Au tout début, je regrettais l'élection de François dans la mesure où je l'ai vu comme le désaveu d'une politique qui a échoué. Effectivement, on peut être pessimiste sur un redressement qui avait pourtant bien commencé. C'était un échec patent.

Mais à la longue, il faut inverser la perspective : en réalité, le plus surprenant est bien l'élection de Benoît XVI, et non celle de François. A la base, ce ne devait pas être forcément le cardinal Ratzinger qui devait succéder à Jean-Paul II, mais l'archevêque de Buenos Aires, qui semblait bien parti. L'élection du cardinal Bergoglio a été bloquée par les attentions de nombreux cardinaux au préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. L'élection du cardinal Bergoglio a été bloquée en 2005. Mais en 2013, ce fut la revanche sur une place convoitée et dont on avait rêvé... Le grand miracle est que dans l'écroulement post-conciliaire, l'Eglise ait encore tenu par ses papes et par certains de leurs actes. Ce que l'on comprend, avec le conclave de 2013, est que la désagrégation peut encore moins difficilement être évitée au sommet et qu'elle reprend son cours (après la liturgie, la hiérarchie vérolée déjà sous Pie XII, c'est au tour d'un pape d'emprunter la barque qui coule...).

Je pense plutôt que l'élection de François s'inscrit dans un très vaste processus de sécularisation: cette fois-ci, ce n'est plus seulement l'Eglise, les fidèles et la hiérarchie qui en sont atteints, mais également le pape. En ce sens, vu la sécularisation à la fois patente et sournoise dans l'Eglise qui court depuis 1965, l'élection de 2005 a bien été un miracle. Oui, il y a bien eu un miracle en 2005. Mais ce miracle s'inscrit dans une Eglise qui n'a cessé de couler. Et cela continue.

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