Dans son discours aux autorités civiles et au Corps diplomatique du 24 juin 2016, le pape François déclare aux Arméniens :

"L’histoire de votre pays va de pair avec son identité chrétienne, conservée au cours des siècles. Cette identité chrétienne, loin de faire obstacle à la saine laïcité de l’État, l’exige plutôt et l’alimente, en favorisant la citoyenneté participative de tous les membres de la société, la liberté religieuse et le respect des minorités."

L'identité chrétienne du pays exige et alimente la saine laïcité de l'État...

1. l'identité chrétienne du pays, dans le propos du pape, est première, la laïcité de l'État est seconde. On retrouve ici la réalité première de la patrie, du pays réel si l'on veut, et seconde de la forme de l'État - du pays légal. On retrouve surtout la réalité première du christianisme, et celle, seconde de la laïcité de l'État.

2. une identité chrétienne forte, comme celle de l'Arménie, est donc aux yeux du pape un fort appui pour une saine laïcité. De là à dire que pour que l'État soit laïque, il faut que le pays soit catholique, et que le Christ règne sur l'ordre social, il n'y a qu'un petit pas.

3. En mettant en valeur la "saine laïcité" de l'Arménie, qui s'était par exemple alarmée de la demande de retrait des crucifix dans les écoles et tribunaux de l'Union Européenne, le pape François montre que pour lui la "saine laïcité" n'est pas l'athéisme pratique des institutions.

3. La "saine laïcité" est ici résumée par a. la citoyenneté participative de tous les membres de la société b. la liberté religieuse c. le respect des minorités. Se dégage ici un triple principe d'égalité de droits politiques, et de respect des consciences et des cultures minoritaires - dans un pays dont l'identité chrétienne est "conservée au cours des siècles". La laïcité est présentée ici comme un instrument permettant une paix véritable dans l'ordre civil, dans un pays foncièrement chrétien. Et non comme instrument de guerre contre Dieu, l'Eglise, l'identité chrétienne du pays, les consciences.

Rien à voir donc avec ce que la France ou la Conférence des Evêques de France présente comme 'La' laïcité :

- la France suit la vision schizophrène du temporel ou du matériel géré de façon autonome et athée par l'Etat,

- les évêques de France sont à la remorque de ce mouvement : s'ils s'alarment des pressions pour réduire leurs prises de parole publiques, ils ne comprennent plus la nécessité de la Royauté sociale du Christ. Et ils oppriment les "cultures minoritaires" dont la mémoire vivante puise à une Tradition qui n'a pas fait table rase du passé.

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