Je suis moi-même effaré de la méconnaissance des catholiques en général, qu'ils soient tradis ou non, et de la mienne propre, des autres Conciles Œcuméniques de l'histoire, sans même parler de certains conciles provinciaux qui ont pu être d'une importance capitale (il n'est que de voir à quel point le Denzinger s'y réfère régulièrement, au moins en ce qui concerne le premier millénaire) .
Pour autant n'évoquions nous pas ici la liturgie mais la question de la royauté de Notre Seigneur. Cependant sur ce point que vous soulevez bien des choses ont été dites, ne serait-ce que modestement dans nos pages du FC.
Mon sentiment, à la lecture du corpus des textes conciliaires à ce sujet, est que la réforme du bienheureux Paul VI (pourtant formellement légitime: le Pape n'est pas tenu par le Concile) n'est pas la réforme que demandait le Concile, d'où l'idée formulée par Benoît XVI de réformer la réforme pauline pour la faire mieux cadrer avec les demandes du Concile. Le Pape émérite y a échoué, si tant est qu'il ait même essayé en dehors des cérémonies papales, mais nous voyons ces derniers jours que le cardinal Sarah reprend le flambeau (bien timidement, un "appel" qui a mon avis passera hélas par pertes et profits et restera parole morte dans la surdité volontaire des oreilles épiscopales, à de rares exceptions près - Mgr. Rey s'est aussitôt délcaré - d'ici l'Avent prochain. Et encore ne s'agit-t-il que de la question, certes aussi bien importante que symbolique des crispations liturgiques, de l'orientation de la Messe) , tandis qu'on entend que le Pape François lui-même (?!!) lui aurait demandé de réfléchir sur ce point et donc de relancer le processus (cela dit sous toutes réserves, la chose paraissant bien étonnante) .
Pour l'anecdote, mais elle a son importance, rappelons que Mgr. Lefebvre revendiquait d'être le seul ou presque à appliquer (et c'est là notre sujet: quid de l'application de Vatican II ) les demandes du Concile quant aux séminaires ... N'en a-t-il pas obtenu de bons fruits ?
Enfin, s'il n'est pas le seul que les fidèles devraient connaître, évidemment, en tant qu'il est le plus récent ce Concile est le plus important pour la vie de l'Eglise actuellement (et non pour la foi: il n'enseigne aucun dogme, mais les récapitule tous, les explicite et les prolonge encore. Exactement comme Trente, fors pour la très sainte Vierge Marie dont Trente ne parle pas du tout tandis que Vatican II lui consacre un long et très bel exposé dogmatique) .
Pour me faire mieux comprendre sur ce point, demandons-nous ce qui importait à l'Eglise à la fin du XVIème siècle ? Appliquer les décrets de réformation du plus récent Concile (Trente, donc, bien entendu), ou se préoccuper des directives pastorales des Conciles du premier millénaire ? La réponse est évidente.
Eh bien de même, quant à la foi, puisque Vatican II n'innove pas sur ce point (à moins de vouloir en faire un Concile dogmatique, ou d'absolutiser certaines de ses déclarations, ce que font les modernistes, mais aussi la FSSPX qui a eu des "colloques doctrinaux" à Rome à propos d'un Concile dont elle affirme par ailleurs qu'il n'est que "pasoral" ! ) il faut s'en tenir bien sûr à la foi déjà enseignée: tous les Conciles pour les canons de fide , Vatican II et le Catéchisme qui en est issu pour leur récapitulation de la même foi de l'Eglise, ou, en résumé, au Credo proclamé par le bienheureux Paul VI. Mais de même aussi, quant au "quotidien" de l'Eglise, c'est le dernier Concile en date qui prime nécessairement.
Reste à vérifier si les réformes qu'il a demandées sont appliquées, si elles le sont correctement, mais aussi si plus de cinquante ans après elles sont encore pertinentes. A cet égard, la pertinence en rapport avec l'époque, je crois que nous pouvons tout simplement oublier et faire passer à la trappe les déclarations et décrets conciliaires manifestement périmés car trop contingents aux années soixante voire à l'irénisme (quand ce n'est pas le sabotage) du clergé et des fidèles de cette époque-là.
Quant aux points disputés connexes à la foi (le subsistit in par exemple) il me semble que le Magistère récent les a explicités de manière satisfaisante, fors la question de la "liberté religieuse" . Si la FSSPX obtient un statut canonique sans qu'on lui demande d'adhérer à ce point, cela signifiera a minima qu'il n'est pas objet nécessaire à la foi. Cependant, dans la mesure où le Concile, fut-ce dans un "simple" Décret, le prétend fondé sur l'Ecriture, je préfèrerais pour ma part qu'il soit explicité magistériellement à la satisfaction de tous.
Mais vous savez cher Monsieur que ces quelques lignes que je jette en passant pour le plaisir de vous répondre ne sont que l'expression de mon pauvre sentiment de simple fidèle, tandis que ces questions sont en réalité bien complexes, disputées dès avant même le Concile et depuis bien sûr, que nous n'avons pas fini d'en faire le tour. La faute en particulier à l'absence d'un Magistère fort, capable d'élaguer, de trier, voire de changer de cap à 180° sur un certain nombre de points, aux fruits et conséquences indéniablement désastreux, mais qui ne sont pas nécessairement imputables au corpus conciliaire pris strictement et dans son sens obvie (foin des "esprits" du Concile ! ) .