La forme authentique de la messe, au rite grégorien tel que nous l’a laissé Saint Pie V, est la messe solennelle, donc chantée selon les mélodies grégoriennes consignées dans le missel romain. Ces mélodies ne sont pas un encadrement musical d’une liturgie qui se déroulerait exclusivement à l’autel, mais font partie intégrante de la liturgie de la messe. La preuve en est que le prêtre doit en lire les textes même si elles ne sont pas chantées, comme il en est au cours d’une messe basse, ou d’une messe privée. Or je crois que ma génération au moins, éprise d’intimité, s’est trop laissé prendre au charme de la messe basse, qui permet de mieux suivre individuellement, par la lecture simultanée, et donc prendre à son compte les prières, certes admirables, de l’officiant ; preuve en est l’attitude corporelle de nombreux fidèles, qui à la grand’messe s’agenouillent pour réciter les prières au bas de l’autel, prières de préparation du clergé, officiant et "ministres", pendant le chant de l’introït. Je regrette, il ne faut pas intervertir les rôles : nous laïcs ne faisons pas partie du clergé et nos prières ne sont pas à tout moment identiques, ce qui nous sera encore rappelé par notre propre récitation du confiteor en préparation à la communion. Nous assistons à la messe, le mot est très beau, en nous unissant d’esprit et de cœur à ce qui se déroule devant nous dans l’enceinte fermée du chœur. Alors comment nous unir ? C’est là qu’intervient le chant liturgique ; Saint Paul nous dit "in hymnis et canticis, in gratia cantantes in cordibus vestris" (5° dim. après l’Epiphanie). Bien. Mais dans le chant liturgique ce n’est pas l’inspiration personnelle d’une âme pieuse qui s’exprime et que nous partageons, comme dans les cantiques français, mais la prière même de l’Eglise tout entière, à laquelle nous nous associons, que celle-ci s’exprime avec les mots de l’Ecriture Sainte ou dans des termes propres et retenus par la tradition de l’Eglise. L’Eglise nous invite à renoncer à nous-même pour nous fondre dans le chœur d’adoration du Corps Mystique. Pour me faire comprendre, je dirai que je ne méprise pas la prière personnelle, mais qu’elle est moins utile et moins efficace. Ce serait du pharisaïsme que de croire la prière d’un protestant moins fervente que la nôtre; mais elle est hors de la Communion des Saints et des Anges. Limitée au plus à la communauté des croyants. Or trop souvent notre piété même, si nous ne contrôlons pas étroitement notre sensibilité, induit en nous des comportements protestants. Notre union à l’Eglise Universelle se manifestera soit par la participation vocale au chant liturgique, soit par une participation d’écoute active de la parole sacrée chantée devant nous, qui submerge nos sentiments personnels. A ce moment, le chant liturgique devient renoncement à soi-même. Je ne suis pas qualifié pour parler de contemplation, mais un bénédictin de Kergonan a écrit que le terme de contemplation était mal adapté à notre condition terrestre, car nous n’aurons la "vision" que dans l’au-delà; tout ce que nous pouvons espérer sur terre est d’ "écouter".
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