J'ai longtemps cru (je connais ce petit bout de film depuis quelques années) qu'il s'agissait - en quelque sorte une anomalie - d'une simple missa cantata du Pape, sans diacre et sous-diacre, mais seulement avec 5 assistants en tenue de choeur (et deux chanoines supplémentaires pour le lavement des mains à l'offertoire), mais il est beaucoup plus vraisemblable comme vous le dites que c'est une messe basse du Pape.
Dans ce cas les bouts de chorale, probablement de la Capella Giulia comme on a dit, qu'on entend à quelques reprises (et qui n'ont pas trait au moment précis de la messe dans le film, on reconnaît le Tu es Petrus, qui est normalement chanté pendant la procession d'entrée) sont dus à la composition du journaliste qui a voulu mettre un peu de musique pour varier avec ses propos en utilisant un enregistrement existant. Ou bien nous aurions une messe basse à musique, mais on n'entend pas le propre ou l'ordinaire de la messe, autant que je le puisse distinguer.
Pour en avoir le coeur net, il faudrait regarder dans la presse du 13 mai 1942, mais le site des archives en ligne de l'Osservatore romano (qui aura fait un reportage) est temporairement inaccessible, et je n'ai pas cherché plus loin ce soir. J'ignore aussi si ce petit bout de film est le reportage complet, tel qu'il apparaît sur youtube.
On voit, à partir de 2:10 environ l'arrivée à l'autel (Aufer a nobis etc.) après les prières au bas de l'autel qui sont coupées, le Pape célébrer, ad orientem, et en même temps face à la majorité des fidèles devant lui. On le voit bien quand il donne la bénédiction sans se retourner, à partir de 5:57 (nous avons droit aussi au tout début du dernier évangile, le reste est coupé), et quand il donne le sermon, improvisé, après la messe, depuis l'autel, vers 6:30.
Le grand autel papal de saint-Pierre, celui de la Confession, au dessus du sépulcre de l'Apôtre, est, on le sait, en situation très exposée : il y a du monde autour aux quatre côtés. À mon avis cela explique une certaine agitation qui caractérise les assistants : une concentration extrême est nécessaire face aux bruits autour de l'autel de tous abords. L'acoustique à cet endroit de la basilique est très résonnante, on entend la moindre parole, même à une distance de plusieurs mètres. La situation elevée et exposée de l'autel explique je le crois aussi les gestes très élancés, un peu théâtraux (mais c'est coutumier pour Pie XII), que fait le Pape pour l'offertoire : il est sûr d'être vu de loin.
Voir pour l'offertoire 3:00 à 3:10 (l'hostie) et 3:19 à 3:40 (le calice, avec In spiritu humilitatis et Veni sanctificator), après c'est le début du Lavabo, un des assistants déplace le canon pour que le Pape puisse lire le Psaume, on voit les chanoines s'approcher (je crois que ce sont des chanoines), et hop c'est encore coupé. Pour l'oblation de l'hostie le Ritus servandus prescrit "usque ad pectus eam (patenam) elevatam tenens", c'est plutôt exagéré ici, tout comme l'oblation du calice qui ressemble plus à une élévation. La préparation du calice est coupée aussi, elle a dû se faire entre 3:12 et 3:18.
Après cela toute la messe est coupée jusqu'au début de la consécration, à 3:55 nous en sommes déjà à Et elevatis oculis, avec la double élévation jusqu'à 5:23, l'assistant reprend et remet la pale sur le calice, comme vous l'avez bien dit ; après 5:24 on coupe à nouveau et nous en sommes au Per ipsum avec la petite élévation avant le Pater (jusque 5:50).
Mais malgré toutes ces coupures, la musique romantique qu'on entend continue sans interruption : c'est sûrement le film.
Et la messe s'achève, comme on a dit avec la bénédiction et le début de dernier évangile (lu du canon, encore déplacé par l'assistant), et le sermon.
À la sortie du cortège, la chorale chante le Christus vincit. Je me demande vraiment si on a pu chanter cela à ce moment.
Je crois que c'est une composition du journaliste, ici aussi.
Mais peut-être vous avez d'autres idées.