Evidemment, si "le magistrat est ministre de Dieu pour exercer la justice" un peu comme le père de famille est un reflet de la paternité divine, il peut "porter le glaive", même s'il peut exister, come le dit le pape, "des formes plus évoluées de la défense de la vie." (A cet égard et malgré notre universalisme à bon marché, l'abolition de la peine de mort ne peut être supportée que dans des sociétés elles-mêmes "évoluées" et sortant de plus en plus de la mentalité primitive.)
Le magistrat peut porter le glaive et ne pas s'en servir pour trancher une tête. Certains "attendus" de la position du pape ne laissent cependant pas d'être problématiques:
D'abord, il prend cette position parce que "Aujourd’hui, «l’opinion publique manifeste une opposition grandissante à la peine de mort." L'Eglise est-elle une démocratie religieuse où le pape décide d'après l'opinion publique, même s'il peut en appeler au "sensus fidei" pour affiner une position disciplinaire ou doctrinale? Et puis de quelle opinion publique parle-t-il ? Il me semble qu'on se trouve dans la même configuration qu'au dernier synode sur la famille. Rome reste occidentalo-centrique et répercute l'opinion publique occidentale à propos de la peine de mort, une opinion publique qu'on craint néanmoins de sonder dans un référendum décisionnaire quand on veut abolir la peine de mort, comme cela s'est produit en france.
Immédiatement après, le pape ajoute que l'opinion publique est de plus en plus intolérante à la peine de mort, même "en tant que moyen légitime de défense sociale". IL faut savoir ce que l'on veut. Ou bien la peine de mort est une atteinte essentielle à l'inviolabilité de la vie, et l'Eglise doit la condamner indépendamment de l'opinion publique, ou bien c'est un "moyen légitime de défense sociale" et ele ne peut la contester.
Mais la défense de la société n'est plus ce qui est visé par la peine à en croire le pape. La peine doit viser "la réhabilitation du délinquant".
Or si le pape a raison de dire que la peine de mort ne rend rien à la victime et "attise la vengeance",la justice ne doit pas plus venger la victime que réhabiliter le délinquant,
Plus grave, la peiene doit lui laisser "un espoir" sans rapport avec l'espérance.
Enfin, il y a sinon méprise, du moins malentendu entretenu quand la sale de presse du vatican résume ainsi ce que le pape pense du: "Tu ne tueras point", Je la cite: "Le Pape le rappelle, le commandement «Tu ne tueras point» a «une valeur absolue» et s’applique à la fois «à l’innocent et au coupable».
Le commandement "Tu ne tueras point" a acquis une valeur absolue. Mais à l'origine, il ne s'appliquait, comme "Aimez-vous les uns les autres", qu'à l'intérieur de la communauté, à l'exclusion des ennemis intérieurs et extérieurs. Les enemis extérieurs étaient ceux à qui dieu, au chapitre suivant, demandait d'ôter la vie jusqu'au dernier. Et les ennemis intérieurs étaient tous ceux qui ne respectaient pas la loi
et risquaient de rendre la société impure en la contaminant.
La valeur absolue qu'a prise ensuite l'interdiction de tuer relève d'une "forme plus évoluée de défense de la vie", comme l'extension de l'amour que l'on doit se porter entre disciples à toute l'humanité relève d'une compréhension plus inclusive de l'amour du prochain.
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