CHAPITRE IX
D'un autre défaut à éviter pour bien juger de ce qui nous est utile
(...) Voyant leur volonté affermie dans le bien, il s'attaque à leur entendement, afin que devenu maître de l'un, il parvienne à s'emparer de l'autre. Pour arriver à son but, il leur inspire des pensées sublimes, vivez et curieuses, surtout si ce sont des esprits subtils, élevés et enclins à l'orgueil. Trompés par les charmes qu'ils trouvent à ces vains raisonnements et par la persuasion qu'ils ont de jouir de la présente de Dieu, ils oublient de purifier leur cœur et de s'appliquer à se connaître eux-mêmes et à mortifier leurs passions. Pris de la sorte aux pièges de l'orgueil, ils se font une idole de leur intelligence. Ils en viennent peu à peu, et sans s'en apercevoir, à se persuader qu'ils n'ont besoin des conseils et de la conduite de personne, habitués qu'ils sont d'avoir, en toute rencontre, recours à l'idole de leur propre jugement. C'est là une maladie grave et fort difficile à guérir. L'orgueil de l'entendement présente bien plus de dangers que l'orgueil de la volonté. Ce dernier orgueil, en effet, étant connu de l'intelligence, se guérira sans trop de difficulté, le jour où nous nous déciderons à obéir à nos supérieur. Mais celui qui a la conviction que son sentiment est préférable à celui des autres, par qui et comment pourra-t-il être guéri ? Comment se soumettre au jugement d'autrui, quand on le trouve moins bon que le sien propre ? Si l'entendement qui est l'œil de l'âme et à qui seul il est donné de découvrir et de panser la plaie de la volonté orgueilleuse, si l'entendement, dis-je, est mal disposé, s'il est aveugle et rempli du même orgueil, qui est-ce qui pourra le guérir ? Si la lumière devient ténèbres, si la règle se trompe, comment le reste ira-t-il ? Opposez-vous donc de bonne heure à cet orgueil si funeste, et n'attendez pas qu'il ait pénétré jusqu'à la moelle de vos os. Émoussez la pointe de votre esprit ; aimez à soumettre votre opinion à celle d'autrui ; devenez fou pour l'amour de Dieu, et vous serez plus sage que Salomon.
CHAPITRE X
De l'exercice de la volonté, et de la fin que nous devons nous proposer dans toutes nos actions, tant les extérieures que les intérieures
Après avoir appris à bien user de votre entendement, il vous reste à régler votre volonté, à la détacher de ses propres désirs pour la rendre entièrement conforme à la volonté de Dieu. Remarquez bien qu'il ne suffit pas de vouloir et de faire les choses que vous croyez les plus agréables à Dieu ; vous devez en outre les vouloir et les faire sous l'impulsion de la grâce et dans la seule vue de plaire au Seigneur. C'est ici surtout, plus encore que dans le précédent combat, que nous aurons à lutter contre notre nature. Toujours occupée d'elle-même, elle ne songe en toutes choses, plus parfois dans les choses spirituelles que dans les autres, qu'à ses commodités et à sa satisfaction propre. (...)
Source : Le Combat Spirituel de Laurent Scupoli, Edition de 1895
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