Bonjour et bon dimanche, Jean-Paul PARFU.
Commençons donc par essayer de caractériser cette "hérésie", et nous verrons que, le plus souvent, elle ne constitue pas une hérésie formelle, ou explicitée et formalisée, dans l'acception classique de la notion d'hérésie.
A mon avis, nous sommes en présence d'une hérésie "cliogyre futuriste". Le but de la manoeuvre, et j'emploie volontairement cette expression, compte tenu de l'habileté manoeuvrière de ceux qui oeuvrent dans ce but, est à peu près le suivant :
- faire aller les catholiques en direction d'une conciliation systématique entre le mouvement "christogyre" catholique et un mouvement "cliogyre" futuriste, chronolâtre ou cosmolâtre,
ou, si vous préférez,
- réduire ou soumettre la mobilisation et le positionnement des fidèles, en direction du mouvement "christogyre" catholique, à une mobilisation et à un positionnement en direction d'un mouvement "cliogyre" futuriste, plutôt partenaire qu'adversaire de l'esprit du moment ou du monde présent.
En d'autres termes, je vous parle de clercs qui ont tendance à avoir une vision restrictive et sélective des signes des temps, parce qu'ils adhèrent plus ou moins à la notion de "sens de l'histoire".
C'est je le crois la raison pour laquelle ils s'expriment d'une manière "fataliste", ou d'une manière qui consiste à "minimiser", face aux origines et aux conséquences de l'auto-décatholicisation du catholicisme contemporain.
Il importe peu, dans ces conditions, que tel ou tel dialogue, telle ou telle réforme, soit fécond(e), au sens de : propice à la conversion et à la sainteté : ce qui importe, c'est que ce dialogue, cette réforme, soient plutôt en accord, en ligne, en phase, avec les signes des temps, ou plutôt : avec le sens de l'histoire, avec l'inspiration et l'orientation "divines" attribuées à l'histoire, le suivisme étant accolé, voire préféré, à la sainteté.
Si ma tentative de caractérisation de "l'hérésie" dont il est question ici est appropriée, elle permet de comprendre pourquoi la concrétisation de cette hérésie risque de finir par déboucher sur la formation d'une véritable religion de l'oxymore, dans le cadre de laquelle on considère en substance que MOINS les catholiques connaissent et comprennent, respectent et transmettent, tenez-vous bien, LEUR PROPRE CONFESSION CHRETIENNE, et PLUS ils sont disponibles, "non structurés a priori", pour aller à la fois dans le sens du Christ et dans le sens de l'histoire, ou pour aller dans le sens du Christ, assimilé ou subordonné au sens de l'histoire.
Dans le cadre de cette religion de l'oxymore, LA GUERRE C'EST LA PAIX. Je répète à dessein : LA GUERRE C'EST LA PAIX. La "guerre", le dissensus, contre les catholiques conservateurs ou traditionnels, est la condition sine qua non, ou le prix à payer, pour qu'il y ait la "paix", le consensus, avec les chrétiens non catholiques, avec les croyants non chrétiens, avec les non croyants.
Et l'on voit bien, à partir de là, que cette hérésie est avant tout, mais n'est pas seulement, cliogyre futuriste : elle est aussi "alliancelle" ou "conjuguale", en amont et en vue d'une perspective de "grand mariage", plus christique que chrétien, de l'Eglise catholique avec le monde contemporain.
Il y a quelque chose qui est très révélateur, dans le discours des clercs sur et contre "ce qui ne va pas" dans le monde contemporain : il y est bien plus souvent question de déplorer des problèmes non religieux (des abus, des excès, du désordre, des exclusions, des injustices, des oppressions, de la violence), qu'il n'y est question de dénoncer les mensonges (axiologiques, idéologiques) qui sont à l'origine de ces problèmes, je dirais même LE MENSONGE qui est à l'origine de ces mensonges, et qui a un caractère fondamentalement religieux, explicitement ou implicitement anti-chrétien.
Le monde contemporain, pour des raisons fondamentales, fonctionne à l'apostasie, à l'égolâtrie, à l'idolâtrie, et c'est bien souvent ce que ne veulent pas voir les adeptes et les apôtres de cette hérésie cliogyre futuriste, à tendances ou à tentations "chronolâtres" ou "cosmolâtres", et "alliancielles" ou "conjuguales".
Evidemment, dans cet ordre d'idées, force est de constater que depuis la fin des années 1980 ou le début des années 1990 (je pense ici à l'effondrement du communisme soviétique), et plus encore depuis la fin des années 2000 ou le début des années 2010 (je pense ici à la construction de la désunion européenne), LA OU IL Y A DE LA GENE, IL N'Y A PAS DE PLAISIR...
Bon dimanche.
Scrutator.