CHAPITRE VIII
Des obstacles à la juste appréciation des choses et du moyen de les bien connaître
(...) La passion obscurcit de plus en plus l'intelligence, et l'intelligence ainsi obscurcie fait paraître à la volonté cet objet plus aimable ou plus odieux que jamais. C'est ainsi
que, faute d'observer la règle que j'ai posée et qui est ici d'une importance extrême, l'intelligence et la volonté, ces facultés si nobles de notre âme, ne font pour ainsi dire que tourner misérablement dans un cercle et tomber de ténèbres en ténèbres, d'erreurs en erreurs, jusqu'au plus profond de l'abîme. Tenez-vous donc bien en garde, âme chrétienne, contre toute affection désordonnée ; ne vous attachez à quelque objet que ce soit, que vous ne l'ayez auparavant examiné avec soin, et reconnu pour ce qu'il est à la lumière de l'intelligence, et plus encore à la lumière de la grâce de l'oraison et des conseils de votre directeur. Ces précautions, vous devez les prendre en certaines actions extérieures qui, de soi, sont bonnes et saintes, plus encore qu'en d'autres moins louables, parce qu'on y est plus sujet à l'inconsidération et à l'erreur. Le mauvais choix du temps ou du lieu, un défaut de mesure, un manque d'obéissance pourraient vous les rendre très pernicieuses, ainsi qu'on peut s'en convaincre par l'exemple de bon nombre de personnes qui se sont perdues dans les ministères les plus saints et les plus augustes.
CHAPITRE IX
D'un autre défaut à éviter pour bien juger de ce qui nous est utile
Un autre défaut contre lequel nous devons tenir notre intelligence en garde, c'est la curiosité. Ce vice, en remplissant notre esprit d'une multitude de pensées vaines ou coupables le rend complètement impropre aux connaissances que réclament la mortification de nos passions et notre avancement spirituel. Soyez donc tout à fait mort aux choses de la terre ; ne recherchez point celles qui ne sont pas nécessaires, fussent-elles permises. Restreignez le plus possible les limites dans lesquelles se meut votre entendement ; prenez plaisir à le rendre insensé aux yeux des hommes. Que les affaires du siècle, que les révolutions, grandes ou petites, dont le monde est le théâtre, soient pour vous comme si elles n'étaient pas ; et si ces vanités veulent s'introduire dans votre esprit, fermez-leur le passage et chassez-les loin de vous. Soyez sobre et humble, même en ce qui regarde la connaissance des choses célestes, ne voulant savoir que Jésus crucifié, sa vie, sa mort, et ce qu'il demande de vous. Tout le reste, éloignez-le de votre pensée et vous serez singulièrement agréable à Dieu, qui regarde comme ses enfants bien-aimés ceux qui se contentent de lui demander les grâces nécessaires pour aimer sa bonté infinie et accomplir sa sainte volonté. Toute autre demande, toute autre recherche n'est qu'amour-propre, orgueil et piège du démon. En suivant ces conseils, vous échapperez aux embûches que l'antique serpent tend sous les pas des personnes qui s'adonnent aux exercices de la vie spirituelle. (...)
Source : Le Combat Spirituel de Laurent Scupoli, Edition de 1895
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