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Vers une remise en cause du célibat sacerdotal ?
par Ennemond 2017-03-31 09:19:50
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Le 16 mars 2017, le site de la Fraternité Saint-Pie X aux Etats-Unis commentait un entretien accordé par le pape François à Die Zeit où il était question de permettre l’ordination sacerdotale d’hommes mariés.

Dans son édition du 9 mars 2017, l’hebdomadaire allemand Die Zeit, dans lequel l’entretien (avec François) a été publié, rapporte que de « multiples voix », en Allemagne, y compris certains évêques diocésains et des dirigeants d’associations laïques catholiques, ont remis en question la discipline pérenne de l’Eglise sur l’obligation du célibat sacerdotal. Au cours des années, les conseillers et amis du pape, y compris le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican, et le cardinal Claudio Hummes, ancien préfet de la Congrégation pour le clergé, ont envisagé la possibilité d’un changement de la discipline. Le Saint-Père a dit que le célibat du clergé devait être le sujet du prochain Synode des évêques, bien que ce thème ait été rejeté par le Conseil ordinaire qui organise la réunion périodique du Synode.

Les déclarations publiques du pape François sur l’ordination d’hommes mariés ont été pragmatiques et modérées. En 2016, il a exclu la suppression de l’obligation du célibat sacerdotal, en disant que « cela devrait rester tel quel ». Mais dans le passé et de nouveau dans ce récent entretien à Die Zeit, il a mentionné l’ordination de viri probati, des hommes mûrs, de foi et de vertu éprouvées, comme une « possibilité » à laquelle « nous devons penser ». Selon lui, ces hommes mariés pourraient être ordonnés à titre exceptionnel dans les diocèses où la pénurie de prêtres est un « énorme problème ». « Nous devons également déterminer quelles tâches ils peuvent accomplir, par exemple dans les communautés éloignées », a-t-il signalé.

De l’ordination d’hommes mariés au mariage des prêtres ?
En réaction à cette ouverture du sacerdoce à des hommes mariés, l’abbé Jean-Michel Gleize, professeur d’ecclésiologie au séminaire d’Ecône, a fait paraître, le 17 mars, un article sur le site de la Fraternité Saint-Pie X en France, intitulé Vers le mariage des prêtres ?

A quoi peut bien rimer le projet de François ? A une pure et simple régression, contraire à l’esprit de l’Eglise. L’excellence du sacerdoce réclame un état de vie proportionné, à l’exemple du Christ et des apôtres. Par son célibat et sa chasteté absolue, le prêtre est un exemple et un signe. Exemple du renoncement et de la vertu parfaite à laquelle doivent tendre les fidèles. Signe de l’excellence de la vie de l’esprit, qui est la vie même de Dieu, sur la vie terrestre et simplement corporelle. Signe aussi de l’excellence de la contemplation des réalités éternelles, par rapport aux convoitises de la chair et à la vie mouvementée d’ici-bas. Cette excellence est telle que la pénurie de prêtres ne saurait fournir un prétexte pour la remettre en cause. L’Eglise a toujours préféré la qualité à la quantité. Et le meilleur moyen d’obtenir davantage de vocations n’est-il pas de recourir à la prière et à la pénitence, pour mériter d’abord des saints prêtres et ensuite beaucoup de saints prêtres ? Ce sont là des moyens proportionnés, puisqu’ils sont d’ordre surnaturel, comme la vocation qu’ils nous méritent.

Pire encore, le dessein du pape ouvre la voie à une évolution qui ne s’arrêtera probablement pas à mi-chemin. Après avoir admis en principe et répandu dans la pratique l’ordination d’hommes mariés, il sera bien difficile de reculer devant le mariage des prêtres. Et il ne manquera pas de doctes esprits pour expliquer au bon peuple de Dieu le caractère inéluctablement positif de l’évolution : après tout, que le mariage ait lieu avant ou après l’ordination, cela ne change pas grand-chose. L’essentiel est d’avoir admis la compatibilité des deux.

Ce genre de manœuvre, s’il s’avère opérant, aura eu son premier banc d’essai avec Amoris lætitia. Tout en réaffirmant le principe de l’indissolubilité du mariage, le pape y autorise en effet une pratique contraire à ce principe, en admettant que les couples concubins ou divorcés remariés bénéficient dans l’Eglise du même traitement pastoral que les couples légitimement mariés. De même, tout en réaffirmant la loi du célibat, il sera possible, en pratique, d’agir au rebours de cette loi, c’est-à-dire d’ordonner prêtres les hommes mariés, puis même de marier les prêtres. Et ce, bien sûr, « dans certains cas », en raison du manque de prêtres. N’est-ce pas là ce que l’on devrait désigner, en propres termes, comme une « morale de situation » ?

Défense du célibat sacerdotal

Dans la Lettre à nos frères prêtres de juin-septembre 2013 (Nos 58-59), on pouvait lire un dossier résumant clairement la position traditionnelle de l’Eglise, sous le titre Pour la défense du célibat sacerdotal.

Une pratique universelle et constante

Dans une Eglise qui se veut essentiellement fidèle à la Tradition, cette pratique universelle et constante du célibat consacré ne peut être traitée comme une simple coutume humaine, révocable à volonté. Au contraire, elle nous induit à penser que le célibat ecclésiastique possède des liens profonds avec la Révélation elle-même.

Sens réel du célibat sacerdotal

Cependant, la seule pratique de l’Eglise n’est pas forcément et en soi normative : encore faut-il qu’elle soit appuyée sur des fondements issus de la Révélation divine ou de la nature des choses. C’est le cas pour le célibat sacerdotal, qui repose sur des motifs surnaturels de la plus haute valeur et s’enracine directement dans l’Evangile lui-même.

Sacerdos alter Christus, « le prêtre est un autre Christ ». Tel est le principe fondamental qui éclaire le sacerdoce catholique. Le sacerdoce du Christ est unique et définitif, et le sacerdoce des hommes, le sacerdoce ministériel (c’est-à-dire, étymologiquement, le sacerdoce des serviteurs) est une participation réelle à ce sacerdoce souverain. C’est donc le Christ lui-même qui est le modèle, le « type », celui auquel tout prêtre doit se conformer intimement pour que son sacerdoce participé prenne toute sa vérité.

Jésus-Christ, le vrai Prêtre, est resté vierge

Or, il est remarquable que Jésus-Christ, dans un monde où le célibat était quasi inconnu, sinon maudit, soit resté durant toute sa vie dans l’état de virginité. Cette virginité signifie chez lui la consécration totale et sans réserve à son Père : toutes ses énergies, toutes ses pensées, toutes ses actions appartiennent à Dieu. C’est par cette consécration totale, qui a été en Jésus jusqu’à l’union hypostatique, où la nature humaine ne s’appartient plus elle-même mais appartient directement à la Personne du Verbe, que le Christ a été constitué Médiateur entre le Ciel et la terre, entre Dieu et les hommes, c’est-à-dire Prêtre.

Le célibat comme consécration à Dieu

Ainsi, la virginité signifie et réalise la consécration, essence de ce sacerdoce du Christ : autrement dit, la virginité de Jésus découle de son sacerdoce et lui est intimement liée. Le prêtre humain, participant du sacerdoce du Christ, participe donc également à sa consécration totale à Dieu et, en conséquence, à sa virginité. Le célibat consacré du prêtre est alors une union intime et pleine d’amour à la virginité de Jésus, signe de sa consécration au Père. Telle est la première et plus fondamentale raison du célibat des prêtres.

L’amour du Christ pour l’Eglise

Si Jésus est resté vierge comme expression de sa consécration au Père, il l’a été également en tant qu’il s’est offert sur la croix pour son Eglise, afin de s’en faire une Epouse glorieuse, sainte et immaculée (cf. Ep 5, 25-27). La virginité consacrée du prêtre humain manifeste et prolonge donc également l’amour virginal du Christ pour l’Eglise et la fécondité surnaturelle de cet amour.
Cette disponibilité à aimer l’Eglise et les âmes se manifeste par la vie de prière du prêtre, par la célébration des sacrements et particulièrement du saint Sacrifice de la messe, par la charité à l’égard de tous, par la prédication continuelle de l’Evangile, à l’image même de la vie de Jésus. Chaque jour, le prêtre, uni au Christ Rédempteur, engendre les âmes à la foi et à la grâce, et rend présent au milieu des hommes l’amour du Christ pour son Eglise, que signifie la virginité.

Le signe du Royaume à venir

Si l’on examine, non plus la mission du Christ sur la terre, mais la pleine réalisation de cette mission dans le Ciel, on découvre une troisième cause de sa virginité et, en conséquence, de celle du prêtre. En effet, l’Eglise de la terre est le germe de l’Eglise du Ciel et en même temps le signe de cette vie bienheureuse. Ce que sera la béatitude céleste est déjà visible, mais voilé et comme en énigme, dans la vie terrestre de l’Eglise. Or, comme l’a dit avec force Notre-Seigneur, « à la résurrection, on ne prendra ni femme ni mari, mais tous seront comme des anges de Dieu. » (cf. Mt 22, 30) La virginité sera donc l’état définitif de l’humanité bienheureuse. Il convient que, dès cette terre, le signe de cette virginité brille au milieu des tribulations et des convoitises de la chair. Le célibat consacré du prêtre est ainsi, à l’image de celui du Christ, une anticipation de la gloire céleste, une préfiguration de la vie des élus et une invitation pressante pour les fidèles à marcher vers la vie éternelle sans se laisser alourdir par le poids du jour.

Le célibat des prêtres humains est donc une participation à la virginité du Prêtre suprême, laquelle exprime sa consécration totale au Père, rend possible son union à l’Eglise et annonce la vie bienheureuse du Ciel. (…)

Puis La lettre à nos frères prêtres répond à quelques objections courantes sur l’obligation du célibat sacerdotal.

Le clergé marié ne recrute pas mieux que le clergé célibataire
Lorsqu’on s’appuie sur la crise des vocations pour attaquer le célibat sacerdotal, on omet de souligner que les communautés ecclésiales qui admettent le mariage de leurs prêtres ou de leurs pasteurs connaissent les mêmes difficultés de recrutement que l’Eglise catholique de rite latin : tels l’orthodoxie, le protestantisme et l’anglicanisme. Le mariage des prêtres n’est donc pas une mesure spécialement efficace pour enrayer la chute des vocations. C’est plutôt l’affaiblissement de l’esprit de foi, la destruction de la famille chrétienne, le développement du matérialisme, les scandales énormes causés par certains prêtres, la ruine de la sainte messe par la réforme liturgique, etc., qui sont les causes réelles de la chute des vocations. Le don total à Dieu signifié par le célibat consacré est, au contraire, une lumière qui guide les âmes généreuses vers le ministère sacerdotal et l’une des principales sources de vocation.

Changer la loi parce qu’elle n’est qu’imparfaitement suivie ?
Les infractions à la loi du célibat, allant jusqu’aux scandales et aux apostasies, existent, il serait ridicule de le nier. Toutefois, ce n’est nullement une raison de rejeter le célibat consacré. Sinon, il faudrait également supprimer le mariage. Il existe, en effet, des infractions à la fidélité, des adultères, des divorces scandaleux. Cependant, la difficulté à garder cette fidélité conjugale n’est pas une raison de la supprimer. De la même façon, la difficulté de conserver la chasteté sacerdotale n’est pas une raison de supprimer le célibat, mais plutôt de l’enraciner chaque jour davantage dans un équilibre humain et dans une vie surnaturelle authentique. Vouloir supprimer le célibat parce qu’il n’est pas toujours respecté, c’est jeter l’enfant avec l’eau du bain, supprimer la voiture parce qu’il y a des accidents, abolir la nourriture parce qu’il y a des indigestions et ôter la vie parce qu’il y a des gens qui se suicident.

Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu
Prétendre que le respect du célibat s’avère impossible est faux sur les plans naturel et surnaturel. On sait, par la psychologie scientifique et philosophique, que la continence, y compris absolue, n’est nullement contre-nature. L’homme, être raisonnable et libre, est en mesure de maîtriser ses tendances physiques et affectives. Toutefois, il faut admettre que garder vertueusement et continuellement le célibat n’est pas donné ordinairement à la nature humaine blessée par le péché originel : en ce sens, le célibat du prêtre se fonde, non sur la seule nature, mais bien sur la grâce par laquelle Dieu rend possible ce qui est impossible à l’homme. Il est donc vrai que le célibat consacré demande une grâce particulière, mais que Dieu accorde sans réserve à celui qui s’est pieusement engagé à son service. Cette grâce le rend apte à rester fidèle à ses engagements, comme en témoigne l’immense légion des prêtres qui, depuis tant de siècles, ont fait briller au milieu de l’Eglise l’éclat magnifique d’une virginité sans tache.

La réponse de Mgr Lefebvre

Dans son article déjà cité, le district des Etats-Unis montre que le fondateur de la Fraternité Saint-Pie X avait répondu par avance à ces remises en cause du célibat sacerdotal.
A chaque crise du clergé à travers l’histoire, l’Eglise a toujours répondu en promouvant une authentique imitation du prêtre unique Jésus-Christ, exigeant la chasteté du clergé comme une identification plus parfaite au divin Modèle.

En soumettant les statuts de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X à l’approbation de l’Eglise il y a 50 ans, Mgr Lefebvre a providentiellement répondu aux problèmes du clergé qu’il avait entrevus quand il était archevêque de Dakar : « Devant la dégradation progressive de l’idéal sacerdotal, transmettre dans toute sa pureté doctrinale et dans toute sa charité missionnaire, le sacerdoce catholique de Notre-Seigneur Jésus-Christ, tel qu’il l’a transmis à ses apôtres et tel que l’Eglise romaine l’a transmis jusqu’au milieu du XXe siècle. » (Itinéraire spirituel, 8 décembre 1989)

(Sources : Die Zeit/sspx/lpl/lnfp – DICI n°352 du 31/03/17)
Lettre à nos frères prêtres – 11 rue Cluseret – 92280 Suresnes Cedex. Le n° : 3 € ; abonnement annuel (4 numéros) : 10 € ; pour les prêtres : 5 €

     

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