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À Béziers, face à Robert Ménard, l’Église veut résister à la division
par XA 2016-10-14 18:50:22
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À Béziers, face à Robert Ménard, l’Église veut résister à la division
MARIE-LUCILE KUBACKI publié le 14/10/2016 sur la vie.fr



« Ça y est ils arrivent... » Sur les affiches anti-migrants placardées dans sa ville de Béziers (Hérault), Robert Ménard utilise l'image de la cathédrale. Pour La Vie, l'évêque de Montpellier et le curé de la paroisse réagissent.

« C’est une affiche que je trouve regrettable et déplorable. Contrairement au message qu’elle véhicule, je ne me sens pas encerclé. Mais le but d’une telle campagne d’affichage est de susciter la polémique et nous ne voulons pas tomber dans un tel piège. En même temps, il faut être clair, cette affiche ne correspond ni à l’Évangile, ni aux paroles du pape François en termes d’accueil de l’autre ».
Interrogé par La Vie, l’archevêque de Montpellier, Mgr Pierre-Marie Carré, se montre donc ferme face au message véhiculé par les affiches qui ont récemment fleuri dans le centre ville de Béziers. Il estime en outre qu’il ne suffit pas de « donner des leçons tranquillement dans son fauteuil », mais qu’il faut que les chrétiens montrent l’exemple et s’engagent personnellement dans l’accueil des « naufragés humains » en prenant au sérieux la demande du pape François d’accueillir des migrants dans les paroisses.
« Évidemment, nous avons conscience que la situation est complexe, ajoute-t-il. L’année dernière un groupe de migrants arrivés dans un foyer de Sète est reparti car ils voulaient rejoindre l’Angleterre. En d’autres endroits des familles syriennes ont pu être accueillies et il faut saluer cela. Tout en prenant en compte la complexité de la situation, nous devons sérieusement répondre à cette question : comment aider ces personnes à vivre dans le diocèse ? »


Nous n’avons pas eu notre mot à dire sur l’utilisation de l’image de la cathédrale sur les affiches de Robert Ménard.


Rappel des faits : le maire de Béziers, élu avec le soutien du Front national, qui a décidé d’organiser un référendum sur l’accueil des réfugiés dans sa ville le 8 janvier 2017, une initiative qui doit être soumise au vote du conseil municipal le 18 octobre, a récemment mené une campagne d’affichage pour le moins problématique.
Sur ces affiches, on peut lire la phrase suivante : « L’État nous les impose, ça y est ils arrivent… Les migrants dans notre centre-ville ». En cause, l’extension d’un centre de demandeurs d’asile d’une quarantaine de places dont Robert Ménard dit ne pas avoir été informé par la préfecture de l’Hérault. Au premier-plan, un groupe figurant les migrants. À l’arrière-plan, la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers. Une symbolique qui fait clairement référence à la théorie du « grand-remplacement » à laquelle l’élu se réfère régulièrement. Une thèse, très prisée dans les milieux d’extrême-droite, selon laquelle il existerait une conspiration destinée à remplacer la population européenne, de culture chrétienne, par une population non-européenne d’Afrique noire ou du Maghreb de culture musulmane, qui s’achèvera par la conquête de l’Europe par la civilisation arabo-musulmane. Ainsi, Robert Ménard avait déclaré début septembre sur LCI : « Être Français c'est aussi, comme le disait le général De Gaulle, être européen, blanc et catholique, bien sûr. »
Ses références à l’Église sont nombreuses. Début décembre 2015, il déclarait lors d’un meeting de Marion Maréchal Le Pen vouloir « retrouver la France de Charles Martel ». Fin décembre, il critiquait le fait que des musulmans protègent les églises lors de la messe de Noël à l'église de La Devèze à Béziers, ironisant : « Depuis quand les pyromanes protègent des incendies ? » En août, sur le site Boulevard Voltaire dont il est le cofondateur, il commentait les propos du pape sur la violence religieuse (« Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique »), estimant que François était « comme ces bobos des beaux quartiers ».

Les mouvements terroristes pensent toujours qu'ils tireront bénéfice de la situation de chaos qu'ils vont créer. Il ne faut pas leur faire ce cadeau.



« Bien évidemment nous n’avons pas eu notre mot à dire sur l’utilisation de l’image de la cathédrale sur les affiches de Robert Ménard et les gens qui me connaissent savent que je ne soutiens pas ce dénigrement des étrangers », répond quant à lui le père Bernard Boissezon, recteur de la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers qui fait lui aussi part de sa perplexité face au piège que représente la logique de « buzz » et la médiatisation de ce type de polémique, de plus en plus fréquente.
Plutôt que de réagir à chaque nouvelle sortie du maire, le père Boissezon préfère mener un travail en profondeur. Avec d’autres prêtres de Béziers, il a participé à la rédaction d’un document distribué dans les paroisses pour discuter, après les attentats, de la peur de l’islam qui rejaillit sur les migrants, appelant les chrétiens à opérer un « travail intérieur » et à mener un « combat spirituel » pour « passer de la peur à la foi » et à la confiance. Par ailleurs, tout en reconnaissant qu'il faut soutenir « une lutte obstinée » contre les terroristes, les auteurs de ce document estiment « honteux de profiter du terrorisme pour jouer sa propre carte politique » et ils mettent en garde contre le piège des « têtes pensantes » du terrorisme : « Leur souhait est de provoquer une grande répression à l'égard des musulmans vivant en Europe afin que ceux-ci, par réaction, rejoignent les rangs des terroristes et créent le chaos. Les mouvements terroristes pensent toujours qu'ils tireront bénéfice de la situation de chaos qu'ils vont créer. Il ne faut pas leur faire ce cadeau. » À bon entendeur.
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"Face aux attentats" : le texte signé des prêtres de Béziers

