Je vous remercie, cher Meneau, d'avoir poursuivi l'enquête sur cette question intéressante !
Dans le cas de la surdité, si on peut obtenir une dispense, c'est qu'il n'est donc pas nécessaire à la validité du sacrement que le prêtre s'entende prononcer les paroles ? Car il me semble que même le pape ne pourrait dispenser d'un élément essentiel à la forme divinement instituée du sacrement ?
C'est évident.
La consécration doit être vocale, pas seulement mentale, mais le fait d'entendre matériellement l'énoncé ne paraît pas essentiel.
D'ailleurs, la raison pour que la surdité peut poser problème, selon les moralistes (voir les liens que j'ai donnés), est le fait que le prêtre n'entend pas les réponses des ministres (
cum non possit audire vocem Ministri), pas d'abord le fait qu'il ne s'entend pas lui-même.
Quant à la mutité, je n'arrive pas à saisir la raison de l'impossibilité de dispense : il y a différentes formes de mutité. Pour celui qui n'a pas de langue, évidemment on voit mal comment il pourrait articuler distinctement les paroles de la consécration. Mais si c'est un problème de cordes vocales, il peut très bien chuchoter et ça peut même être très audible ? Quel serait alors l'empêchement ?
Oui.
J'avais songé à une langue arrachée (par accident ou par un crime) et un tel cas, bien évidemment, est irrémédiable.
Mais sûrement, comme vous le faites remarquer, il doit y avoir diverses formes, divers degrés, de mutité, comme il y en a de cécité, qui permettraient le cas échéant une dispense papale.
Il faut certainement être en mesure de former, même à peine audiblement, mais vocalement, labialement, les paroles de la forme du sacrement. Votre exemple du prêtre de 1951, Vicente Penido, le premier dans l'histoire de l'Église apparemment, examiné rigoureusement à ce qu'il paraît à Rome même, au Saint Office, le démontre ("foi submetido a rigoroso exame de pronúncia do Santo Ofício") : il s'agit bien d'une obligation, d'être en mesure de vocaliser au moins la forme essentielle.
Bon, certes, Jean XXIII c'est peut-être déjà un peu trop récent pour vous...
Certes, mais le 30 avril 1967 n'est pas trop tard pour une première messe
Ceci dit, nous voyons bien que ces cas de dispense ne remontent pas au-delà des années 50, et il n'y en a que deux.
Cela explique que même le très complet
Tractatus canonicus de sanctissima Eucharistia du pas encore cardinal Gasparri de 1897 en deux tomes que j'avais encore regardé hier en soirée n'en dit rien.
Et ce contrairement à la cécité ou la malvoyance, qui ont même donné l'occasion à des impressions adaptées de missels d'autel en très grands caractères :