Messages récents | Retour à la liste des messages | Rechercher
Afficher la discussion

Léon XIII précurseur de Vatican II : “une thèse plus que contestable” de Roberto de Mattei
par Vianney 2016-05-20 20:07:01
Imprimer Imprimer

 
Yves Chiron a publié dans La Nef (n° 281, juin 2016) une recension plutôt critique du livre du professeur Roberto de Mattei sur Le ralliement de Léon XIII. L’échec d’un projet pastoral (éditions du Cerf). Recension complétée par un numéro de sa lettre Aletheia (n° 246, 3 mai 2016) consacrée au même ouvrage :

La politique dite de « ralliement » engagée par Léon XIII a suscité, dès l’origine, une controverse. Roberto de Mattei y voit un « projet pastoral » qui a échoué à l’époque mais qui se serait réalisé « avec le Concile Vatican II ». La thèse est plus que contestable. Ce n’est pas une démonstration qui s’appuierait sur des documents incontestables, c’est une affirmation née de présupposés idéologiques.
(…)
La quatrième de couverture de l’ouvrage dit qu’il s’agit d’un « livre innovant et magistral, qui s’appuie sur les Archives secrètes du Vatican ». En réalité, les références à des documents tirés des Archives secrètes du Vatican (ASV) sont peu nombreuses, et à plusieurs reprises il s’agit de citations de seconde main.
(…)
On est stupéfait par ailleurs que sur un sujet qui touche si directement à la politique française de l’époque, l’auteur n’ait pas consulté les archives diplomatiques françaises. Les rapports et les dépêches des ambassadeurs français près le Saint-Siège sont pourtant facilement consultables, au Centre des archives diplomatiques de La Courneuve ou au Centre des archives diplomatique de Nantes.


Sur le fond, la thèse défendue par de Mattei reprend, sans beaucoup de nuances, les critiques des catholiques français opposés au “ralliement” à la IIIe République. Chiron conteste cette présentation :

Le terme « Ralliement » n’a jamais été employé par Léon XIII. Il a été utilisé par ses partisans comme par ses adversaires, mais il ne correspondait pas à la pensée du Pape si on entend par « ralliement » le sens qu’on lui donne ordinairement : rejoindre une cause, un parti, un camp.

Léon XIII n’a pas demandé aux catholiques français de se rallier à la République, c’est-à-dire de devenir républicains. Il n’a pas non plus demandé aux catholiques d’adopter l’idéologie républicaine. Par trois encycliques successives, Diuturnum (1881), Immortale Dei (1885) et Libertas (1888), Léon XIII avait rappelé l’enseignement traditionnel de l’Église sur les fondements du pouvoir politique, les libertés publiques et la nature de la liberté humaine. Il était ainsi, pour la doctrine, dans la continuité de l’enseignement antirationaliste et antilibéral de son prédécesseur Pie IX.

Avec le Ralliement, la nouveauté est donc non pas dans les principes mais dans la politique menée ; non pas dans le constat qui est fait et dans le but qui est visé, mais dans les moyens employés pour atteindre ce but. Léon XIII demande aux catholiques français de s’organiser politiquement dans le cadre des institutions existantes en France à cette époque. « Il faut que les catholiques s’unissent sur le terrain légal pour défendre les idées conservatrices et de religion » disait-il.


On ne voit pas bien en quoi cette politique conservatrice aurait pu annoncer l’ouverture à gauche chère à Jean XXIII et Paul VI, et Yves Chiron n’a pas tort de contester que le but de Léon XIII ait été, comme l’imagine R. de Mattei, de “se réconcilier avec la modernité”.

Il signale à ce propos la thèse récemment soutenue à l’université de Paris-IV Sorbonne par “un jeune et brillant historien”, Martin Dumont. Tout en reconnaissant l’échec de la politique dite du ralliement, cet universitaire note que “Léon XIII, de pape libéral qu’il apparaît dans certains imaginaires, est en réalité un pontife éminemment intransigeant et politique tout à la fois, imposant dans le même temps le non expedit en Italie – l’abstention la plus complète de toute participation des catholiques à la vie des institutions existantes –, et le Ralliement en France.” (Le Saint-Siège et l’organisation politique des catholiques français aux lendemains du Ralliement. 1890-1902, Honoré Champion, 2012.)

V.
 

     

Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel. Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici. D'avance, merci !


  Envoyer ce message à un ami


 Léon XIII précurseur de Vatican II : “une thèse plus que contestable” de  [...] par Vianney  (2016-05-20 20:07:01)
      Yves Chiron a raison ! par Jean-Paul PARFU  (2016-05-20 20:55:43)
          Il n'en demeure pas moins qu'avec une par Adso  (2016-05-20 21:55:12)
              Naïveté certes... par Vianney  (2016-05-20 22:51:59)
                  Je vous rejoins par Ennemond  (2016-05-20 23:14:23)
                      Roberto De Mattei montre la contradiction de Léon XIII par Abbé Claude Barthe  (2016-05-21 10:11:20)
                          Certes Monsieur l'abbé par Jean-Paul PARFU  (2016-05-21 10:34:33)
                              Le cardinal Pie comprit l’intention de Léon XIII par Vianney  (2016-05-21 12:02:23)
                              Autre chose la forme du régime, autre chose son essence par Abbé Claude Barthe  (2016-05-21 14:28:28)
                                  C’est précisément là... par Vianney  (2016-05-21 16:37:32)
                                  Léon XIII a peut-être manque de prudence par Jean-Paul PARFU  (2016-05-21 19:40:08)
              Ralliement = substitution ches les catholiques français d'une nouvelle classe d [...] par Presbu  (2016-05-21 19:46:47)
                  L'aspect sociologique est primordial dans cette affaire par Jean-Paul PARFU  (2016-05-21 20:55:48)


140 liseurs actuellement sur le forum
[Valid RSS]