Messages récents | Retour à la liste des messages | Rechercher
Afficher la discussion

Bravo et merci, car c'est exactement cela.
par Scrutator Sapientiæ 2016-10-13 22:47:24
Imprimer Imprimer

Bonsoir et merci, Regnum Galliae.

1. Bravo et merci, car l'inadaptation paradoxale du Concile Vatican II découle exactement de ce que vous écrivez, ce qui ne signifie pas, j'essaierai d'y revenir, qu'elle découle uniquement de ce que vous écrivez.

2. Le Concile Vatican II a été, ou s'est voulu, un Concile d'adaptation à un contexte, or ce contexte a disparu, au plus tard à la fin des années 1980, avec

- la fin de la bipolarisation entre l'Est et l'Ouest,

- la fin de la bipolarisation entre le Nord et le Sud,

- le début de la fin de l'expansionnisme inflationniste économique et social, à l'Ouest,

voire

- le début de la fin de l'expansionnisme inflationniste axiologique et moral, à l'Ouest.

3. Au Concile, un effort considérable a été consenti pour que l'Eglise catholique s'adapte le plus massivement et le plus rapidement possible à ce contexte, apparu peu après 1945 et disparu peu avant 1990, et l'adaptation, y compris l'adaptation des structures mentales des catholiques, qui aurait dû pouvoir ne constituer qu'un moyen, mis au service d'une fin située en amont et en surplomb, est devenue une fin en soi.

4. L'inadaptation paradoxale du Concile Vatican II découle d'une autre raison : les documents du Concile qui ont le mieux ou le moins vieilli sont précisément ceux qui, au moins jusqu'à la mort de Jean-Paul II, ont le moins retenu l'attention de ceux qui ont été chargés d'appliquer, de mettre en oeuvre, le Concile, comme si ces textes, dont Dei verbum et Lumen gentium, avaient été jugés inadaptés, car pas assez assimilables ou subordonnables à la mystique de l'adaptation permanente qui, elle, s'est développée en prenant appui sur d'autres textes : les textes d'adaptation des réflexions et des relations de l'Eglise catholique, face aux confessions non catholiques, aux religions non chrétiennes, à l'homme et au monde contemporains.

5. Le caractère inadapté du Concile saute littéralement aux yeux, quand on étudie les ouvrages d'histoire qui permettent de comprendre d'une manière concrète, détaillée, jour après jour, ce qu'a été "la fabrique du Concile" : certes, sans Vatican II, l'Eglise catholique aurait été probablement encore moins en phase, ou encore plus en décalage, vis-à-vis du monde contemporain, mais avec Vatican II, bien des hommes d'Eglise se sont efforcés de rejoindre le monde contemporain dans une partie de ce qu'il a de plus éloigné ou opposé au Credo, au Notre Père, au Décalogue, non pour exhorter le monde contemporain à la conversion chrétienne, mais pour exhorter l'Eglise catholique à une "conversion" "humaniste" de sa propre manière de penser, de parler, de vivre.

6. On est d'autant plus saisi par le bien-fondé de la question qui se trouve à la fin de votre message : "Que voulez-vous qu'un tel concile pastoral ait à nous dire aujourd'hui ?", quand on entend et voit tant et tant de clercs, qui pourraient au moins

- tenter de prendre appui sur Dignitatis humanae et sur Dei verbum, pour pouvoir dire non à telle conception actuellement dominante de la liberté et de la vérité en matière religieuse,

ou

- tenter de prendre appui sur Unitatis redintegratio et sur Lumen gentium, pour pouvoir dire non à telle conception actuellement dominante du dialogue oecuménique,

se refuser aussi souvent à le faire, et se refuser à dire "oui, bien sûr", à tel document du Concile, DONC "non, bien sûr", à telles aspirations, évolutions, innovations, orientations, caractéristiques de l'actualité, que ce soit dans l'Eglise catholique ou dans le monde extérieur à l'Eglise catholique.

7. En d'autres termes, nous sommes en présence d'un Concile d'adaptation, fort peu propice à... l'adaptation des catholiques

- qui veulent vraiment rester inspirés par Jésus-Christ, dans la Foi, l'Espérance, la Charité,

et, dans le même temps,

- qui sont confrontés à de l'adversité morale et spirituelle, comme c'est le cas dans le monde actuel.

8. A ces catholiques, humiliés, intimidés, ringardisés ou stigmatisés par la persécution culturelle actuelle, ce Concile n'a pas grand-chose à dire, dans la mesure où les hommes qui ont fait Vatican II ont été en contact avec un monde dans lequel cette persécution culturelle n'avait pas encore commencé ou ne faisait alors que commencer.

Bonne soirée.

Scrutator.

     

Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel. Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici. D'avance, merci !


  Envoyer ce message à un ami


 Le 11 octobre 1962: par AVV-VVK  (2016-10-11 21:19:28)
      Claude François par Leopardi  (2016-10-12 08:47:30)
      Il n'a pas été mal compris, il est juste inadapté par Regnum Galliae  (2016-10-12 10:05:56)
          Bravo et merci, car c'est exactement cela. par Scrutator Sapientiæ  (2016-10-13 22:47:24)


242 liseurs actuellement sur le forum
[Valid RSS]