Face aux attentats... la colère, la peur et l'espérance
Tous les attentats qui ont endeuillé notre pays nous ont profondément touchés. Cependant, l’assassinat, cet été, du père Jacques Hamel nous a particulièrement bouleversés. Il était clair que nous, chrétiens occidentaux, après beaucoup d'autres, nous sommes aussi la cible de terroristes qui se revendiquent de l'islam.
Nous, prêtres et équipe d'animation pastorale de Béziers et du Biterrois, nous désirons vous apporter quelques éléments pour votre réflexion, pour les échanges entre vous, pour votre prière.
Une question est lancinante : Pourquoi des jeunes gens et jeunes filles, nés et éduqués chez nous en France, peuvent-ils se laisser entraîner dans une folie meurtrière au nom d'une religion ?
Chaque cas est complexe et particulier, beaucoup de facteurs entrent en jeu (revenus, logement, chômage...) mais soulignons deux situations qui fragilisent la jeunesse occidentale. La première c'est l'éclatement de beaucoup de familles qui ont alors du mal à donner à leurs enfants des repères solides pour une personnalité bien structurée. La deuxième est le vide spirituel qui se creuse dans nos sociétés. Les expressions publiques des religions ont tellement été marginalisées que les jeunes générations ont une culture religieuse et une formation spirituelle très légères et fragiles pour ne pas dire plus. Sur ces fragilités vient se greffer le mystère du mal. Pourquoi des êtres humains basculent-ils dans le sadisme et la cruauté absolus en prétendant servir quelque noble cause ? Ce mystère traverse toute la Bible et nous renvoie singulièrement à la mort de Jésus sur la croix ... innocente victime de la haine et de la violence sans borne.
Ce questionnement rejaillit aussi sur l'islam, une religion que nous connaissons peu. Même si les musulmans sont les premières victimes de Daech, il reste que c'est au nom de l'islam que les terroristes commettent leurs horreurs.
Les musulmans sont à la fois proches des chrétiens car ils croient en un Dieu unique, un Dieu qui est juge et miséricordieux, un Dieu qui s'est fait connaître et avec qui l'être humain est en relation. Le Coran parle d'Adam et Eve, d'Abraham, de Moïse, de Jésus et de Marie. Mais ces points de contact entre les deux religions ne doivent pas cacher de profondes différences. Le Coran et la Bible parlent du Dieu unique mais ils ne disent pas la même chose de ce Dieu, ils n'en ont pas la même image, les mêmes représentations1. Le message du coran refuse l'incarnation de Dieu, ne reconnaît pas Jésus comme le Fils de Dieu et conteste qu'il soit vraiment mort sur la croix. Ces différences ne sont pas superficielles, elles touchent au cœur de la foi.
Comme le christianisme l'islam est à l'origine de grandes civilisations. Les relations entre chrétiens et musulmans ont été très diverses selon les lieux et les époques. Les relations sont bonnes lorsque des deux côtés il y a une attitude respectueuse de la différence de l'autre. Nous avons de nombreux témoignages de grandes amitiés entre des hommes spirituels musulmans et chrétiens2.
Dire tout cela c'est lancer un appel à mieux nous connaître3 et donc à nous rencontrer4. Aujourd'hui certaines attitudes des croyants musulmans nous surprennent. Nous avons pris l'habitude d'être des chrétiens discrets (peut-être trop certains fois) et voilà que des musulmans s'affichent par des signes extérieurs et aussi des exigences particulières. Nous nous demandons légitiment ce que cela signifie. Est-ce un durcissement religieux, un repli communautaire, une peur de voir l'islam gommé par la laïcité, une sujétion de la femme... ? Pour le savoir il faut nous donner des occasions de communiquer entre nous, ce qui ne veut pas dire être toujours d'accord !
Mais revenons aux attentats pour nous demander quelles attitudes nous faut-il développer dans les situations tragiques que nous avons connues et qui hélas risquent fort de se reproduire.
Nos premières réactions dépendent évidemment de la sensibilité des uns et des autres mais quelques mots peuvent les exprimer : sidération, écœurement, révolte, haine, désir de vengeance... peur ! Chacun de nous doit assumer les sentiments qui naissent en lui et qui sont plus violents pour ceux et celles qui sont proches des victimes. Il n'y a pas de honte à ressentir tout cela et il ne serait pas sain de le nier, de faire comme si nous étions indemnes de sentiments obscurs.
Mais dans un deuxième temps il nous faut laisser place au travail de notre raison, de notre volonté, de notre foi. C'est en parlant sérieusement avec des proches, en lisant l’Écriture ou des auteurs spirituels, en priant que nous pouvons travailler et remodeler nos réactions premières.
Bien sûr il faut organiser et soutenir une lutte obstinée contre ceux qui voudraient bien nous détruire. On pourrait espérer une cohésion plus grande de notre société5 autour de ceux qui, à différents niveaux de responsabilité, sont chargés de nous défendre. Il est honteux de profiter du terrorisme pour jouer sa propre carte politique. Cependant si la lutte doit être vigoureuse elle ne doit pas être irréfléchie, déraisonnable. Elle ferait alors le jeu des « têtes pensantes » du terrorisme. Leur souhait est de provoquer une grande répression à l'égard des musulmans vivant en Europe afin que ceux-ci, par réaction, rejoignent les rangs des terroristes et créent le chaos. Les mouvements terroristes pensent toujours qu'ils tireront bénéfice de la situation de chaos qu'ils vont créer. Il ne faut pas leur faire ce cadeau.
Notre réaction de chrétien doit aussi se situer à un autre niveau, au niveau d'un travail spirituel intérieur. Si la haine et le désir de vengeance peuvent être des réactions spontanées, il n'est pas bon laisser s'installer dans notre cœur ces forces de mort. L’Évangile tient compte de la profondeur du mal et refuse toute compromission avec le péché mais il ouvre à l'espérance d'une victoire du bien sur le mal, de la lumière sur les ténèbres. C'est cette espérance qui suscite en nous la force d'avoir une réaction saine face aux puissances du mal. Nous savons qu'elles n'auront pas le dernier mot.
L'autre sentiment à travailler est la peur. C'est un combat spirituel que de passer de la peur à la foi, c'est à dire à la confiance. Non point une confiance naïve qui évacue toute prudence mais une confiance qui vient du Seigneur et s'appuie sur la belle profession de foi de Paul (Rm 8) « Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur »
Dès les premières années du christianisme et tout au long de son histoire l’Église a connu la persécution et a appris à la vivre. Nous ne pensions pas qu'elle pourrait venir jusque chez nous maintenant ! Dans la tradition la plus ancienne de l’Église, le chrétien, même en temps de persécution, ne doit pas rechercher la mort (en encore moins la donner aux autres). Le martyr c'est celui qui accepte la persécution et même la mort plutôt que de renier sa foi. Ainsi il devient un témoin (martyros en grec signifie témoin) de l'amour de Dieu en donnant sa vie comme le Christ. La persécution n'étouffe pas le chemin de la Bonne Nouvelle.
Pourrons-nous aller jusqu'au pardon ? Il ne faut pas vouloir y aller trop vite... nous risquerions d'être dans un faux pardon. Devenir capable de pardonner est un don de Dieu que nous pouvons demander. Jésus a pu pardonner à ceux qui le mettaient en croix et qui ne faisaient aucune démarche pour demander pardon. Pour être plus exact Jésus a demandé à Dieu de leur pardonner. « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font » Luc 23/34
Voilà quelques indications pour réfléchir, échanger, prier... dans la situation actuelle de notre pays et de notre Église. Nous
espérons qu'elles vous seront utiles et que vous pourrez les enrichir de votre propre expérience spirituelle.
Les prêtres et l'Equipe d'Animation Pastorale de Béziers

