L'oeuvre de Guénon est riche.
Un converti par la lecture de Guénon m'a dit : son erreur est d'avoir été impatient, et aussi d'avoir pensé qu'en Occident il restait assez d'éléments pour refaire une vie vraiment traditionnelle, comme les Templiers pouvaient en avoir, qui avaient croisé Orient et Occident.
Il avait ajouté : le choix humain de Guénon regarde sa conscience, il a choisi les méthodes méditatives des soufis, car il a été trop déçu des limites de l'Occident du XX°. Cela regarde Dieu, cela ne change pas ce que Guénon a vu de vrai dans ce qui arrive à notre temps.
Voici ce que je viens de lire...
Fin de l'introduction de son livre paru en sept-15 :
Fondements bibliques de la métaphysique
La Tradition primordiale
Pour Guénon et tous les guénoniens, cette Tradition est le centre universel et premier dont toutes les formes traditionnelles, c'est-à-dire les religions existantes, sont des adaptations partielles ou secondaires. Cette Tradition primordiale est donc la manifestation plénière de la Vérité., supérieure à toute autre forme traditionnelle. Soit. Conformément à la méthode précédemment suivie, nous nous sommes demandé si les Ecritures chrétiennes contenaient un enseignement à ce sujet. Le réponse ne fait aucun doute. Si l’on admet que la Tradition primordiale de Guénon correspond, à certains égards, à la révélation reçue par Adam au paradis terrestre, Adam étant alors l’équivalent du Manou Hindou, le Régent primordial du cycle humain, force est d’appliquer à cette religio adamica ce que S. Paul dit du premier Adam par rapport au second, et qui ne peut aps ne pas avoir de rapport avec la nature des révélations à l’origine desquelles chacun a été : « Le premier homme, Adam, parut en âme vivante ; le dernier Adam en esprit qui fait vivre. Il n’y a pas d’abord le spirituel, mais le psychique, et ensuite le spirituel. Le premier homme, tiré du sol, est le terrestre : le deuxième homme vient du ciel. Tel le terrestre, tels aussi les terrestres ; tel le céleste, tels aussi les célestes. Et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste. » (1 Co XV 45-49). En outre, à supposer qu’on voie, dans le personnage de Melchisédech, « le Roi du monde », -comme l’indique René Guénon-, à qui Abraham rend l’hommage de l’inférieur au supérieur en offrant la dîme à ce Prêtre du Très-Haut, qui n’était pourtant pas de la lignée sacerdotale juive, et en recevant sa bénédiction, force est également de constater que, pour l’épitre aux Hébreux, c’est Melchisédech qui est « assimilé au Fils de Dieu (VII 3), et non l’inverse, c’est Melchisédech qui est la figure dont le Christ est le modèle et la réalité parfaite.
Il n’est pas question de dénier tout intérêt à l’œuvre de Guénon qui demeure, à bien des égards, d’une étonnante richesse. Au reste, cette œuvre se défend par sa propre force. Mais il s’agit de faire droit au message chrétien parlant le langage qui est le sien, qui, pour être compris, n’a pas à être retraduit dans la langue guénonienne et qui peut même, si l’on a des oreilles pour entendre, nous apprendre quelque chose qui ne se lit dans aucun livre du monde.