26-07-2016 17:25:24
Pays : FRA
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LYON, 26 juil 2016 (AFP) - "Horrifiés", "bouleversés": les fidèles catholiques étaient mardi sous le choc après l'attaque dans une église en Normandie au cours de laquelle un prêtre a été égorgé, mais refusent "le piège de la division".
La messe de 16H00 n'a pas encore commencé à l'église Saint-Bonaventure dans le centre de Lyon. Seuls ou par petites grappes, les fidèles, la plupart âgés, se pressent pour entrer dans le bâtiment.
Le drame de Saint-Etienne-du-Rouvray est dans toutes les têtes et personne ne s'étonne de voir débarquer au début de l'office, deux policiers en uniforme, pistolets à la hanche scrutant l'assistance, inspectant les entrées.
"Je suis choquée, indignée", lâche Andrea, une Allemande venue prier pour "ses parents". Elle se dit "inquiète" comme tout le monde.
Tuer un prêtre dans une église? "Ça ne m'étonne pas vu les événements", glisse Marie-Françoise. Et puis "c'est la vocation de l'Eglise d'être persécutée. C'est un symbole de notre foi".
Est-elle inquiète, elle, en tant que catholique? "Si ça arrive, il faut être prête". Ce qui lui cause surtout du souci, ce sont les relations interreligieuses "qui risquent de se dégrader". "Le risque, c'est de se monter les uns contre les autres."
- Désarroi d'amis musulmans -
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"Je suis sidéré par cet acte barbare qui intervient après tant d'autres et sans doute hélas avant de nouveaux", observe le Père Christian Delorme, "l'ex-curé des Minguettes", et figure du dialogue interreligieux à Lyon.
"J'ai reçu de très nombreux messages de désarroi de la part d'amis musulmans, bouleversés, dont l'un me disait +pour la première fois, j'ai peur+", confie le prêtre.
"Ce que veulent ces gens, c'est détruire nos sociétés, provoquer une guerre des religions. La seule réponse à apporter, c'est la solidarité. Il ne faut pas tomber dans le piège de la division", relève Christian Delorme, estimant que ce n'était pas un hasard si cet acte avait été perpétré le jour du lancement des JMJ à Cracovie.
A Lyon, Saint-Etienne, Montpellier, un peu partout en France, les messes en début de soirée seront célébrées en mémoire du prêtre assassiné. A Strasbourg, la cathédrale sonnera le glas.
"Je n'ai pas pu retenir mes larmes quand j'ai appris que c'était un homme en prière, un homme sans défense, marqué par le grand âge, qui était dans un lieu où l'on vit la paix, la réconciliation, où on annonce la justice", a confié l'archevêque Jean-Pierre Grallet à l'AFP.
"J'ai souvent l'idée que quelqu'un pourrait s'avancer avec un couteau ou une kalachnikov (pendant qu'il célèbre la messe). Je me sens prêt. Ça fait partie de notre quotidien à tous, on ne connaît ni le lieu ni l'heure de notre mort", lâche l'archiprêtre strasbourgeois Michel Wackenheim.
- Pas une guerre de religion -
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"Nice a été touchée terriblement déjà il y a pratiquement 15 jours, on était en train de se relever un peu de cette catastrophe", souffle Jean-Louis Giordan, curé de la Basilique Notre-Dame. "Voilà qu'un confrère, un vieux prêtre qui disait sa messe tranquillement avec quelques personnes dans une petite église du côté de Rouen vient d'être égorgé. Ça paraît totalement fou de dire des choses comme ça aujourd'hui."
A Paris, à l'issue du chapelet de la basilique Notre-dame-des-Victoires, Anna, 43 ans, lâche: "Ce n'est pas une guerre de religions. Ce n'est pas un musulman qui a tué un catholique. C'est le mal, tout simplement."
Nelly, 39 ans, est spontanément allée se recueillir à l'église Saint-Eustache, au coeur de Paris, même si elle n'est pas croyante. "J'avais besoin de recueillement... Des enfants sont morts à Nice, on s'en prend à la religion. Ça dépasse l'entendement", s'exclame-t-elle.
"Comment peut-on avoir le courage de se réveiller, de prendre son petit déjeuner et se dire qu'on va tuer une personne âgée?" interroge Anna. "C'est le mal qui se soulève. Mais le mal ne gagne jamais", veut-elle croire.
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AFP 261725 JUL 16