CHAPITRE I
En quoi consiste la perfection chrétienne; qu'il faut combattre pour l'acquérir ; et de quatre choses nécessaires en ce combat
(...) Partout, dans les grandes comme dans les petites choses, elles veulent être préférées aux autres ; entichées de leur mérite, elles s'obstinent dans leur manière de voir ; aveugles sur leurs propres défauts, elles ont toujours les yeux ouverts sur les actions des autres pour les scruter et les censurer. Qu'on porte la moindre atteinte à la bonne opinion qu'elles ont d'elles-mêmes et qu'elles aiment à faire partager par les autres, qu'on leur commande de quitter certaines dévotions dont elles se sont fait une habitude, à l'instant elles se troublent et s'inquiètent outre mesure. Que le Seigneur, pour leur apprendre à se connaître elles-mêmes et leur enseigner le vrai chemin de la perfection, leur envoie des adversités et des maladies ; qu'il permette (car rien n'arrive ici-bas sans son ordre ou sa permission), qu'il permette, dis-je, que la persécution, cette pierre de touche de la véritable piété, s'attaque à leur personne, vous voyez aussitôt se découvrir le fond de leur cœur, et l'orgueil qui le corrompt paraître au grand jour. Dans les épreuves, comme dans les événements heureux de la vie, elles ne savent ce que c'est que de se résigner à la volonté de Dieu, que de s'humilier sous sa main puissante, que de se soumettre à ses justes et impénétrables jugements, que de s'abaisser au-dessous des créatures à l'exemple de son Fils souffrant et humilié ; que d'aimer leurs persécuteurs comme les instruments dont se sert la bonté divine pour les former à la mortification et coopérer à leur perfection et à leur salut. De là vient qu'elles sont toujours en danger de se perdre. Se considérant avec des yeux obscurcis par l'amour-propre et ne voyant rien que de louable en elles-mêmes et dans leurs actions, elles s'imaginent qu'elles sont fort avancées en perfection et jugent les autres du haut de leur orgueil, si bien qu'il ne faut rien moins qu'un miracle de la grâce pour les convertir. L’expérience est là pour prouver qu'il est plus facile de ramener au droit chemin un pécheur déclaré qu'un pécheur qui se déguise et se couvre du manteau des vertus apparentes. Vous comprenez maintenant, âme chrétienne, que la vie spirituelle ne consiste pas dans les pratiques extérieures dont nous venons de parler. En quoi donc consiste-t-elle ? Elle consiste dans la connaissance de la grandeur de Dieu et de notre propre néant, dans l'amour du Seigneur et la haine de nous-mêmes, dans la soumission de l'esprit à Dieu et aux créatures pour l'amour de Dieu, dans l'abnégation complète de notre volonté et notre entière résignation à ses décrets souverains. Encore faut-il que nous pratiquions toutes ces vertus uniquement pour la gloire de Dieu et en vue de lui plaire, par la seule raison qu'il exige et mérite d'être aimé et servi de la sorte. Telle est la loi d'amour gravée par la main de Dieu même dans le cœur de ses fidèles serviteurs ; telle est l'abnégation qu'il requiert de nous ; tel est joug aimable et le fardeau léger qu'il nous invite à prendre sur nos épaules ; telle est l'obéissance qu'il nous enseigne par sa parole et son exemple.(...)
Source : Le Combat Spirituel de Laurent Scupoli, Edition de 1895
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