Amoris Laetitia redonne au pénitent sa dignité à travers l’exercice de sa liberté et au nom d’une exigence qui, en réalité, est renforcée !
C’est la lecture des critères d’application d’AL par les évêques de Malte qui me suscite cette réflexion.
A un chrétien qui se trouve dans une situation irrégulière, il est désormais demandé explicitement de faire un chemin de repentir, d’examiner sa conscience, de discerner ce qui l’éloigne de l’idéal évangélique. Plutôt que de laisser à des textes ou à l’autorité (pastorale ou juridique) le soin de décider ce à quoi il a droit et ce à quoi il n’a pas droit (décision du confesseur ou des tribunaux ecclésiastiques), c’est lui-même qui va se trouver, avec l'aide de son confesseur, devant cette grave responsabilité devant Dieu de prendre librement la décision qui le regarde seul avec son Créateur. Et bien sûr, les autres n’auront pas à juger ce qui ne les regarde pas, le for interne du pénitent.
Cette décision, il doit la prendre, après s’être obligé à éclairer sa conscience avec l’aide de son confesseur. Et cette exigence est tout sauf anodine. Le rôle du confesseur, la conscience même du confesseur, sont mis là aussi face à Dieu. Il n’y a plus de faux-semblants, de situation commode où le confesseur lui-même pouvait se cacher derrière une règle théorique ou une décision juridique (déclaration de nullité). On peut même penser que ceux qui auront obtenu une déclaration de nullité sans être, en conscience, convaincus de la nullité de leur mariage, devront aussi répondre à Dieu de leur action.
Qui est moins indigne de s’approcher de la communion eucharistique entre d’une part celui (ou celle) qui a obtenu une déclaration de nullité alors même qu’il n’est pas totalement innocent de la destruction de son couple, et d’autre part celui (ou celle) qui n’a pas obtenu cette déclaration alors même qu’il (ou elle) est, en conscience, convaincu que cette première union n’était pas réelle bien qu’il ou elle ait tout tenté pour sauver son couple dans un souci d’éducation des enfants ? Et pourtant, jusqu’ici, la règle permettait à l’un de communier et pas à l’autre. Avec Amoris Laetitia, c’est plutôt l’inverse qui se passerait.
Celui ou elle qui, en conscience, décidera, après ce chemin de conversion, de ne pas s’approcher de la table eucharistique, le fera librement et en conscience, et non pas par une contrainte issue d’une règle théorique. On peut penser que cela sera notamment le cas quand une personne aura décidé de vivre l'abstinence, comme le sous-entendent les évêques Maltais. Et celui ou celle qui s’approchera de la table eucharistique, alors même que sa conscience n’a pas été suffisamment éclairée, et qui par conséquent n’a pas encore conscience de pécher, on peut espérer que le cheminement de conversion qu’il ou elle aura commencé lui permettra d’y voir de plus en plus clair et finalement reconnaître son péché. Il ou elle cessera alors peut-être de communier jusqu’à ce qu’il ou elle se soit davantage approché de l’idéal évangélique.
En conclusion, Amoris Laetitia, qui ne change bien évidemment pas la doctrine, donne l’occasion à chacun d’examiner sa conscience en vérité. La pastorale d’Amoris Laetitia est, si elle est appliquée en vérité, beaucoup plus exigeante qu’un ensemble de règles tranchées par le Magistère. On ne peut plus se cacher derrière des prétextes. C’est bien, me semble-t-il, le type de réforme que souhaite le Pape François.
Ion
Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel.
Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici.
D'avance, merci !