Bonsoir Regnum Galliae,
1. Je prends appui sur la dernière phrase de votre message :
"Il est dommage que le concile n'ait pas précisé cet aspect des choses car beaucoup ont cru qu'il s'agissait de donner la même liberté aux autres religions, ce qui serait inadmissible."
2. Or, je me trompe peut-être, mais à mes yeux, dans DH, il s'agit bien de prôner la même liberté pour toutes les religions.
3. En quel sens ?
A mon avis, et sauf erreur de ma part, Dignitatis humanae a bel et bien une portée et une visée universelles, en ce que cette déclaration prône vraiment la même liberté pour toutes les religions, au sens de : la même exemption de contrainte (notamment et surtout) étatique, en matière religieuse, au bénéfice et à destination des croyants de toutes les religions ET des incroyants.
4. En ce sens, qui n'est que l'un des sens, juridico-politique, de la notion de liberté religieuse,
a) le droit à la liberté religieuse comporte
- le droit à la liberté de conviction, d'expression, de réunion,
mais aussi, me semble-t-il,
- le droit à la liberté d'éducation et d'orientation des enfants,
en matière religieuse ;
b) le droit à la liberté religieuse est comparable au droit à la liberté politique, et est équivalent à l'une des libertés publiques.
Je ne dis pas que "ce n'est que cela, Dignitatis humanae", mais je crois que c'est, entre autres, cela.
5. A partir de là, j'évoque rapidement les déficits de précision et de prudence que comporte, de mon point de vue, cette déclaration :
- les déficits de précision, je le crois, portent sur les notions
a) de dignité de la personne humaine et de liberté de la conscience humaine,
b) de loi naturelle, conforme à la nature humaine, et de vérité objective,
ces notions, dans Dignitatis humanae, n'étant pas assez précises, ou même...pas assez présentes, pour les deux dernières d'entre elles ;
- le déficit de prudence porte sur le fait qu'au moyen de DH l'Eglise catholique s'est exprimée, pour et sur "la liberté de religion", d'une manière plus bienveillante que vigilante, en direction d'un monde contemporain qui adhère, ou croit adhérer, d'une manière inconditionnelle ou indélimitée, à "la religion de la liberté".
6. Je veux dire par là que l'Eglise catholique s'est exprimée, d'une manière manifestement pas assez précise et pas assez prudente, en direction d'un monde contemporain qui est porteur d'une "précompréhension" post-chrétienne, et même post-humaniste, de la notion de "droit à la liberté religieuse" ou de "liberté religieuse".
7. C'est la moindre des choses que l'orientation de ces imprécisions et cette imprudence, en direction de cette "précompréhension", se soit traduite par une "mécompréhension généralisée", y compris au sein même de l'Eglise, sur ce que celle-ci a vraiment voulu dire et faire de mieux, ou de moins mauvais, au Concile Vatican II, dans Dignitatis humanae.
8. C'est à cause de ce que je m'efforce d'expliquer, dans les paragraphes 5. et 7. de ce message, que je plaide, pour ma part, pour que nous parlions plutôt de la notion de "liberté responsable en matière religieuse", inspirée par une conception éclairante et exigeante de la liberté religieuse, celle-ci
- étant certainement libératrice, sur le plan juridique, et n'ayant pas à être libératoire, sur le plan spirituel,
mais
- étant également responsabilisante, pour les individus comme pour les institutions, compte tenu du fait qu'elle ne peut être bien prise en compte, bien mise en oeuvre, que dans la recherche puis le respect du bien commun, de la loi naturelle, de la personne humaine, et de la vérité objective.
Enfin, je plaide en faveur de la notion de "liberté responsable", en matière religieuse, dans l'espoir de pouvoir montrer ainsi que cette "liberté responsable" est située aux antipodes de la confusion contemporaine entre liberté et licence, en matière religieuse.
Confusion contemporaine bien aperçue par Léon XIII, dans Libertas, dès 1888, mais dont on ne parle presque jamais...
Je vous souhaite une bonne fin de soirée.
Scrutator.