loisy, un traditionaliste par F. de T. 2016-07-20 14:54:48 |
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J’ai cherché des éléments concernant cette affirmation et j’ai trouvé ceci dans « Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste » Par Emile Poulat :
Si je puis me permettre de résumer son intéressant paradoxe à propos de Loisy. Celui-ci s’est fait le champion du dogme de l’Eglise face à Harnack e en 1902
Jacques Duquesne aurait dû avant tout commenter la célèbre petite phrase de Loisy dans son petit livre rouge de 1902, l’Evangile et l’Eglise » : Jésus a annoncé le Royaume, et c’est l’Eglise qui est venue ». De lui à elle, le langage a nécessairement changé, pour bien des raisons. …… Faut-il donc s’étonner de ne pas trouver l’expression « péché originel » dans les évangiles et en déduire qu’il s’agit d’une invention tardive ? J Duquesne, appuyé par Jean Delumeau, n’en doute pas. ….Si l’on raye ainsi d’un trait de plume tout ce qui ne se trouve pas à la lettre dans la bouche du Jésus des Evangiles, il ne restera rien du dogme chrétien tel qu’il a été progressivement défini par les conciles et la papauté avec la plus grande solennité : « que soit anathème celui dont la foi rejette ces propositions ! » C’est supprimer la tradition catholique et tout le développement doctrinal : ce que Loisy, dans l’Evangile et l’Eglise (1902), opposait à l’Essence du christianisme (1900) de Harnack.
Loisy, lui aussi, pensa d’abord réfuter Renan, avant de défendre l’ « exégèse historique » contre l’ « exégèse dogmatique ». La situation était pourtant déjà beaucoup plus complexe : les exégètes « progressistes (dont le P. Lagrange, dominicain, reste le grand nom) s’opposaient aux exégètes « modernistes » derrière Loisy, lui-même hostile aux exégètes « rationalistes », tandis que les exégètes « conservateurs » combattaient tout ce qui s’écartait de la tradition catholique.
De la Vie de Jésus (1863) d’Ernest Renan, on a ainsi glissé au Jésus (1994) de Jacques Duquesne, par une pente peut-être naturelle, mais avec cette rupture de pente – « une chute du Niagara » - dont la personne d’Alfred Loisy resteront le dramatique symbole.
Le biblisme a beaucoup apporté à la connaissance et à la compréhension du corpus biblique. Celui-ci peut et doit être objet de science, mais les Livres saints n’ont pas été écrits d’abord à cet effet. Aucune science n’en épuisera la lecture, n’en fixera le sens, n’en dictera l’interprétation. La méthode historico-critique s’était persuadée qu’elle détenait la clef du « sens littéral », essentiel et premier, sans vraiment s’interroger sur les arcanes de cette expression. L’arrivée des nouvelles méthodes aura au moins montré la vanité de cette illusion et les dangers de cette prétention. Rien ne serait plus instructif qu’une étude historique des variations au cours des siècles chrétiens de ce que nous appelons le « sens littéral ».
De l’exégèse close, on passe ainsi à l’herméneutique ouverte, renouant avec la grande tradition patristique et médiévale, fondée – le P. de Lubac l’a rappelé avec une érudition impressionnante- sur une typologie des quatre sens majeurs de l’Ecriture. C’est la nature même de celle-ci qui, en amont de toute exigence doctrinale, de toute définition orthodoxe et de toute étude savante, appelle cette polysémie.
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