Bonjour, bon dimanche et merci.

Au moins depuis le début de l'avant-Concile sous Pie XII, et même si beaucoup ne s'en sont pas aperçus avant la fin des années cinquante ou le début de l'Eglise catholique, ce qui ne nul ne leur reproche, l'Eglise catholique inflige à elle-même, ou bon nombre d'hommes d'Eglise infligent à l'Eglise catholique, une crise qui est en fait une mutation inscrite dans la durée et dans la profondeur.

Contrairement à la version officielle, cette crise n'est pas seulement une crise d'adaptation au monde contemporain, fort différent, il est vrai, du monde antérieur à 1945, ou une crise d'application du Concile Vatican II, c'est-à-dire une crise de prise en compte et de mise en oeuvre des "quasi-dogmes" rénovateurs suivants : l'adaptation, l'évolution, l'innovation, notamment liturgique, l'ouverture, l'unité.

En d'autres termes, cette crise n'est

- pas seulement une crise d'adaptation "instrumentale", dans l'ordre des moyens, c'est-à-dire une crise d'adaptation des structures et des relations de l'Eglise catholique au monde contemporain,

- ni seulement une crise d'application "instrumentale", dans la sphère des moyens, c'est-à-dire une crise d'application du Concile Vatican II par les structures et par les relations de l'Eglise.

Cette crise ne relève pas seulement de ce qui est instrumental, et qui est situé dans l'ordre des moyens, mais relève avant tout de ce qui est fondamental, et qui est situé dans l'ordre des fins.

Cette crise est avant tout une crise d'affirmation, d'identité, d'intégrité et d'orientation de l'Eglise catholique et des hommes d'Eglise qui en sont les représentants et les responsables.

Il est faux de dire que cette crise n'a commencé qu'au début des années 1960 : (re)lisez l'Histoire des crises du clergé français contemporain, de Paul Vigneron.

Il est faux de dire que cette crise n'a eu lieu que dans les années 1960 et les années 1970, et n'a repris que depuis le début des années 2010 : il y a eu de nombreux symptômes de cette crise, du début du pontificat de Jean-Paul II à la fin de celui de Benoît XVI, le développement du dialogue interreligieux, développement doctrinalement et qualitativement "post-orthodoxe" ou, en tout cas, pastoralement et quantitativement disproportionné, constituant l'un des principaux symptômes de cette crise, des années 1980 aux années 2000, jusqu'à aujourd'hui.

Nous sommes manifestement en présence de clercs

- qui préfèrent fréquemment l'auto-dépassement, presque eudémoniste jusqu'à l'immanentisme et presque oecuméniste jusqu'à l'unanimisme, à l'auto-affirmation dite souvent "communautaire" et "identitaire", ou "inconciliante" et "intransigeante" du catholicisme,

- qui préfèrent fréquemment une relative ou remarquable fidélité sélective et tendancieuse à l'Ecriture, à la Tradition, au Magistère, à une intégrité et à une orientation susceptibles de les amener à se faire traiter d'archaiques et d'intégristes ou, en tout cas, de nostalgiques et de passéistes.

En fait il ne veulent pas que le regard et le discours de l'Eglise soient avant tout ou par principe à la fois chrétiens et contra-positionnels (je n'ai pas dit : diabolisateurs), notamment dans l'ordre du croire, que ce soit en présence des confessions chrétiennes non catholiques, des religions non chrétiennes, ou de l'homme et du monde contemporains, considérés en ce qu'ils ont de relativement spécifique.

C'est un peu comme si le Christ lui-même n'avait pas été, en son temps, et n'était pas toujours, pour notre temps, l'incarnation du chrétiennement contra-positionnel, y compris dans l'ordre du croire.

Bon dimanche.

Scrutator.

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