de France, se préoccupe de sujets sociétaux. Car la rupture est désormais consommée entre « anciennes » (féministes universalistes, pour qui les droits de la femme sont inaliénables, quelles que soient les cultures et les époques) et « modernes », pour qui le féminisme doit s'adapter à chaque culture sous peine de n'être qu'un avatar du colonialisme. Ce second féminisme, dont se réclame plus ou moins ouvertement la nouvelle secrétaire d'État, défend par exemple le droit à l'autodétermination des femmes musulmanes, afin que celles qui souhaitent porter le voile intégral le puissent, quand les premières veulent l'interdiction du vêtement controversé. En un mot, une femme musulmane voilée à qui on demande de retirer son voile est-elle une victime aliénée du sexisme à caractère religieux que l'on libère ou une musulmane consciente des implications de son geste dont on viole la conscience avec un paternalisme colonialiste ?
Parce qu'il touche à deux sujets fondamentaux pour la gauche – la laïcité et le féminisme –, le sujet est explosif dans tous les organisations se réclamant du progressisme. Au Parti socialiste, le candidat malheureux à la présidentielle, Benoît Hamon, penchait plutôt du côté des néoféministes, comme l'écrasante majorité des cadres de son parti. Le candidat Macron s'était bien gardé, de son côté, d'aller si loin dans l'analyse : il s'était contenté de reprendre le plus petit dénominateur commun des deux féminismes (accès sans frein à la contraception et à l'IVG) ; mais sa conception anglo-saxonne de la laïcité le rapproche là aussi des néoféministes.
Il semble que la ligne de fracture séparant néo-laïcs et néo-féministes d'un côté, et laïcs et féministes old school de l'autre passe aussi par les obédiences. Les premières seraient plutôt à la Grande Loge féminine de France, où le féminisme historique serait supplanté au niveau des instances de gouvernement par des représentantes du néo-féminisme. Le dernier Convent (assemblée générale annuelle) de la GLFF aurait ainsi été houleux, un appel à soutenir Benoît Hamon ayant été évité de justesse par les « historiques ». Les seconds seraient plus présents au sein du Grand Orient de France, désormais mixte.
Une chose est en tout cas certaine, si les débats autour de la laïcité devaient rouvrir dans un avenir proche, les francs-maçons – comme les autres catégories philosophiques et religieuses de France – ne parleront pas d'une seule voix.
*****
On notera que le dit Jacques T. fait suivre son nom de la lettre arabe
ن qui est l'initiale de Nazaréen : la lettre que les jihadistes écrivaient sur les maisons des chrétiens pour les détruire ensuite. Comme quoi il ne suffit pas nécessairement de défendre telle ou telle cause chère aux chrétiens, pour être digne de confiance à 100 %.

     

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