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1 Voir le texte de Mgr Pierre-Marie Carré : « Comment chrétiens et musulmans parlent-ils de Dieu ? » disponible sur internet.
2 La pièce de théâtre « Pierre et Mohamed » évoque l'amitié entre Mgr Claverie et son Chauffeur musulman. Voir aussi les livres de Christian Salenson sur Christian de Chergé et les moines de Tibhirine.
3 Cette année à Béziers un cours sur le dialogue inter-religieux est donné par le Père Lucas Lambert à la maison St Guiraud. Première rencontre lundi 10 octobre de 18h à 21h.
4 Depuis plusieurs années il existe à Béziers des rencontres islamo-chrétiennes qui se font à la Devèze. Il serait souhaitable qu'elles soient développées.
5 Voir la déclaration du Conseil Permanent de l’Épiscopat sur les élections qui auront lieu cette année. Disponible sur Internet.


Déclaration de Mgr Georges PONTIER, Archevêque de Marseille, Président de la Conférence des évêques de France
Le 26 juillet 2016, Jour de l'assassinat du Père Jacques Hamel.

« Des sentiments divers nous habitent en ces instants. Nous savons bien pourtant que seule, la fraternité, chère à notre pays, est la voie qui conduit à une paix durable. Bâtissons-la ensemble. J’invite tous les Catholiques de France à une journée de jeûne et de prière pour notre pays et pour la paix dans le monde ce vendredi 29 Juillet. Ici, à Cracovie, avec tous les évêques français présents, j’invite les jeunes de nos diocèses et de nos mouvements, à vivre le Chemin de Croix avec le Pape François à cette intention. Nous suivrons le Christ dans sa victoire sur la haine, la vengeance et la mort. Il est notre lumière et notre espérance. »

     

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