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Pour donner une idée de l'ambiance
par Abbé Laurent Guimon 2016-07-01 13:52:52
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dans l'archidiocèse de Parakou dans lequel je pars en mission "Fidéi Donum" en Octobre prochain (le projet de mission au Bénin)

Voici l'éditorial de Monseigneur Pascal N'Koué dans son bulletin diocésain.
C'est sur la question de l'orientation suite aux déclarations du Cardinal Sarah.
Un vrai bonheur de lire cela !


UN CARDINAL BOUSCULE NOS IDEES REÇUES

"Je tiens à vous rappeler que la célébration "versus orientem" est autorisée par les rubriques du Missel (de Paul VI), qui précisent les moments où le célébrant doit se retourner vers le peuple. Il n’est donc pas besoin d’autorisation particulière pour célébrer face au Seigneur" Card. Robert SARAH. Et voilà le vieux débat relancé. Le prêtre à l’autel doit-il faire face au peuple, ou se tourner avec les fidèles vers l’Orient, le Soleil levant ? L’auteur du grand livre "Dieu ou rien" tranche sur le vif : "Le Concile n’a jamais demandé de célébrer face au peuple".

La première fois où j’ai eu le privilège de concélébrer avec le Pape Jean-Paul II, dans sa chapelle privée au Vatican, l’autel était collé au mur. Nous tous (les célébrants et le peuple) étions tous tournés vers la même direction, vers l’autel pour la célébration du Saint Sacrifice. Quel recueillement ! J’en ai été marqué pour la vie. Depuis ce jour, j’ai toujours été insatisfait de la position des autels qu’on met entre le prêtre et le peuple, où on se fait face à face. On m’avait toujours dit que c’était le Concile Vatican II qui l’avait décrété. Un autre argument qu’on donne souvent c’est que, ce n’est pas poli de célébrer la messe "dos au peuple". Mais là, en 1989, j’étais dans la chapelle du Pape Jean-Paul II, qui lui aussi a participé au Concile. Et le Pape, ce "roc inébranlable", ne pouvait pas cultiver ce qui est indécent et manquer de courtoisie au Peuple de Dieu. Alors que penser ?

J’en étais là quand un jour, j’ai découvert un livre d’une grande valeur. Voici ce que j’y ai lu : ‘‘Après le Concile (qui lui-même ne mentionne pas de se tourner vers le peuple), on disposa partout de nouveaux autels tant et si bien que l’orientation de la célébration ‘‘versus populum’’ (face au peuple) paraît aujourd’hui la conséquence du renouveau liturgique voulu par le Concile Vatican II’’’. Ceci est un extrait de L’esprit de la liturgie, du Cardinal Joseph Ratzinger, devenu le Pape Benoît XVI. Plus loin, il écrit ceci : ‘‘En revanche, l’orientation commune vers l’est pendant le Canon (ou Prière Eucharistique) demeure essentielle. Il ne s’agit pas d’un élément accidentel de la liturgie. L’important n’est pas de regarder le prêtre mais de tourner un regard commun vers le Seigneur. Il n’est plus question ici de dialogue mais d’une commune adoration’’. Et l’ancien Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi conclut son plaidoyer par cette nuance : "il n’est justement pas question de fuir dans un passé romantique et lointain, mais de redécouvrir l’essence de la liturgie chrétienne".

