Phénomènes mystiques extraordinaires
IV. Abstinence prolongée
1521. Il y a des Saints, surtout parmi les stigmatisés, qui ont vécu sans prendre d'autre nourriture que la sainte communion, pendant plusieurs années. Le Dr Imbert-Goubeyre signale, en particulier, quelques cas frappants : « La Bse Angèle de Foligno resta douze ans sans prendre aucune nourriture ; Ste Catherine de Sienne, huit ans environ ; la Bse Elisabeth de Rente, plus de quinze ans ; Ste Lidwine, vingt-huit ans ; la Bse Catherine de Racconigi, dix ans... de nos jours, Rosa Andriani, vingt-huit ans... et Louise Lateau, quatorze ans » (La stigmatisation, t. II, p. 183). L'Eglise se montre très sévère dans ses enquêtes sur des faits de ce genre et exige une surveillance de tous les instants, pendant un temps notable, par des témoins nombreux et habiles à découvrir les fraudes. Ils doivent examiner si l'abstinence est totale, s'étendant à la boisson aussi bien qu'à la nourriture solide, si elle est durable, et, si la personne continue de vaquer à ses occupations. Il faut rapprocher de ce phénomène l'abstinence de sommeil ; ainsi S. Pierre d’Alcantara, pendant quarante ans, ne dormit qu’une heure et demie par nuit ; Ste Catherinede Ricci ne dormait qu'une heure par semaine.
V. La stigmatisation
1522. 1° Nature et origine. Ce phénomène consiste dans une sorte d'impression des plaies sacrées du Sauveur sur les pieds, les mains, le côté et le front : elles apparaissent spontanément, sans être provoquées par aucune blessure extérieure, et laissent couler périodiquement un sang non vicié. Le premier stigmatisé connu est S. François d'Assise : dans une extase sublime, sur le mont Alverne, le 17 septembre 1222, il vit un séraphin lui présentant l'image de Jésus crucifié et lui imprimant les sacrés stigmates ; il conserva jusqu'à sa mort ces plaies, d'où coulait un sang vermeil. Il essaya de cacher ce miracle, mais ne put y réussir complètement, et, à sa mort, le 11 octobre 1226, le prodige devint public. Depuis lors, les cas se sont multipliés. Le Dr Imbert en compte trois cent vingt et un, dont quarante et un parmi les hommes. Soixante-deux stigmatisés ont été canonisés.
1523. Il semble constaté que la stigmatisation n'existe que chez les extatiques, et qu'elle est précédée et accompagnée de très vives souffrances, physiques et morales, qui rendent ainsi le sujet conforme à Jésus souffrant. L'absence de ces souffrances serait un mauvais signe : car les stigmates ne sont que le symbole de l'union au divin Crucifié et de la participation à son martyre. L'existence des stigmates est prouvée par de si nombreux témoignages que les incroyants eux-mêmes en admettent généralement l'existence ; mais ils essaient de l'expliquer d'une façon naturelle. Ils affirment que, chez certains sujets doués d'une sensibilité exceptionnelle, on peut, en surexcitant l'imagination, provoquer des sueurs de sang qui ressemblent aux stigmates. En fait les quelques résultats que l'on a obtenus sont bien différents de ce qu'on remarque chez les stigmatisés.
1524. 2° Signes pour discerner les stigmates. Voilà pourquoi, afin de mieux différencier la stigmatisation des phénomènes artificiels qu'on provoque chez certains individus, il faut faire attention à toutes les circonstances qui caractérisent les vrais stigmates. (...)
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey,
Desclée and Co, 1923
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde