Il me semble qu'avant une discussion de ce genre, il est préférable de s'entendre sur certains termes.
1) La nation, c'est la "natio" romaine qui désigne un groupe humain de la même origine.
Un homme et une femme s'unissent, ils forment une famille, qui devient un groupe de familles, puis une tribu, au sens des 12 tribus d'Israël ou de la "Gens" romaine. C'est la nation ethnique, au sens où on parle parfois de "la nation apache" ou de la "nation franque".
2) La patrie, c'est, comme son nom l'indique, "la terre des pères". La patrie, c'est donc la terre où la nation s'est installée et y a développé son économie et sa culture.
3) Pris dans ce sens, la nation et la patrie sont bien définis, mais n'ont pas forcément de frontières étanches.
Une nation, en effet, vit en général aux côtés de nations soeurs, puis de nations de plus en plus éloignées etc ... De même, il est tout à fait possible que la terre sur laquelle les pères ont développé leur économie et leur culture fasse partie d'un ensemble plus vaste.
Il y a donc, à un moment donné, des frontières, mais ces frontières ne sont pas étanches et il est tout à fait légitime pour des Danois de se sentir aussi scandinaves d'abord, européens ensuite, occidentaux et finalement membres de "la grande famille humaine".
4) Historiquement, il existe aussi ce qu'on pourrait appeler la "stato-nation" et la dynamique "stato-nationale" et c'est là que les problèmes commencent. La France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Russie (mais pas exclusivement) ont, parallèlement à la dynamique de leur constitution, développé une idéologie "légitimatrice", idéologie qui leur permettait de se substituer à la Chrétienté dans sa vocation universelle. L'Etat, qui est une forme parmi d'autres d'autorité civile (avec la cité, la ville-empire et la féodalité) va être le moteur idéologique et administratif de cette "stato-nation" à vocation universelle.
Le monde, l'humanité avaient donc vocation à entrer sous leurs bannières ou être dominés par elles et celui osait s'y opposer devait , soit être châtié, soit, si le châtiment n'était pas possible, (notamment en raison de la force de la puissance en question) devenait une sorte de monstre à peine humain vivant dans les ténèbres extérieurs.
5) Enfin, il ne fait pas confondre l'ordre naturel pour lequel l'unification de l'humanité est un but, mais se fait par médiations et l'ordre surnaturel où cette unité est présupposée et est immédiate par le baptême, mais par la médiation du Christ et de Son Eglise, et en vue du Royaume des Cieux, Royaume qui commence dès ici-bas, mais qui n'est pas de ce monde (et ici, tous les mots sont importants).