Effectivement le Concile Vatican II ne donne aucune directive sur la position du prêtre à l’autel. C’est donc sur la base d’une erreur d’interprétation de la position de la basilique saint Pierre, que des liturgistes, après le Concile, ont exhorté abondamment à l’habitude de célébrer face au peuple: « Pour des motifs purement topographiques, dont nous ne donnerons pas les détails, il se trouve que l’abside de la basilique Saint-Pierre de Rome fait face à l’Ouest. Si le prêtre célébrant en conformité avec la tradition de prière chrétienne voulait faire face à l’est, il devait logiquement se tourner vers le peuple. Sous cette influence, certains architectes reprirent cette disposition dans plusieurs églises, ce qui donna valeur de référence à cet usage. Au XXe siècle, le renouveau liturgique s’empara de ce modèle hypothétique pour élaborer un nouveau concept : la célébration de l’Eucharistie "versus populum" (vers le peuple) ; de ce fait l’autel, selon la "norme" de saint Pierre, devait être exposé de telle sorte que prêtre et peuple se regardent l’un l’autre pour former ensemble le cercle des célébrants. Cela seul, pensa-t-on alors, pouvait correspondre à l’esprit de la liturgie chrétienne et à la consigne de la participation active, et rendre ainsi la célébration liturgique moderne fidèle au prototype de la sainte Cène» (L’esprit de la liturgie p.65). Or, la prière liturgique vers l’Orient tient compte non seulement de la tradition depuis l’origine du christianisme mais aussi du cosmos. Cette position tient compte du passé et nous dispose à marcher vers le règne du monde à venir. Certes, cette position n’est plus obligatoire depuis le XVI siècle, mais on a intérêt à la redécouvrir : "L’orientation des églises a cessé d’être obligatoire au XVIe siècle ; mais à moins de raisons particulières, il est préférable de suivre la tradition à ce sujet. Cette orientation rappelle que nos cœurs doivent se tourner vers Jésus-Christ, le divin Soleil de justice, le vrai Soleil venu du ciel pour nous visiter" Collection Encyclopédie de la foi, La Liturgie, Clovis 2004, p.40.

La liturgie orientée est commune à plusieurs religions
Entre nous, quand nous regardons les musulmans, l’imam et ses fidèles, tous se tournent vers l’est, vers la Mecque, pour prier. Quand nous regardons du côté de la Religion Traditionnelle Africaine, c’est la même chose : le sacrificateur et ses adeptes se tournent tous vers ce qui représente la divinité (une montagne, une source, un arbre etc.) pour offrir leur sacrifice à Dieu. Personne ne pense que le sacrificateur tourne le dos aux autres. Dans l’Ancien Testament, toutes les synagogues étaient orientées vers le Temple de Jérusalem. Toutes les grandes religions se tournent vers quelque chose de sacré ou vers quelque divinité. L’homme qui n’est pas un pur esprit a besoin de cette orientation, même si Dieu est partout. Je me demande si l’inculturation liturgique en Afrique ne devrait pas commencer par l’orientation et la position du prêtre sacrificateur à l’autel ?

Un dernier témoignage, et non des moindres, puisqu’il vient de celui à qui le Pape François a confié la liturgie dans l’Eglise, j’ai nommé le Cardinal Robert Sarah, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la discipline des Sacrements. Il appelle à une conversion intérieure pour remettre Dieu au centre de la liturgie : « Se convertir, c’est se tourner vers Dieu. Je suis profondément convaincu que nos corps doivent participer à cette conversion. Le meilleur moyen est certainement de célébrer - prêtres et fidèles - tournés ensemble dans la même direction : vers le Seigneur qui vient. Il ne s’agit pas, comme on l’entend parfois, de célébrer le dos tourné aux fidèles ou face à eux. Le problème n’est pas là. Il s’agit de se tourner ensemble vers l’abside qui symbolise l’Orient où trône la croix du Seigneur ressuscité. Par cette manière de célébrer, nous expérimentons, jusque dans nos corps, la primauté de Dieu et de l’adoration. » Et le Cardinal de proposer concrètement cette orientation commune « au moins pendant le rite de la pénitence, pendant le chant du Gloria, les oraisons et la prière eucharistique » (Entretien donné à l’hebdomadaire Famille Chrétienne n° 2002, du 28 mai 2016). J’ajouterais aussi pendant la prière universelle.

Nous avons droit à la vérité. Car très souvent l’ignorance, les idéologies de courte vue, et le manque d’information objective créent et entretiennent un climat de suspicion et même de mépris envers les gestes et les symboles à promouvoir. Et cela est préjudiciable au silence sacré, à la vie intérieure et à l’unité des cœurs.

Parfois, l’orientation commune vers l’Orient n’est pas possible. Que faire ? Le Cardinal Ratzinger, dans ce cas, nous recommande de regarder tous vers la Croix placée au milieu de l’autel. Elle rappelle le calvaire. Il faut qu’elle soit grande et visible de loin. Elle doit avoir de la "personnalité" sur l’autel et même s’imposer. Le Seigneur est le point de référence pour le prêtre et les fidèles. Tournons-nous vers Lui. Il est le Soleil levant de l’histoire, la lumière sans déclin, le Soleil éternel qui oriente nos vies. Il reviendra. Et nous marchons vers lui à sa rencontre.
+Pascal N’KOUE

     

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